Lors de la visite technique du 16 juin dernier, chez André Pinatel, aux Mées, les participants ont pu découvrir l’intérêt de la taille en vert, illustré dans des vergers en 2e et 3e feuille. (© CA13)
En amandier, comme pour tout verger, la formation des jeunes arbres conditionne le rendement, notamment sur les premières années de production. Pour illustrer cette règle, le 16 juin dernier, à l’initiative de Jean-Michel Montagnon, conseiller en amandiculture à la Chambre d’agriculture 13, une visite de plusieurs vergers de jeunes amandiers a permis de montrer tout l’intérêt de la taille en vert, pour obtenir une production rapide et importante. Cette visite s’est déroulée aux Mées, dans la vallée de la Durance, au nord de Manosque où l’amandier retrouve aujourd’hui une place de choix dans le panel de production.
Ces jeunes vergers – épargnés par le gel d’avril 2021 et qui affichent un (très) bon potentiel de production dès la 3e feuille – sont gérés par André et Frédéric Pinatel. “La taille en vert nous a vraiment aidés à obtenir ce bon potentiel de production en 3e feuille. Mais il faut avant tout respecter les bases d’une plantation réussie“, explique Virginie Eymard, responsable technique du domaine, en faisant visiter le verger, vigoureux et bien équilibré – avec quatre charpentières en moyenne par arbre – et où les branches ploient sous le poids des fruits.
Parmi ces bases, il y a la qualité des scions, qui doivent être rectilignes et de gros diamètres. Des scions qui seront également greffés haut, afin de disposer de la place suffisante permettant de positionner le point de greffe à 10 cm du sol. Ces demandes sont connues et généralement satisfaites par les pépiniéristes, mais il est très important de les valider avec son fournisseur.
La vigueur des arbres a également été abordée le 16 juin. Elle nécessite une protection rigoureuse contre les adventices envahissantes que sont les chardons, chénopodes, amarantes, mauves, morelles... qui peuvent concurrencer une jeune plantation, voire la bloquer complètement. Elle est aussi naturellement la résultante d’une bonne maîtrise de la fertilisation et de l’irrigation. Sur ce dernier point, la présence de sondes tensiométriques sur le verger visité a permis de rappeler tout l’intérêt de ces outils. Simple et localisé, leur fonctionnement est assez basique – même si des versions connectées sont aujourd’hui proposées –, mais l’information contextualisée sur la tension en eau du sol, à chaque mesure, est indispensable à une irrigation réellement maîtrisée. En effet, en amandier, rappelons que le trop d’eau peut avoir des conséquences encore plus dramatiques que le manque d’eau.
En synthèse, la réussite d’une plantation d’amandiers tient essentiellement en un mot : anticipation. Anticipation pour négocier des scions de qualité et disposer des variétés souhaitées, anticipation pour un sol bien préparé – un profil cultural permettra notamment de préciser si la décompaction s’impose –, anticipation pour pouvoir installer l’irrigation ou la fertirrigation dès le mois de mars...
Sélectionner quatre à cinq futures charpentières
La taille en vert des jeunes amandiers se fait dès la première feuille, entre mai et juin selon la vigueur des jeunes pousses. À ce stade, la priorité est de choisir les quatre à cinq futures charpentières et de les épointer pour les rigidifier, notamment sur des variétés au bois très souple comme Lauranne®. Sélectionner des rameaux vigoureux et droits est primordial car, en amandier, une branche légèrement couchée ne se redresse pas. Les quatre à cinq rameaux choisis doivent être bien répartis pour occuper l’espace, l’idéal étant d’avoir deux fois deux branches opposées. Si l’on ne dispose que de une à deux branches droites et vigoureuses par arbre, mieux vaut les rabattre pour générer une nouvelle ramification.
Le fait de ne laisser que quatre à cinq futures charpentières par gobelet est un choix assumé : cela permet une meilleure croissance de l’arbre, car l’énergie n’est dispensée que dans les rameaux que l’on a choisis. Il permet aussi de favoriser une bonne pénétration de la lumière dans le bas de l’arbre. En effet, l’amandier est ultrasensible au dégarnissement des rameaux, et donc à la perte de production.
Épointer en vert dès la 2e feuille
Le choix précoce des charpentières permet, bien sûr, une croissance plus forte, mais ne suffit pas à expliquer le bon potentiel de production. Celui-ci vient essentiellement du nombre important de branches latérales sélectionnées par le tailleur. Ces branches sont réparties dans toutes les directions et occupent l’espace entre 1 mètre et 1,80 m au-dessus du sol. Elles ont l’avantage de produire beaucoup dès la 3e feuille, et garderont ce potentiel de rendement pendant des années. Le petit plus, la stratégie innovante – appliquée au domaine Salvator et chez d’autres producteurs accompagnés sur le plan technique – est d’épointer en vert ces rameaux en 2e feuille. Cela a un double avantage très apprécié : les branches ne s’affaissent plus – ce qui permet de passer avec la corolle de récolte – et la production pour l’année suivant “s’installe“ à l’arrière de la coupe.
En synthèse, la taille en vert est un outil formidable au service des amandiculteurs, même si son principal “défaut“ est d’arriver à une période généralement chargée pour de nombreuses exploitations : éclaircissage manuel, récolte de certains fruits précoces, maraîchage... mais le fait de dédier une partie du personnel – bien formé – à cette tâche sera toujours rentable. D’ailleurs, Virginie Eymard a fait ses comptes : le passage en vert sur ses arbres en 2e feuille a nécessité 13 heures par hectare. Un chiffre relativement intéressant, qui s’explique par le fait que son personnel a été formé avec des consignes claires et hiérarchisées : “Tu commences par les charpentières, puis l’intérieur de l’arbre, puis les latérales“.
Maintenir une ramification basse
Il n’y a évidemment pas qu’un seul modèle de taille en vert. D’ailleurs, la visite du 16 juin s’est poursuivie à Volonne, toujours dans la vallée de la Durance, où Laurent Richaud a planté, il y a quatre ans, des amandiers pour approvisionner son magasin de producteurs. “L’amande est attendue par mes clients, car c’est un produit local et de qualité. J’ai planté deux variétés pour disposer d’une petite gamme“, explique l’arboriculteur. Outre la variété Lauranne®, dominante dans la région, Laurent a donc également planté Ferragnès, un choix dicté par le calibre de cette variété et son excellente réputation sur le plan gustatif.
Le port de Ferragnès est plus érigé. Pour la formation, la taille en vert respecte les mêmes principes que sur Lauranne® : quatre à cinq charpentières, toping, sélection des latérales... La grande difficulté observée avec cette variété est de maintenir une ramification basse. On observe en effet très souvent des dégarnissements qui font baisser le rendement. Durant la taille en vert – mais aussi en taille d’hiver – veillez à “ouvrir“ les arbres, en privilégiant les prolongements externes, afin de favoriser le puit de lumière à l’intérieur des arbres.
Contact : Jean-Michel Montagnon, conseiller en amandiculture, Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, 06 30 51 43 99, jm.montagnon@bouches-du-rhone.chambagri.fr
Une date à retenir : le 25 septembre à Alleins
La Chambre des Bouches-du-Rhône se mobilise au niveau régional pour accompagner les producteurs dans leurs projets amandiers. Au-delà de cet appui individuel, une formation ‘Spéciale amandiers’ est organisée chaque année, en janvier, à destination des amandiculteurs ou futurs amandiculteurs. En bonus, le samedi 25 septembre, une présentation technico-économique se tiendra à la mairie d’Alleins (13), dans le cadre de la Fête de l’amande.
Contact : 06 30 51 43 99
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