SALON
Le Corum de Montpellier a accueilli 'Dégustez en V.O' pour une seconde mouture, dans cette ville de "tradition viticole", a souligné le maire et président de Montpellier Méditerranée Métropole, Michaël Delafosse. La formule devrait encore s'ajuster pour donner au salon son rythme de croisière.
Venu du Lot (Château de Haute-Serre), Loïc Reymond, responsable commercial, avait fait ses armes en Pic Saint-Loup, au Domaine du Haut-Lirou.
© Crédit photo : PhD
Des cartes des restaurants aux références des cavistes montpelliérains, les prescripteurs des vins languedociens ne manquent pas, encore faut-il encourager les contacts d'affaires. C'est ce qui a motivé la création, l'an dernier, de 'Dégustez en V.O', salon à taille humaine pour développer le réseau des 120 opérateurs ayant répondu présent lors de cette seconde édition. Malgré une période "où le discours sur le vin est un peu anxiogène", le président du CIVL (Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc), Christophe Bousquet, compte sur les soutiens des collectivités, autant financiers que logistiques, comme celui, "important", de la Région. Ce salon s'inscrit dans cet élan d'accompagnement, "en bonne intelligence avec toutes les institutions de l'Aude, du Gard et de l'Hérault".
"La présence des vins sur les tables de Montpellier n'est plus à démontrer. Notre restauration, c'est notre première caisse de résonance pour tout notre vignoble et ses vins", se félicite Jean-Benoît Cavalier, président du syndicat des Vins du Languedoc. Et comme "tous les grands vignobles de France vivent grâce à une ville", celle de Montpellier compte bien se repositionner au centre de l'échiquier viticole. Entre "l'excellence de la recherche de l'Institut Agro, et les solutions pour les vignobles du monde entier", la ville et sa métropole ont des atouts "à faire valoir", estime Michaël Delafosse. La vitrine du Salon de l'agriculture aura d'ailleurs permis "d'associer la belle identité de Montpellier autour du vin et de la gastronomie" (voir page 8). Ce fut l'occasion pour le président de Montpellier 3M de recueillir les voix d'une filière qui pèse "40 M€ à l'export pour la France, après Airbus !" Raison de plus pour encourager ce "soft power français qui demeure". Le rayonnement passera forcément par la reconnaissance internationale, en proposant une marque et un art de vivre auprès des 5 millions de touristes. "Il faut que l'on soit conquérant. Les premiers VRP, ce doit être nous." Le 'Pôle vin' de la Métropole s'inscrit dans cette stratégie, en faisant vivre économiquement une destination, par son volet commercial. Se "développer à l'international, sans s'éparpiller", tel est le défi soulevé par Roger-Yannick Chartier, délégué au mécénat et à la création d'entreprise.
Autant que d'expédier leurs vins au-delà des frontières et par-delà les mers, les domaines régionaux comptent aussi sur le circuit local. Côté Sud-Ouest, représenté par 25 exposants, le Château de Haute-Serre (Cahors) venait présenter ses cuvées issues de terroirs d'argile bleue et argilo-calcaires, dont la petite série d'IGP Côtes du Lot (chardonnay) élevée pendant neuf mois, avec bâtonnage. La première cuvée rouge 'Lucter' (Malbec de Cahors, AOP Cahors) a fait son entrée sur la carte de la Brasserie Georges à Lyon, alors que la cuvée 'Georges' (11 000 bouteilles, 30 €) va intégrer celle des Grands Buffets de Narbonne. Si les particuliers se sont montrés intéressés au stand de Loïc Reymond, responsable commercial, les cavistes se sont fait désirer.
Avec la négrette comme cépage emblématique et majoritaire de l'AOP Fronton, le Sud-Ouest joue la carte des variétés autochtones. Sur 25 ha, pour 120 000 bouteilles en production, dont l'IGP Comté Tolosan, et une partie négoce, le Château Clamens travaille à 45 % à l'export, et en France, essentiellement "sur la façade Atlantique, sans être présent ici", reconnaît Charlotte Humblot, responsable commerciale. Malgré près de 600 professionnels inscrits, elle n'a eu qu'une touche avec un caviste. L'enchaînement de nombreux salons (Millésime Bio, Wine Paris, ProWein) y est dans doute pour quelque chose.
Fort de ses 12 cuvées (AOP Terrasses du Larzac, AOP Clairette du Languedoc, AOP Languedoc, cépages oubliés), le Domaine La Croix Chaptal (Saint-André-de-Sangonis), créé par les moines bénédictins de l'Abbaye de Gellone a été repris en main par Charles-Walter Pacaud en 1999. "Un rêve d'étudiant", confie son épouse Huguette Pacaud-Chaptal. Restructuré sur 18 ha, le domaine, en HVE 3, a misé notamment sur la clairette rose ("On est les seuls à en faire en Languedoc") vinifiée en blanc, des mono-cépages (carignan) ou sur un vieil aramon de 80 ans. Touchant le CHR sur toute la France, en Belgique, et conforté par une reprise des marchés américain et canadien, le domaine est venu au salon "pour toucher plus local". L'épouse du vigneron a pu rencontrer quelques restaurateurs, "ce qui est bien".
Sur le même secteur, Julien Massebiau (Mas Biau) vinifie en propre entre 4 000 et 5 000 bouteilles sur les trois couleurs (IGP Mont Baudile, Pays d'Hérault), et le reste à la coopérative de Fonjoya à Saint-Saturnin-de-Lucian. À son compte depuis trois ans, après la reprise de l'exploitation paternelle, il compte diversifier la commercialisation, uniquement en vente directe pour l'instant. Pour sa deuxième participation à 'Dégustez en V.O', Julien cherche à évoluer et "rentrer dans les circuits courts des cavistes et des restaurateurs. Avec 25 ha, il y a de quoi faire."
IL a dit -
Christophe Bousquet : "Le choix de la marque collective Languedoc ne me fait pas oublier l'identité de chaque appellation."
© Crédit photo : FG
"Aujourd'hui, on a besoin de moyens d'accompagnement pour se développer, mais quoi qu'il arrive, il y a 3 Mhl de trop en Languedoc." Entre la replantation différée ou l'arrachage "qui n'a rien résolu", et qui ne font que "repousser le problème", les dispositifs à instaurer ne devraient l'être qu'à une échelle encore plus ciblée que par bassin de production, estime le président du CIVL. En raison des sur-stocks dus à la mauvaise année 2021, "on ne vend que 9 à 10 Mhl sur 13 Mhl". Or, "il faut accepter la réalité", poursuit Christophe Bousquet.
Quant à la demande de distillation de crise, à titre exceptionnel, elle concerne surtout les stocks en cave, mais "ne règle pas le marché". Réaliste, ou fataliste, le président a proposé en Conseil de bassin viticole Languedoc-Roussillon, de procéder à des arrachages à la retraite de vignerons, compensés par des primes, "pour qu'ils partent plus sereins". Car "on ne va pas trouver 30 % de repreneurs".
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