Patricia Di Pelino dirige l’exploitation avec son époux. Leur fils les rejoindra l’an prochain (© J. Dukmedjian).
Le chiffre est aussi implacable qu’inquiétant : d’ici à 2030, 48 % des chefs d’exploitation auront atteint l’âge légal de départ à la retraite selon l’estimation de la MSA. La question est surtout épineuse pour les agriculteurs dont les enfants ne souhaitent pas reprendre l’exploitation. Dans le cas de Patrice et Patricia Di Pelino, un couple de maraîchers implanté à Eyguières, le choix a bien failli se profiler. “Le métier ne m’attirait pas spécialement, il y a dix ans en arrière. J’ai suivi, à l’époque, mon épouse dans l’ouest de la France, dont elle est originaire. Et j’y ai démarré une carrière dans l’industrie sidérurgique“, raconte Cédric, leur fils. Au fil des années, l’idée d’un retour aux racines familiales s’est pourtant dessinée dans son esprit, en même temps que celle d’une reconversion vers l’agriculture. “Plus j’y pensais, et plus cela s’imposait comme une évidence : cela répondait à une envie profonde et un souhait de réorientation professionnelle“, explique le jeune homme, qui connaît parfaitement le métier de maraîcher.
Pour ses parents, la décision de leur fils est un soulagement : “Mon époux a prévu de prendre sa retraite dans quelques années, et nous ne souhaitions pas vendre l’exploitation. Nous prévoyions plutôt de céder les deux hectares de serres à nos enfants“. Une solution par défaut, pour le couple, qui a créé ‘Le hangar des garrigues’, le nom commercial de leur exploitation, en 1986. “Nous avons démarré avec peu de moyens avant de nous agrandir et de nous structurer progressivement, au fil des années“, se souvient Patricia Di Pelino. Elle-même est issue du milieu agricole : ses parents, maraîchers, se sont ensuite tournés vers la distribution de fruits et légumes. Son époux était lui-même ouvrier agricole, avant de s’installer à son compte. À ses débuts, le couple s’est concentré sur la production de légumes, commercialisés via des metteurs en marché. Un premier virage s’est opéré en 2009, lorsqu’ils décident de se réorienter vers le bio. “D’une part, j’ai pris conscience que le nombre et le volume de traitements phyto étaient trop importants, même si cela permettait d’obtenir des satisfaisants. Il existait, d’autre part, une demande sur ce marché. La convergence des deux m’a convaincu de passer à d’autres pratiques culturales“, explique Patrice Di Pelino.
Une réorientation vers la vente directe
La première année qui a suivi la conversion est pourtant synonyme de déceptions. “Il a fallu revoir de fond en comble mes méthodes de travail et élargir la gamme de légumes, pour s’adapter à ce nouveau marché“, raconte Patrice Di Pelino, qui produisait auparavant des salades et des courgettes. “Nous nous sommes également aperçus que nos légumes partaient vers Rungis et, de là, vers l’Angleterre et la Belgique, alors que les magasins bio autour de chez nous proposaient rarement des produits français et encore moins locaux. C’était une aberration du point de vue écologique... Nous avons donc décidé de privilégier la vente directe, avec l’ambition de proposer aux consommateurs des produits frais, locaux et au juste prix“, se souvient Patricia Di Pelino.
Cette réorientation – vertueuse et synonyme de davantage de valeur ajoutée – a toutefois nécessité la mise en place d’une nouvelle organisation commerciale, plus chronophage. “Nous sommes présents sur les marchés d’Eyguières, Marseille et Sénas trois jours par semaine, et nous accueillons les clients le vendredi à l’exploitation“, détaille Mme Di Pelino. Sur ce dernier point, le couple a choisi de se démarquer du système des Amap, où l’adhérent paie en avance des paniers, sans droit de regard sur leur contenu. “J’annonce chaque semaine aux clients les légumes proposés à la vente. Ils peuvent commander, par SMS, jusqu’au jeudi, comme dans un magasin physique, sans restriction de quantité minimum.“
Une offre commerciale élargie
Pour se démarquer par rapport à ses concurrents, ‘Le hangar des garrigues’ s’est positionné sur le créneau de l’ultra frais, avec une gamme réduite de légumes (une quinzaine par saison) cueillis le matin et proposés à la vente le jour même, “à des prix à peine supérieurs à ceux du conventionnel et inférieurs à ceux des magasins spécialisés en bio“. Avec l’arrivée prévue, en 2023, de leur fils Cédric, sur deux hectares, le couple prévoit d’élargir l’offre commerciale avec de nouvelles variétés de légumes, des fruits et des œufs frais, le tout en bio. Un élevage de 150 poules pondeuses devrait voir le jour cette année, ainsi que la plantation d’un demi-hectare d’arbres fruitiers (cerisiers, abricotiers, figuiers), de vignes et du raisin de table. Deux variétés fraises (Dely et Cléry) choisies pour leurs qualités gustatives et des pommes de terre primeur ont aussi été mises en culture, pour la première fois, cette année. “L’arrivée prochaine de Cédric nous apporte beaucoup d’énergie, de nouvelles idées, tout en nous obligeant à une remise en question de nos pratiques“, s’enthousiasment ses parents. Un bâtiment – destiné à accueillir un magasin de producteurs – est également en phase de finalisation. “Il nous permettra de commercialiser notre production et celle d’éleveurs des environs : viandes, produits laitiers...“, se réjouissent Patricia et Patrice Di Pelino, dont l’ambition est de capter une partie de la clientèle touristique qui vient, chaque été, dans les Alpilles.
Julien Dukmedjian
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