France 11/02/2022
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 FNCUMA

"Révolutionner l'agriculture passera par le collectif"

La FNCuma va publier, le 15 février, un livre blanc, “Faire ensemble", conçu à partir des propositions de ses adhérents, sondés lors d'une grande consultation publique. Revue de détail des principaux enseignements de la consultation avec son président, Luc Vermeulen.

Luc Vermeulen : "On milite pour être référencés dans l’enseignement et les parcours d’installation, car, aujourd’hui, notre modèle coopératif n’est ni identifié ni reconnu dans ces secteurs."

© Crédit photo : FNCuma

Quelles sont, dans les grandes lignes, les propositions recueillies lors de la grande consultation ?

Luc Vermeulen : "Les propositions des agriculteurs s'articulent autour de quatre grands axes : la mécanisation responsable avec la triple performance sociale, économique et environnementale ; révolutionner l'agriculture par les initiatives de terrain ; faire émerger de nouveaux modèles coopératifs ; et la dynamisation du lien social et sociétal avec l'agriculture. Soit autant de propositions qui nous ont confortés dans les fondamentaux de notre modèle coopératif autour de la mutualisation de la machine, et les hommes autour de la machine. La dimension humaine et sociale est également fortement ressortie.

Enfin, ce qui ressort, c'est que tous ont la conviction profonde que révolutionner l'agriculture passera par le collectif. Or, nous en avons déjà fait la preuve puisque, depuis notre création, en 1945, nous avons su nous remettre en cause face aux évolutions de l'agriculture, en permettant aux exploitations de s'adapter à de nouvelles productions et valeurs ajoutées, ainsi qu'à des contextes différents. En cela, notre modèle est des plus modernes. On installe des jeunes et on arrive à répondre aux défis du moment. Partout où on est, on est sur des dynamiques de solutions. Le collectif est donc pertinent."

 

À propos de votre modèle coopératif, pouvez-vous nous en dire plus ?

L.V. : "Nous avons un modèle coopératif qui est axé sur la mutualisation des moyens agricoles autour des machines dans les exploitations. Aujourd'hui, la machine représente plus de 30 % des charges d'exploitation. L'attente des agriculteurs, c'est que l'on continue à déployer ce modèle pour renforcer la maîtrise des charges dans les exploitations. Un autre axe fort est celui autour du partage d'expériences, de la capitalisation et de l'innovation, en lien notamment avec les pratiques agroécologiques et les GIEE.

Par ailleurs, tout un travail s'est mis en place autour d'un nouveau modèle coopératif, à savoir des agriculteurs qui ont fait la démarche du faire ensemble avec la machine, mais qui vont plus loin en développant des circuits courts, des magasins de producteurs, voire des moyens de commercialisation en collectif, autant de formes qui dépassent le statut Cuma. Cela nous interroge donc sur la nécessité de développer de nouveaux modèles coopératifs permettant de continuer à accompagner les agriculteurs dans la transition.

L'autre attente de nos adhérents est celle du lien avec le territoire, par le biais d'alliances avec tous les acteurs présents de l'économie sociale et solidaire afin d'apporter des réponses aux problématiques du territoire. À cela s'ajoute la dimension sociale du modèle coopératif. En effet, les agriculteurs en Cuma partagent des projets, mais aussi leurs difficultés, ce qui leur permet de sortir de leur isolement. Nous sommes convaincus que les groupes sont des vecteurs de lutte contre la problématique du mal-être au sein du monde agricole. Il nous faut, par conséquent, continuer à travailler sur de nouvelles modalités de coopération."

 

Quelles sont ces nouvelles modalités de coopération sur lesquelles vous travaillez ?

L.V. : "L'axe fondamental du modèle reste la mutualisation de la machine. On va donc renforcer celui-ci, car c'est une attente forte des agriculteurs, et d'autant plus forte aujourd'hui avec l'évolution du prix du matériel, qui devient inaccessible en individuel. Pour ce faire, il faut continuer à défendre le soutien à l'investissement, qui passe par des politiques publiques, mais que nous souhaitons orienter davantage vers les attentes sociétales et environnementales. L'idée est de mettre en adéquation les soutiens publics avec les attentes sociétales.

L'autre levier important est le renouvellement des générations. Un sujet sur lequel nous ne nous étions pas positionnés jusqu'à présent, alors que l'on voit bien que, là où se trouvent des Cuma, des jeunes s'installent par le fait qu'on dilue la charge de mécanisation, mais aussi parce qu'il y a le groupe qui les accompagnent dans leur parcours. C'est un enjeu fondamental par rapport à la pyramide des âges, car, dans 7 à 8 ans, 50 % des agriculteurs vont quitter le métier. Or, nous, nous défendons une agriculture à taille humaine et des exploitations présentes en nombre sur tout le territoire. Nous sommes en effet persuadés que l'avenir de l'agriculture passera par cette présence importante des agriculteurs, seule à même de préserver un tissu rural fort et d'assurer la souveraineté agricole et alimentaire de notre pays." 

Avec la prise en compte de ces nouvelles problématiques et attentes des agriculteurs, le statut des Cuma va-t-il évoluer ?

L.V. : "Le socle fondamental ne bougera pas. Pour construire une entente et une coopération dans le temps, il faut des règles. Et les Cuma ont fait la preuve que nos bases sont solides au vu de notre longue histoire. Ceci étant, notre souhait est d'avoir une plus grande agilité avec le statut coopératif des Cuma, en raison des lourdeurs administratives auxquelles nous sommes confrontés. On doit pouvoir faire évoluer les choses pour apporter plus de souplesse aux adhérents et responsables de Cuma.

Outre ce socle de base, il en faudra un autre avec l'émergence des nouvelles formes coopératives sur lesquelles on travaille. Lors de la grande consultation, il a été notamment pointé la nécessité d'ouvrir le sociétariat des Cuma à d'autres acteurs que les agriculteurs (EPCI, associations, entreprises de l'économie sociale et solidaire).

Enfin, l'autre volet concerne la reconnaissance de l'agriculture de groupe dans les modèles juridiques, car, elle ne l'est pas automatiquement dans les politiques publiques mises en œuvre. Ainsi, dans le plan de relance, nous n'étions pas initialement identifiés. L'agriculture de groupe, quel que soit son modèle juridique, doit être soutenue. Cela avait déjà été travaillé dans le cadre des travaux d'Egalim 1, mais la demande a été retoquée par le Conseil constitutionnel, sans que l'on sache pourquoi. C'est un sujet que nous défendons dans notre livre blanc, en espérant être entendus."

Quelles sont les autres demandes que vous souhaitez présenter aux politiques en campagne ?

L.V. : "Pour favoriser la résilience des exploitations et assurer leur pérennité, on propose que soit créé un crédit d'impôt mécanisation collective. Une autre demande porte sur l'encouragement à l'acquisition d'agroéquipements climato-compatibles au travers d'une déduction fiscale de 40 %. On souhaite aussi qu'un diagnostic de mécanisation soit systématique à toute nouvelle installation. Toujours autour de la machine, on voudrait un soutien sur le reconditionnement du matériel agricole pour donner une seconde vie aux équipements. Par ailleurs, on voudrait que soit donnée une nouvelle ambition aux GIEE avec des soutiens publics plus importants.

On désire, de plus, aller plus loin dans le développement de l'emploi partagé, avec un soutien ciblé aux initiatives collectives. D'autres points concernent l'Erasmus rural en agriculture, dans lequel on voudrait s'inscrire, et la nécessité de faciliter l'inclusion des agriculteurs dans les Programmes alimentaires territoriaux. On veut aussi décliner le modèle Cuma dans des projets collectifs avec les habitants pour développer le faire ensemble. Enfin, on milite pour être référencés dans l'enseignement et les parcours d'installation, car, aujourd'hui, notre modèle coopératif n'est ni identifié ni reconnu dans ces secteurs. Or, là où des jeunes s'installent en Cuma, ça marche. Et l'installation des jeunes est un sujet majeur.

Propos recueillis par Florence Guilhem   •

 ZOOM sur…

La grande consultation nationale publique

Lancée par la FNCuma, du 21 septembre au 21 novembre derniers, en partenariat avec la plateforme Make.org, la grande consultation nationale publique avait pour objectif de recueillir les attentes des agriculteurs en Cuma par rapport au modèle coopératif qui est le leur, et les évolutions qu'ils souhaiteraient y voir apporter. "Cette démarche s'inscrit aussi dans notre projet politique, à savoir d'être beaucoup plus visible sur les problématiques de transition agroécologique et le renouvellement des générations", indique le président de la FNCuma, Luc Vermeulen. Une seule question était posée lors de cette consultation, à savoir, "Comment les Cuma peuvent-elles aider à mettre en œuvre l'agriculture de demain ?". 11 700 agriculteurs ont participé à la consultation. Au terme du questionnaire, 350 propositions ont été sélectionnées, puis soumises au vote. 

75 000 personnes ont participé au vote. C'est à partir de ces propositions que la FNCuma a écrit son livre blanc, "Faire ensemble", qui sera présenté pour la première fois au SIA, puis diffusé auprès des candidats aux élections présidentielle et législatives.

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