PACA 20/01/2023
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pomme

20 centimes de plus, ou la clé sous la porte !

L'année débute seulement, mais la crise ne fait que s'accentuer. Le couteau sous la gorge, ce sont des arboriculteurs désespérés qui manifestaient samedi 14 janvier. Sans une diminution des marges des intermédiaires, petites et grosses structures de la pomme se disent condamnées.

Sans trop bloquer la circulation, les agriculteurs misaient sur un coup médiatique pour se faire entendre.

© Crédit photo : ML

Pris en étau, les arboriculteurs - qui subissent depuis déjà plusieurs mois une situation délicate - sont sortis de leurs vergers samedi 14 janvier, en réponse à un appel à la mobilisation nationale lancé par l'Association nationale pomme poire (ANPP). "Depuis plus de six mois, les distributeurs restent sourds à la demande de hausse de prix de vingt centimes d'euros le kilogramme pour faire face à l'explosion de nos coûts de production. Pire, aujourd'hui nos pommes sont payées moins cher que sur la période 2018-2021", évoquait l'association.

Dans le Vaucluse, le Maine-et-Loire, la Haute-Vienne, le Tarn-et-Garonne et les Hautes-Alpes, des arrachages de vergers et des opérations de stickages en grandes surfaces étaient ainsi menés samedi dernier. À Avignon, près de 80 agriculteurs membres de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs - venant du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône, du Gard, de l'Hérault, de l'Ardèche et des Alpes-de-Haute-Provence - se sont ainsi retrouvés pour se faire entendre.

"Il y a urgence", souligne Sophie Vache, présidente de la FDSEA de Vaucluse, aux côtés de Patrice Vulpian et de Jérôme Mazely, de la FDSEA 13 (lire ci-contre). Alors qu'autour d'elle se rassemblent les arboriculteurs : "La demande date déjà d'il y a plusieurs mois, mais la grande distribution et les metteurs en marché refusent d'entendre le cri d'alerte des producteurs. Aujourd'hui, stocker les pommes dans les frigos coûte plus cher que cela ne rapporte à la vente ! Cette hausse de vingt centimes ne viendrait même pas se répercuter sur le prix final, il faudrait vraiment que les intermédiaires baissent leurs marges. Non seulement c'est supportable par tout le monde, mais en plus, si rien n'est fait, c'est l'avenir de la filière qui est remis en cause".

Un malaise croissant

Parmi les présents, peu de Jeunes agriculteurs, mais pas par manque de soutien, comme l'explique Paul Coynel, pomiculteur au Thor et vice-président du syndicat départemental : "Nous sommes peu de JA, simplement parce qu'il y a de moins en moins de jeunes en arboriculture. Ça prouve bien le malaise qui domine sur la filière". Bien que rejointe par des délégations des Bouches-du-Rhône, de l'Ardèche, l'Hérault ou encore les Alpes-de-Haute-Provence, la troupe pourrait, dans son ensemble, paraître peu nombreuse, "mais il faut noter qu'il y a au moins une personne de chaque structure arboricole du département. Grosse ou petite", poursuit-il, soutenu dans ses propos par une délégation des JA 13 à ses côtés.

Également gérant d'une station de conditionnement, il souligne l'urgence absolue de la situation : "Le fonctionnement et la hausse de l'énergie nous rendent la tâche plus que compliquée. Nous vendions déjà à perte avant. Mais ces nouvelles augmentations sont un coup de massue. Des structures vont fermer dès cette année. Personnellement, si je passe 2023, sans changement je tombe l'année prochaine".

L'inquiétude prédomine, alors que l'arrachage a déjà commencé dans certains secteurs. "Il faut garder notre autonomie alimentaire tant qu'on le peut ! L'État nous le demande sans cesse et, pourtant, ce sont des signaux contraires qui sont envoyés", dénonce Olivier Curel, arboriculteur sur la commune de Lagnes. Avant d'aller rencontrer la préfète de Vaucluse, Violaine Demaret, les agriculteurs vauclusiens ont ciblé leur action dans les magasins avignonnais.

Dénoncer les marges abusives

"Si on se retrouve aujourd'hui, c'est pour dénoncer les marges abusives des intermédiaires. On ne demande pas aux consommateurs de payer vingt centimes supplémentaires. Tout ce qu'on veut, c'est une juste rémunération de l'ensemble des acteurs : il y a de quoi pour payer tout le monde", affirme Paul Coynel. À ce jour, la production du kilogramme de pommes est estimée à un coût de 50 centimes pour le producteur, kilo pour lequel il n'en perçoit que 30 à la vente.

Pas question de se payer plus donc, seulement d'assurer l'amortissement des charges qui n'ont fait qu'augmenter ces derniers mois, voire années. "Quand on voit combien nous sommes payés, alors que les prix sont exorbitants sur les étals, on est obligé de dénoncer", ajoute Olivier Curel. À Auchan Mistral 7, il colle de petits stickers sur lesquels sont inscrits les mots suivants : "Producteurs dépouillés jusqu'au trognon #PaieTonProducteur".

À coups de tracts distribués et d'explications lancées aux consommateurs, la sensibilisation fait son chemin. Quelques centaines de mètres plus loin, à Lidl, le message passe moins bien auprès du personnel, peu ravi de voir un groupe d'une quinzaine d'agriculteurs faire irruption dans le magasin. Mais les acheteurs sont réceptifs. "Aujourd'hui il y a deux personnes qui se font voler..." commence l'arboriculteur. "Vous et nous", lui répond une cliente.

Tous se sont ensuite rendus à la préfecture. Les bennes des tracteurs symboliquement déversées sur le boulevard Limbert, une délégation de la FDSEA a été reçue par la préfète. Après lui avoir rappelé la situation au niveau des prix et demandé un meilleur contrôle face aux francisations sur les étals, l'organisation d'une réunion avec le secteur de la distribution a été actée.

"Il nous a été assuré que le préfet de région, Christophe Mirmand, se chargerait au plus vite d'organiser une rencontre régionale courant février", rapporte Sophie Vache, qui confie également que, sans changement dans les prochaines semaines, le"Name & shame"- à savoir la dénonciation publique des grandes enseignes ne proposant pas des prix justes aux producteurs et aux consommateurs- serait la règle dès février, et s'accompagnerait de nouvelles mobilisations. 

Manon Lallemand •

IL a dit-

Jérôme Mazely, membre du bureau de la FDSEA 13 et responsable de la commission 'Environnement'

© Crédit photo : FDSEA 13

"On nous achète les pommes entre 20 et 30 centimes le kilo. Pour être à l'équilibre, il nous faudrait des prix de 45 à 50 centimes du kilo. Nous voulons une revalorisation du prix de vente de 20 centimes au minimum, sachant que l'on exclut dans ces revendications l'augmentation des intrants et de l'électricité, deux postes qui plombent pourtant nos coûts de production.

Nous dénonçons par ailleurs la non-application de la Loi Egalim et le double discours de certains acteurs sur leur engagement vis-à-vis de l'agriculture française. La souveraineté alimentaire n'est qu'un titre en tête des journaux. Mais les conséquences de cette politique et de ce contexte d'inflation sont très lourdes pour nos exploitations. Les producteurs préfèrent arracher, ce qui risque de contribuer à déstabiliser d'autres filières".

Céline Zambujo •

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