conduite du melon
La culture de melon, majeure dans le Sud-Est, connaît une pression sanitaire importante et variée, quels que soient le contexte pédoclimatique et le créneau de plantation. Face à la pression sociale et environnementale, les stations d'expérimentation cherchent à proposer aux maraîchers des conduites résilientes, limitant le recours aux produits phytosanitaires, tout en garantissant un rendement économique et l'obtention de produits de qualité.
Le travail s'effectue à l'échelle de la culture, et plusieurs leviers multifactoriels techniques sont évalués dans le cadre de ce projet Écophyto 'Agrecomel'.
© Crédit photo : CZ
La transition agroécologique nécessite de mettre en musique plusieurs instruments en même temps. Sur melon, ce changement de paradigme n'est pas simple pour les producteurs qui doivent faire face, comme nombre de leurs homologues maraîchers, à des impasses techniques liées à la disparition de solutions efficaces et au dérèglement climatique, sans compter des réactions plantes-sols pas toujours évidentes à cerner. Dans ce cadre, et pour répondre aux attentes sociétales et environnementales visant à utiliser davantage d'outils présentant un impact atténué sur l'environnement et la santé des consommateurs, les agriculteurs se tournent vers les solutions de biocontrôle, quand elles sont disponibles.
Depuis 2018, le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) étudie des stratégies alternatives permettant de limiter l'utilisation de produits phytopharmaceutiques sur melon, dans le cadre du projet 'Agrecomel'1, en partenariat avec l'Aprel, SudExpé, le Cefel, Invenio et l'Acpel, au sein d'un projet Écophyto. "L'objectif est de mettre en place un système de culture dit 'résilient' face aux bioagresseurs, dans le but de diminuer de 100 % les Indices de fréquence de traitement (IFT) chimiques - hors produits de biocontrôle mais en bannissant les produits CMR -, sans impacter le rendement et tout en conservant une qualité de fruit, avec un objectif de 11°Brix", explique Margaux Kerdraon, en charge de ce programme.
Pour ce faire, le travail s'effectue à l'échelle de la culture, et plusieurs leviers multifactoriels techniques sont évalués. L'idée étant bien de transférer ensuite ces résultats rapidement vers les maraîchers, en mettant en place des règles de décision simples, rapides et concrètes, "afin d'intervenir au plus juste en fonction de la situation de la culture et ainsi permettre de limiter les interventions chimiques". Deux types de leviers sont activés afin d'attendre les objectifs de zéro traitement chimique :
"Ces règles de décision établies ont évolué au fil des années d'expérimentation, et sont adaptées au fur et à mesure des résultats. L'objectif est d'identifier les seuils d'intervention pour mettre en application les leviers choisis", note Margaux Kerdraon. Parmi les leviers, on peut nommer les variétés - en 2022, la variété choisie est Arkade, résistante à la fusariose et à l'oïdium -, les traitements de biocontrôle, les OAD et notamment des sondes pour mesurer la température et l'hygrométrie. "Nous avons également décidé d'utiliser le modèle 'Mildiou - bactéoriose', actuellement en suspens d'utilisation sur melon en raison d'un décalage entre ce qui est vu au champ et ce qui est préconisé. Il intègre en effet plutôt mal l'hygrométrie, et c'est pourquoi nous avons décidé de continuer à l'utiliser avec l'ajout de ces données, pour voir comment le corriger et le rendre plus pertinent."
Enfin, l'essai recourt également à deux barrières physiques : la première contre taupins ; la seconde est l'augmentorium, qui laisse entrer et sortir les auxiliaires, mais pas les pucerons et est positionné sur les foyers.
En 2019, les objectifs de réduire de 100 % l'IFT chimique n'ont pas été atteints. "Nous avons observé un début de bactériose qui a nécessité un traitement à base de gluconate de cuivre, empêchant ainsi d'abaisser l'IFT." En 2020 et 2021, aucun produit CMR n'a été utilisé, les rendements et la qualité étaient dans les objectifs visés, mais là encore, des interventions ont été nécessaires pour lutter contre le mildiou notamment, ce qui n'a pas permis de réduire l'IFT. Le souci se situe prioritairement sur la 1re cueille, en l'absence de solution de biocontrôle, car le cuivre est encore utilisé contre le mildiou. "Nous voyons bien depuis trois ans que les règles sont en train de bouger. Nous avons atteint certains objectifs, mais des points d'amélioration persistent", poursuit la spécialiste du CTIFL.
En matière d'amélioration, il faudra donc compter sur la mise en place d'autres leviers alternatifs, tels que la Protection biologique intégrée (PBI), "pas forcément simple à mettre en place en plein champ en raison du vent qui pose problème par rapport aux auxiliaires, contrairement aux milieux fermés que sont les serres et les abris", des barrières physiques, le recours à des plantes compagnes (répulsives notamment), une meilleure compréhension et analyse du risque lié au climat. "Heureusement, les rotations, l'engrais vert et les variétés résistantes suffisent ici pour contrôler la fusariose", conclut-elle.
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L'essai a été implanté sur une parcelle de 1 800 m² subdivisée en trois, afin de mettre en place une rotation de melons tous les trois ans (melon, blé, engrais verts). Seuls les produits de biocontrôle et les méthodes de prophylaxie sont autorisés. Des intercultures sont également utilisées. "La rotation est pensée pour réduire la pression des adventices, des bioagresseurs et des ravageurs, notamment les maladies telluriques, telles que la fusariose, assez problématique sur le site de Balandran", précise Margaux Kerdraon, responsable des essais 'Modes de conduite' sur melon au CTIFL de Balandran.
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