De gauche à droite : Monica, Mariline, Nathalie, Malika et Béatrice, ont constitué un groupe de femmes autour de la démarche ‘Avenir en soi’. © F. Guilhem
L'avenir en soi dans les métiers de l’agriculture, Béatrice, Malika, Nathalie, Mariline et Monica savent aujourd’hui que c’est possible pour chacune d’entre elles. Mais avant de l’envisager pour soi, c’est d’abord dans l’avenir en nous qu’elles ont cru, suivant leur conjoint dans son projet d’installation. Alors, sans hésiter, telle Malika issue du monde de l’éducation ou Béatrice de celui du bâtiment, elles ont troqué leur ancien habit professionnel pour la combinaison agricole.
Un choix qu’aucune ne regrette aujourd’hui, à l’aune du retour d’expériences que ce groupe d’agri-cultrices, constitué avec l’appui du service social de la MSA du Languedoc, évoque lors d’une rencontre organisée par la mutualité sociale languedocienne, ce mardi 8 mars, à Faugères, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.
"La place des femmes n’est pas nouvelle dans l’agriculture. Ce qui est nouveau, aujourd’hui, c’est la mise en avant de leur visibilité dans la société et leur prise de responsabilités dans les organisations professionnelles agricoles", dit en préambule Marie-Agnès Garcia, directrice générale de la MSA du Languedoc. Même si du chemin reste encore à parcourir dans leur prise de responsabilités, entre les évolutions sociétales et législatives, celles-ci ont fini par passer, aux yeux de la société, de femmes d’agriculteurs à agricultrices. Pour rappel, ce n’est qu’en 1976 que les agricultrices ont demandé une reconnaissance et un statut, qu’elles ont eu accès à la formation professionnelle agricole l’année suivante, que le statut de conjoint collaborateur n’a été créé qu’en 1999, puis limité à cinq ans depuis... cette année seulement.
"Ce qui est nouveau, c’est que si les femmes n’avaient pas le choix avant, obligées de quitter l’école et d’aller dans les champs, aujourd’hui, elles choisissent, du moins certaines", ajoute Mariline, qui a œuvré durant 30 ans en tant qu’aide à domicile dans le milieu agricole, "un métier difficile tant sur le plan physique que psychologique, mais qui donne une vraie leçon de vie". Reste que la question du droit ou non d’aller dans les métiers de l’agriculture trotte encore dans la tête de certaines. "Cela est sans doute lié à l’éducation que l’on a reçue, et dont il est parfois difficile de se défaire. La question devrait être plutôt la suivante : se sent-on capable ou pas d’y aller ?", soulève Malika.
Cette dernière question comporte, en fait, de nombreuses problématiques propres aux agricultrices : la résistance physique face à la dureté des professions agricoles ; l’articulation de la vie familiale et de la vie professionnelle ; la gestion des périodes de maternité; l’organisation du quotidien pour les familles monoparentales, mais aussi recomposées ; ou encore l’installation... "Cela a été très difficile au début pour nous, car nous n’avons pas eu d’aide à l’installation, et nous avions des enfants en bas âge. Le RSA, auquel j’avais droit, nous a permis de compléter le revenu. Trente ans après, cela va mieux car, petit à petit, nous nous sommes organisés et sommes plus engagés aujourd’hui dans la valorisation de nos produits", témoigne Nathalie, qui a diversifié ses cultures (viticulture, arboriculture et oléiculture) dans son exploitation.
Et toutes de reconnaître que lorsque les enfants étaient en bas âge, composer entre la vie familiale et la vie professionnelle, particulièrement pour celles d’entre elles vivant dans des territoires ruraux très reculés, s’est avéré quasiment impossible. Ainsi en a-t-il été pour Monica, qui confie avoir eu peu de temps à consacrer à la gestion de l’exploitation viticole. "Avec tous les trajets à faire pour accompagner les enfants à l’école et dans leurs activités extra-scolaires, les rôles ont été vite répartis entre mon mari et moi. Moi, c’était la maison et les enfants, lui, l’exploitation", raconte-t-elle. Une répartition des rôles "qui est encore toujours la même dans la majorité des cas", selon Malika. Mais "malgré tout ce que l’on doit assumer, et même si on travaille beaucoup, ce métier nous offre beaucoup de liberté pour gérer notre temps et vivre au rythme des saisons", ajoute, de son côté, Béatrice, qui s’est installée en horticulture. C’est autour de leurs passions et des difficultés qu’elles peuvent rencontrer qu’elles sont entrées dans la démarche lancée par la MSA, ‘Avenir en soi’.
‘Avenir en soi’ a été créé initialement pour valoriser les compétences méconnues par les personnes. "L’expérience menée dans ce territoire des Hauts cantons résulte de la rencontre entre un travailleur social et ces femmes qui souhaitaient s’organiser en groupe. Elles se sont engagées dans cette démarche pour pouvoir réaliser un changement personnel ou professionnel grâce au groupe. L’alchimie a fonctionné. Aussi souhaitent-elles poursuivre l’expérience", commente Christophe Boulanger, responsable du département Action sanitaire et sociale à la MSA.
‘Avenir en soi’ a "muté" en ‘Avenir en nous’ pour développer des actions communes dans et hors cadre professionnel. Pour ce faire, elles envisagent d’ouvrir le réseau, de devenir référentes pour des agricultrices qui s’installent, de rendre visible la femme en milieu rural avec des actions culturelles... Dans cette même logique, la MSA du Languedoc vient de mettre en place un numéro vert (0 800 104 042), afin de créer un espace ressources qui leur est exclusivement dédié.
Florence Guilhem
Aude
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