Lors d’un hivernage en milieu viticole bio, les premières observations laissent envisager une bonne prise de poids dans les colonies d’abeilles, ainsi que des services écosystémiques liés à l’enherbement. © JC Gutner
Le 3 décembre dernier, au Domaine du Pech d’André, à Azillanet dans le Minervois, l’ADA (Association de développement de l’apiculture) Occitanie a souhaité, pour la première fois, réunir autour de la table apiculteurs bio et exploitants agricoles disposant de surfaces certifiées en agriculture biologique, pour alimenter l’échange sur les bénéfices que chacun peut tirer d’une coopération. à l’occasion de cette session d’échanges et d’informations sur les services apportés, chacun a pu exposer les contraintes et problématiques qui lui sont propres, ainsi que les attentes qui peuvent être placées dans une collaboration.
Dans de multiples cultures, le rôle des pollinisateurs est indispensable pour la fécondation des fleurs. Selon les chiffres présentés par l’ADA Occitanie, les abeilles domestiques et sauvages contribuent ainsi à la bonne pollinisation et la fécondation de 68 % des principales cultures dans le monde.
Par le biais d’une enquête préparatoire menée auprès des agriculteurs régionaux, l’ADA Occitanie indique que 93 % d’entre eux sont intéressés par l’accueil de ruches sur leur exploitation. Ils rencontrent pourtant les plus grandes difficultés à trouver des contacts d’apiculteurs, voire à installer eux-mêmes des ruches. Le chemin semble donc parfaitement balisé pour qu’agriculteurs et apiculteurs s’entendent comme larrons en foires, les premiers fournissant de la nourriture aux abeilles des seconds, qui assurent dans le même temps la pollinisation des cultures.
Importance des abeilles pour les cultures
Pour appuyer l’intérêt de la présence d’abeilles pollinisatrices près des cul-tures, Anne-Charlotte Metz, chargée de mission filière à l’ADA Occitanie, indique que dans le cadre du projet ‘Avenir Bio’ mené en 2015 et 2016 par l’ADA Occitanie, “il a été démontré que les fleurs de tournesol visitées par les insectes voyaient leur PMG (poids de mille grains) augmenté de 11 %. De même, les différents modes de pollinisation influent sur la taille des fraises, les abeilles permettant d’y féconder un plus grand nombre d’akènes, influençant la taille finale du fruit. L’auto-fécondation donne les fraises de la 1re rangée, le vent la 2e rangée, et la 3e rangée est issue d’une pollinisation entomophile. Ainsi, les colonies populeuses ayant un grand nombre d’intercadres d’abeilles ont augmenté leur visite de 130 % sur les fleurs, entraînant une augmentation de la production de 15 % et une augmentation de la teneur en sucre des fruits. Au total, la pollinisation des pommiers par des colonies populeuses a permis d’augmenter les bénéfices des fermiers de 70 %”, déroule-t-elle pour différents types de cultures.
Pour les apiculteurs cependant, le tableau n’est pas si rose et la présence auprès de parcelles agricoles ne figure pas nécessairement parmi leurs priorités, “car il faut avoir une grande relation de confiance avec l’exploitant, qui doit respecter le programme de traitement convenu. Je ne m’y aventure plus après avoir eu des ruches fichues en l’air. Ce n’était pas nécessairement dû à l’agriculteur chez qui j’étais allé poser les ruches, mais certainement à des parcelles d’exploitations voisines. Je trouve le risque assez élevé en grandes cultures comme le tournesol et le colza”, explique Laurent Icard, apiculteur à Saint-Clément-de-Rivière (34). Pourtant, cette prestation de service de pollinisation demeure une source de revenus loin d’être négligeable pour les apiculteurs, qui apprécient l’apport de trésorerie qu’elle génère en attendant les miels et leurs ventes.
Services annexes en viticulture
En viticulture cependant, il n’y a pas d’intérêt cultural (donc économique) direct à la présence d’abeilles dans l’environnement des parcelles de vigne. C’est toutefois au sein d’une exploitation viticole que s’est déroulée la rencontre. Le Domaine du Pech d’André, conduit en agriculture biologique, a été l’un des deux sites d’expérimentation ‘Vinapi’, visant à évaluer l’intérêt de l’hivernage de colonies d’abeilles en milieu viticole bio. “Nous disposons d’un parcellaire d’un seul tenant, avec une réflexion sur la nécessaire richesse de notre biodiversité, comme nous l’avons constaté avec la présence de chauve-souris qui diminuent nettement la pression Eudémis. Nous souhaitons prendre soin de notre écosystème et avons donc accueilli un apiculteur qui veut travailler dans une perspective d’apiculture sédentaire, en exploitant les ressources polliniques et nectarifères des couverts végétaux dans et en bordure des parcelles”, présente Philippe Lelong, exploitant du Domaine du Pech d’André.
Sur le site du Pech d’André, ainsi qu’un autre situé à Popian, l’ADA a mené une étude préliminaire sur quatre ruches dans chacun des sites pour évaluer le comportement des abeilles lors d’un hivernage en milieu viticole bio. Les premières observations laissent envisager une bonne prise de poids dans les colonies d’abeilles, ainsi que des services écosystémiques liés à l’enherbement. Dès le mois de février, le bol alimentaire des abeilles se diversifie, avec une occupation dominante de la faussa roquette. “à titre d’exemple, les analyses de la première miellée obtenue au Pech d’André ont montré qu’elle avait été faite à partir de molène sinuée”, complète ainsi Philippe Lelong.
Bonnes pratiques de préservation
La diversité des ressources est fondamentale pour qu’un apiculteur maintienne son cheptel, d’où la nécessité de transhumer les ruches, “car en restant sur une seule culture, il y a un gros boum dans la miellée, avec une augmentation de population, mais qui peut être suivi d’une période de famine derrière”, appuie Laurent Icard.
L’accueil de ruches au sein d’une exploitation doit donc se raisonner au regard de bonnes pratiques qu’il est possible de mettre en place. Ainsi, le maintien ou la plantation de haies, la présence de plantes mellifères (sarrazin, trèfle, luzerne...) en zones de jachère ou en interculture, et la préservation de flore sauvage entre les rangs ou en bordure de plantation contribuent à diversifier les sources de nourriture des abeilles. Ces espaces attractifs et refuges pour les pollinisateurs doivent être exempts de traitement ou de résidus de produits rémanents issus de cultures précédentes sur la parcelle.
De même, un mode de traitement bien raisonné sur la culture, et élaboré en respect de l’activité des abeilles autour de la plante (floraison, vent, produits alternatifs...) optimisera l’activité des pollinisateurs sur la parcelle.
Olivier Bazalge
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