L'histoire commence dans un garage, un peu comme celle d’Apple, sauf que le garage n’est pas en Californie, mais à Bordeaux, et que les co-fondateurs de Cagette.net sont aux antipodes du modèle start-up, lui préférant les Scop (Sociétés coopératives et participatives), car invendables, et donc pérennes. Astucieux. François travaille en tant que bénévole dans une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Le système de commandes pour les clients n’étant pas très fonctionnel, il apporte ses compétences aux Amap pour la mise en place d’une plateforme clients performante. C’est là que Sébastien entre en scène. L’agronome, qui travaille en direct avec les producteurs impliqués dans les circuits courts, propose à son ami de créer un outil web leur simplifiant la prise des commandes et les livraisons de leurs clients, à l’échelle d’un territoire local. Cagette.net est portée sur les fonts baptismaux en 2013.
Leur modèle ? Le marché, là où se réunissent les producteurs, depuis toujours, pour vendre le fruit de leur travail. “Cagette.net fonctionne comme un marché. Chaque producteur a son compte. Il peut y mettre en vente ses produits et fixer des points de livraison. Le producteur est complètement autonome dans la gestion de sa vente. Il peut aussi constituer un groupe avec d’autres producteurs pour vendre dans un même lieu, à sa ferme, par exemple, ou ailleurs”, explique Sébastien Zülke. Chaque ferme a donc son interface en ligne et a toute latitude pour ses produits, comme pour la fixation des prix.
Comment ça marche ?
Quelques clics suffisent pour s’inscrire. Pour pouvoir rejoindre la plateforme, aucun critère de sélection n’est retenu. “Cagette.net, c’est uniquement des initiatives indépendantes. Ce sont donc les personnes à l’origine de ces initiatives, surtout collectives, qui définissent qui elles accueillent. Nous n’intervenons en aucune façon. C’est outil est entièrement pour les producteurs. Sur chaque point de retrait, c’est l’animateur du point qui donne la tendance des produits que l’on y trouve », insiste Sébastien Zülke.
Deux statuts existent pour les producteurs : celui d’invité, mais qui limite l’usage de la plateforme au réseau qui a invité le producteur, et la version pro, Cagette.pro. “Mais l’intérêt de cet outil, c’est que les producteurs se regroupent et fassent ensemble des points de vente, offrant ainsi une palette de produits plus large pour les consommateurs, et donc plus attractive. De plus, l’outil leur permet de matérialiser leurs propres réseaux de vente grâce à la plateforme et de simplifier les commandes. Ce qui permet de réduire le temps consacré à la vente pour en accorder plus à la production, mais aussi de pérenniser les débouchés”, précise-t-il. Autre intérêt : l’outil est gratuit pour les producteurs, et tout a été conçu pour qu’ils le prennent en main totalement. Enfin, last but not least, la plateforme ne prend aucune commission sur les ventes.
Pour accéder à la version pro, le producteur doit suivre une formation, qui peut être financée par les organismes de formation tels que Vivéa. La formation se fait essentiellement en ligne. Deux demi-journées ont lieu en salle. Elles sont pilotées par des producteurs, qui se servent de la plateforme. L’intérêt de la version pro : la possibilité de multiplier les ventes sur différents points de retrait, mais aussi de rejoindre des groupes déjà créés s’ils acceptent de vous accueillir. Entre les deux versions, et avant les mesures de confinement suite au coronavirus, 1 350 producteurs sur toute la France étaient actifs sur le site, et plus de 1 100 groupes de consommateurs l’utilisaient. La pandémie a, depuis, fait bouger les lignes.
À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle
Avec la fermeture des marchés et du secteur de la restauration, nombre de producteurs se retrouvent désormais le bec dans l’eau, sans aucun débouché. “Le système de drive que l’on propose avec Cagette.net est hyper adapté à ce type de situation de crise,” note Sébastien Zülke. Ce que les producteurs et les consommateurs ont intégré rapidement, puisque les demandes explosent depuis. “Depuis les mesures de confinement, on a plus de 3 000 visites par jour sur le site internet, et là, depuis trois jours (du 23 au 25 mars, ndlr), on est à 9 000 visites. Nous avons également des appels au secours des organisations professionnelles agricoles, qui cherchent des débouchés pour leurs producteurs”, indique-t-il.
Les demandes d’inscriptions sur le site explosant, la Scop a décidé de mettre en place une mesure exceptionnelle pour pouvoir accueillir tous les producteurs qui le souhaitent, depuis le samedi 28 mars. Ainsi, tous les producteurs qui veulent disposer de la version pro pourront y accéder librement, sans passer par la case formation, pour mettre leurs produits en vente en ligne, proposer aux clients de leur passer commande et créer des points retraits en mode drive. “Nous avons donc conçu un guide pratique d’urgence pour qu’ils puissent se lancer très vite et reporter leur formation à plus tard. Des vidéos tutos, des fiches techniques et des webinaires leur permettront de vendre en ligne en quelques heures”, conclut Sébastien Zülke. À crise exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Tel est bel et bien l’esprit des Scop.
Florence Guilhem
https://www.cagette.net
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