La reconnaissance en AOC ne concerne que les vins gris et gris de gris (carignan noir, carignan gris, cinsault, grenache noir et grenache gris). © Ph. Douteau
Les gardians de la manade Listel sur leurs montures Camargue et les flamants roses étaient de sortie ce 31 mars, à Aigues-Mortes. Pour la 10e édition des 'Sablissimes', les Vins Sable de Camargue n'ont pas dérogé à la traditionnelle présentation du millésime 2021, forcément particulier. Pas seulement par les stigmates du gel d'avril 2021 et de la salinité des sols de la zone, qui ont entaché la récolte en volumes, mais aussi car les récentes vendanges seront, enfin, les dernières pour l'IGP, avec l'avènement de l'AOC Sable de Camargue, attendue depuis des lustres.
Devenue au fil des ans la "capitale des vins des Sables", Aigues-Mortes est une ambassadrice de choix pour les vins de l'IGP, grâce à la mise en avant "de toute l'identité de notre région" sur les cartes des tables de 11 restaurants de la cité, a souligné Patrick Guiraud, en introduction. Comme à l'accoutumée, la Chapelle des Capucins a servi de lieu de rendez-vous pour marquer les retrouvailles des vignerons, et leurs vins bientôt sous appellation, avec les restaurateurs, hôteliers et élus locaux.
Belles acidités, nez citronné
Malgré une année 2021, qui a donné du fil à retordre aux vignerons et vigneronnes de l'aire des Vins Sable de Camargue, aux niveaux de production réduits par l'attaque du gel et les remontées de sel de plus en plus scrutées, "il faut continuer de préserver cette richesse" entretenue par les petits viticulteurs, comme les grosses structures coopératives (Sabledoc) ou les Grands Domaines du Littoral, a encouragé le président du syndicat, Patrick Guiraud. Largement mené en agriculture biologique, le vignoble des vins des Sables a, certes, manqué de raisins, mais a pu offrir aux gris et gris de gris des "robes très lumineuses avec des teintes très claires, de litchi, d'un rose pâle nacré", note l'œnologue Grégory Michel.
Présentant de "belles acidités, un nez citronné et des arômes exotiques", les vins de 2021 ont "une ampleur en bouche et une minéralité" à retenir, selon Bruno Mailliard, directeur général aux Grands Domaines du Littoral. Le millésime ayant "mis à rude épreuve tous les vignerons", il n'a pas caché son enthousiasme à présenter les fruits d'une récolte pourtant amputée de plus de 20 %, pour quelque 19 millions de cols. "Le gel survient tous les 60 ans ici, et les remontées de sel tous les 20 ans !" Comme quoi, les aléas ne s'annoncent pas au calendrier. Grâce aux pluies de juillet, la récolte a pu être préservée quant aux acidités.
Environ 500 ha ont donc été touchés par le double impact climatique et salin, et s'il est encore "trop tôt" pour tirer des conclusions sur les effets des submersions des vignes, "tout ce qui est reparti est bien reparti", observe Bruno Mailliard, qui attend encore pour y voir plus clair. Quoi qu'il en soit, tous les vignerons de l'IGP étaient déjà parés pour l'AOC, de la taille à la conduite de vignes. "C'est en quelque sorte le 'numéro zéro' de l'appellation."
AOC : enfin la reconnaissance
Depuis la formulation de la demande de reconnaissance en AOP (Appellation d'origine protégée) pour les gris et gris de gris, lancée en 2013 par le syndicat des Vins Sable de Camargue, l'AOC est "actée" annonce, soulagé, Patrick Guiraud. Conscient de l'attente, voire d'une certaine lassitude, le président a salué la nouvelle, l'appellation étant devenue "l'Arlésienne depuis presque dix ans !" Après l’étape de la consultation publique sur la délimitation de l’aire et l’examen des réclamations, le comité national de l’Inao a validé le cahier des charges de l’appellation. “On attend la publication au Journal officiel”, déclare le président, qui espère une signature du ministre “avant l’élection présidentielle”, au risque de “perdre un mois et demi”. Viendra ensuite, si tout se passe comme prévu, le passage en AOP, deux mois après la PNO (Procédure nationale d’opposition). Le seul terme protégé ‘Camargue’, “c’est nous”, appuie Patrick Guiraud, en référence à la contestation de la dénomination géographique par l’IGP Bouches-du-Rhône, qui vient d’officialiser sa demande d’IGP pour la DGC ‘Terre de Camargue’.
Du côté des producteurs, l’officialisation prochaine de l’AOC Sable de Camargue serait une locomotive, “surtout en grande distribution”, estime Laura Drivon, du Mas des Jeux (7 ha, 6 cuvées dont deux gris). “Nous sommes indépendants et vendons dans deux boutiques, à Aigues-Mortes et aux Saintes-Maries-de-la-Mer, mais si tout le monde peut y gagner, alors tant mieux !”
Le syndicat vise donc, plus que jamais, le prochain millésime sous le signe de l’appellation tant espérée, après des vendanges saumonées, version grise et grise de gris.
Philippe Douteau
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