Le tandem président-directeur du CIVP, Éric Pastorino (à droite) et Brice Eymard, a présenté la situation des Vins de Provence et les nouveaux projets de l’interprofession, le 18 octobre, à la Maison des vins des Côtes de Provence. © G. Lantes
Entre persistances de la crise sanitaire, aléas climatiques et petites récoltes, les Vins de Provence montrent un dynamisme à toute épreuve. “On vit une période qui connaît beaucoup d’évolutions. Mais le territoire provençal continue d’incarner le succès des rosés et à attirer des investisseurs, qui ont une véritable force de frappe. Au sein de l’interprofession, ma volonté est de pérenniser ce succès, en préparant l’avenir pour les générations qui arrivent, et en s’ouvrant sur l’international. Je souhaite que tout ça se construise avec la plus grande visibilité vis-à-vis des différents acteurs, et en particulier des adhérents, car la relation entre l’interprofession et ses adhérents est fondamentale“, explique Éric Pastorino, élu à la présidence du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), en juin dernier. C’est dans cet esprit que l’interprofession finalise le projet stratégique triennal, qui doit être présenté en fin d’année. Pour l’heure, les indicateurs économiques s’avèrent positifs et le millésime 2021, faute de quantité, présente une qualité prometteuse.
Un petit millésime de belle qualité
En attendant les chiffres, “la récolte a mieux terminé que ce qu’elle n’avait commencé“, estime Éric Pastorino. L’incendie, à quelques jours des vendanges, puis le gros orage de grêle sur le secteur de Pignans, sans oublier le gel printanier qui a frappé fort pour la deuxième année consécutive, ont fortement perturbé le vignoble. Mais en cette fin de vendanges, le millésime s’annonce sous de meilleurs auspices que prévus. Certes, ce sera encore une petite récolte, même si le CIVP l’espère légèrement supérieure à celle du millésime 2020, avec toutefois beaucoup d’hétérogénéité selon les secteurs. “Cela fait quatre ans qu’on est sur des niveaux bas, mais on reste dans la moyenne des dernières années. Et puis, quand on voit les estimations de FranceAgriMer qui prévoient une baisse de la production nationale de dix millions d’hectolitres, on ne s’en sort plutôt pas mal“, observe Brice Eymard, directeur du CIVP.
Car le millésime s’annonce prometteur ! Eu égard à la sécheresse estivale, l’état sanitaire du vignoble était excellent, et les pluies de fin de campagne sont arrivées à propos, tant pour la quantité que pour la qualité. Les pluies post-incendie ont notamment permis de nettoyer partiellement les raisins souillés, traités à part. “Il y a eu un énorme travail de sélection dans les caves, avec l’appui d’une cartographie précieuse mise au point par l’ICV“, indique Éric Pastorino. “Les premiers jus présentent de belles couleurs et de beaux rapports entre sucre et acidité. Les vignerons ont bien travaillé“, précise-t-il.
Vers un retour à la normale sur les marchés
Au volet commercial, les marchés des Vins de Provence restent porteurs. À fin septembre, les sorties de chai en rosé sont en hausse de 10 % pour les trois appellations des Vins de Provence. “On revient sur les niveaux de 2019. On récupère le rythme d’avant crise sanitaire. Les ventes en vrac restent stables et, sans surprise, l’export est toujours dynamique“, note notamment Brice Eymard. L’interprofession enregistre ainsi des résultats positifs sur l’ensemble de ses destinations à l’export, avec une stabilité sur les États-Unis et des progressions notables sur les pays nordiques (+24 % en Allemagne, +7 % au Pays-Bas, +9 % en Belgique) ou l’Australie (+47 %). “On voit dans les pays du nord, qui avaient l’habitude d’acheter pas cher, une tendance à confirmer. On a paradoxalement été un peu aidé par la situation sanitaire : les consommateurs ne pouvant plus, pendant un temps, consommer en restaurant ou venir en France, ont mis un prix plus élevé en magasin ; ce qui a poussé les metteurs en marché à référencer plus de vins. C’est une tendance qu’il faudra confirmer“, explique Brice Eymard.
Sur le marché français, l’interprofession enregistre un léger recul (-3 %) en grande distribution (GD). “Les conditions météo de l’été n’ont pas été favorables dans le pays, mais on arrive toutefois à trouver une certaine stabilité en GD“, analyse le directeur du CIVP. Par ailleurs, les appellations de Provence commencent à récupérer des volumes en restauration, même si Brice Eymard s’attend “à ce que le retour à la normale prenne plusieurs années“.
“Avec des prix globalement stables et des metteurs en marchés qui sont prêts à mettre le prix, on voit que nos Vins de Provence jouissent d’une belle notoriété. Malgré le contexte, la force de la marque nous permet d’être résilients, et le collectif s’en sort bien“, commente-t-il. “Notre avantage – alors qu’on s’oriente vers une baisse générale de la consommation de vin qui a déjà fait chuter le rouge –, c’est notre positionnement premium sur les rosés. Il y a 15 ans, on était le grand vignoble rosé de la grande distribution. Aujourd’hui, on est le petit vignoble premium du monde. On espère maintenant que tout pourra fonctionner à peu près normalement en 2022.“
Garder une longueur d’avance
Et le CIVP entend bien conserver son titre de référence des rosés à travers le monde, face à une concurrence de plus en plus présente. “Aujourd’hui, tout le monde fait du rosé. Mais le Provence, c’est le rosé des rosés. Si certains essayent de nous imiter, la plupart ne sont ni sur la même image, ni sur le même prix“, défend Éric Pastorino. “Nous n’avons pas de concurrent frontal. Ce qui fait la différence, c’est d’être de véritables spécialistes du rosé. Toute la chaîne est axée sur la production de rosé en Provence. Et puis, on a besoin de concurrents. Pour être leader sur un segment, il faut que ce segment existe et, tout seul, on ne peut pas répondre à toute la demande qui reste soutenue“, renchérit Brice Eymard. D’autant que certaines destinations à l’export sont à ouvrir. Notamment la Chine “où le rosé est très genré et fait l’objet d’un fort rejet de la part du consommateur masculin“, souligne Brice Eymard. Au Pays du soleil-levant, le CIVP mise, pour l’heure, sur une communication digitale. “Aujourd’hui, quand on communique sur le rosé en Asie, ce n’est pas pour envoyer des volumes, mais pour s’imposer comme la référence ‘top of mind’ (premier nom cité spontanément, ndlr). Il y a un enjeu d’image, un travail culturel important à faire.“ À l’avant-poste, les Vins de Provence travaillent à garder une longueur d’avance sur le marché du rosé. C’est dans cette perspective que plusieurs projets de coopération sont en cours. À commencer par ‘EnViProv’ qui, dans le cadre du Plan de relance, vise à accompagner la transition écologique dans le vignoble des vins de Provence. Le CIVP est d’autre part associé à la Kedge business School dans la création d’une chaire scientifique sur le rosé. “Le but est d’en apprendre plus sur le rosé sous différents angles, dont celui du consommateur et de la spectrométrie. Il s’agit, là encore, de montrer que la Provence reste leader sur tous les aspects“, présente Brice Eymard. Enfin, le CIVP construit un projet européen Interreg de promotion, avec l’appellation italienne Valtenesi. “L’idée est de parler de nos AOP spécialisées dans le rosé sur des marchés qui s’ouvrent, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique. Cela nous semble d’autant plus intéressant que Valtenesi s’est spécialisée avec une approche qui lui est propre“, explique le directeur du CIVP. Décliné sur trois ans, le programme sera officiellement lancé en janvier prochain.
Pour Éric Pastorino, toutes ces initiatives “montrent la capacité des Vins de Provence à fédérer et à s’ouvrir“, en continuant de s’imposer comme la référence incontestable du rosé.
Gabrielle Lantes
Filière vitivinicole
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