Var 24/03/2023
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Jeunes Agriculteurs du Var

Convaincre et rassembler

Qu'il s'agisse du renouvellement des agriculteurs ou des responsables syndicaux, les Jeunes agriculteurs du Var travaillent au renforcement de leur réseau et partenariats, pour défendre les métiers, les valeurs et les intérêts de l'agriculture du département.

Pour Rémi Gautier, président des JA, c'est nombreux et unis que jeunes et moins jeunes feront entendre leur voix.

© Crédit photo : GL

Ce 15 mars à La Celle, pour sa première assemblée générale en tant que président des Jeunes agriculteurs du Var, Rémi Gautier affiche clairement les ambitions de son syndicat : convaincre et rassembler autour du renouvellement des générations en agriculture, dans un département exposé à de multiples difficultés.

Dans cette perspective, le syndicat organise divers évènements récurrents - foires de Cotignac et de Gonfaron, Journée Rose de Provence, Concours de la cuvée des JA, journées du goût en milieu scolaire... - permettant de mettre en avant les métiers de l'agriculture. Cette année, les moyens de communication sont renforcés grâce à la réalisation de portraits vidéo de jeunes agriculteurs, qui ont vocation à être diffusés sur les réseaux sociaux. En parallèle, JA continue bien sûr de participer activement au Forum 'Installation-Transmission' et aux Trophées de l'installation, portés par la Chambre d'agriculture en partenariat avec les lycées agricoles du département, afin d'apporter soutien et information aux porteurs de projet.

Sur tous les fronts syndicaux

Les Jeunes agriculteurs du Var sont bien évidemment mobilisés sur de nombreux dossiers syndicaux. Parmi ceux-là, l'agrivoltaïsme est une préoccupation croissante. "Nous siégeons en CDPenaf, où nous voyons de plus en plus de projets qui, sous un prétexte agricole, ont en fait pour seul objet de produire de l'énergie. Pour nous, il est fondamental que la culture prime sur la couverture, et le revenu agricole doit être celui de la production agricole", alerte Arnaud Brémond, secrétaire général des JA 83.

La sécheresse est une autre question d'actualité suivie de près. Pour le syndicat, "il va falloir faire en sorte de pouvoir stocker de l'eau" pour l'agriculture, en évitant l'écueil des conflits d'usages.

Problématique récurrente dans le département, JA 83 est aussi mobilisé sur la question des dégâts de grand gibier. "Indemniser les dégâts est de plus en plus compliqué pour la Fédération des chasseurs, mais on doit continuer à défendre nos intérêts : il n'est pas normal que des agriculteurs, qui se protègent, ne puissent pas être indemnisés", plaide Rémi Gautier sur ce sujet.

Le Plan Loup reste par ailleurs une "vaste fumisterie" pour le syndicat. "La prédation est un sujet prédominant depuis longtemps maintenant dans le Var. Malheureusement, il y a de plus en plus de meutes, et la gestion administrative des attaques et des indemnisations est de plus en plus compliquée. C'est aux services publics de s'adapter aux besoins des éleveurs, pas le contraire", dénonce Arnaud Brémond. À ce chapitre, JA réclame notamment un comptage et un suivi des populations plus juste et plus réactif, mais aussi la prise en compte de l'augmentation des coûts de production de l'agneau sous l'effet de l'inflation, ainsi qu'un statut particulier pour les chiens de protection, dont les éleveurs ne peuvent aujourd'hui plus se passer.

Bien sûr, la préservation du foncier agricole est un enjeu incontournable. "Cela passe par un travail étroit entre nos structures, ainsi qu'avec les collectivités locales : elles aussi ont un rôle majeur dans les politiques publiques d'aménagement du territoire. Il faut préserver le foncier agricole avec l'aide de la Safer, en régulant les prix du marché, afin d'en garantir l'accès aux plus jeunes. Les zones agricoles protégées devraient être une condition sine qua non dans la rédaction des documents d'urbanisme. Il faut limiter au maximum les contraintes juridiques et administratives qui pèsent sur nos exploitations", soutient le président des JA du Var.

De manière générale, "face aux discours extrémistes d'une écologie à géométrie variable, qui n'impacte que certains, alors que tout est abondance et consommation à outrance dans ce pays, nous devons résister", plaide Rémi Gautier. Et alors que la dotation jeune agriculteur fête cette année ses 50 ans, il insiste enfin sur le "rôle essentiel" de JA dans "le pilotage des dispositifs d'installation qui se construisent collecti- vement".

Dynamique de conquête et de construction

Élue l'an dernier, l'équipe de Rémi Gautier a aussi à cœur de travailler au renouvellement syndical et de mener, dans ce but, une politique dynamique de reconquête du réseau. "Tout part du canton, lieu privilégié d'accueil des nouveaux adhérents. Nous devons convaincre les jeunes qui cherchent à s'installer, ou qui le sont déjà, de s'engager. Les convaincre de cette nécessité de représenter nos pairs, de nous défendre et de démontrer qu'en s'engageant, nous pouvons faire bouger les choses", défend le président des Jeunes agriculteurs du Var. Afin de s'adresser aux agriculteurs de demain, le syndicat met en place cette année une nouvelle carte d'adhésion, gratuite la première année pour les étudiants en formation.

L'accent est aussi mis sur la formation syndicale interne au réseau. "Jeunes agriculteurs, c'est une aventure humaine incroyable, une école de responsables unique. Aucune autre structure syndicale ne permet de se retrouver aussi vite au centre des lieux de décisions, où l'on pilote l'avenir de l'agriculture. (...) Cela a pour conséquence de se retrouver parfois très jeune et très tôt au contact de représentants, qui ont de l'expérience et qui sont aguerris aux responsabilités. Nous devons donc avoir un haut niveau d'exigence envers nous-mêmes pour arriver à nous faire entendre", souligne Rémi Gautier.

Pour les Jeunes agriculteurs, les partenariats sont aussi essentiels à la dynamique de construction qu'ils défendent. Ils entendent donc entretenir et renforcer les liens avec leurs aînés de la FDSEA et de la Chambre d'agriculture - représentés par Sylvain Audemard et Fabienne Joly lors de leur assemblée générale -, avec les différentes organisations de filière, ainsi qu'avec les politiques et collectivités du territoire. Les JA sont ainsi heureux d'avoir reçu la visite et le soutien de Jean-Louis Masson, président du Conseil départemental du Var, du sénateur, Jean Bacci, du directeur de la DDTM, Laurent Boulet, de Michel Gros, président de l'Association départementale des maires ruraux, de Jacques Paul, maire de La Celle, et d'Éric Audibert, élu en charge de l'agriculture au sein de l'intercommunalité de la Provence Verte.

"Nous avons des défis immenses à relever. Il n'y a qu'ensemble que nous pourrons y arriver", conclut Rémi Gautier. 

Gabrielle Lantes •

Diversification : une voie d'avenir

Alors que de plus en plus d'exploitations agricoles développent des projets de diversification pour renforcer leur capacité de résilience climatique, agronomique et économique, l'assemblée générale des Jeunes agriculteurs du Var est venue mettre à l'honneur trois productions qui gagnent du terrain dans le département : la pistache, la grenade et la pivoine.

Le pistachier, espèce méditerranéenne

Sur la pistache, le témoignage de Hugues Chaboud et Thomas Paul, viticulteurs du Centre Var, est venu éclairer la dynamique à l'œuvre. À la suite du gel de 2017, ils se sont orientés vers le pistachier, espèce méditerranéenne peu gourmande en intrants et résistante à la sécheresse, qui peut se cultiver sur des parcelles non mécanisables.Et les deux hommes ne se sont pas contentés d'en planter : ils ont créé une pépinière et s'attachent à développer une filière commerciale et un atelier de transformation dédié à la pistache verte émondée, une production à haute valeur ajoutée utilisée en pâtisserie, chocolaterie et charcuterie haut de gamme. Ils se sont impliqués dans ce but au sein de la filière qui se structure désormais autour de l'association 'Pistache de Provence' et du Syndicat France Pistache.

Le grenadier, résistant aux extrêmes hydriques → Rémi Revest, producteur de figue, a lui aussi fait le choix de la diversification, après plusieurs aléas climatiques. C'est pour sa résistance à la sécheresse et aux inondations qu'il s'est tourné vers le grenadier. Ses premières plantations remontent à quatre ans, et il en compte aujourd'hui 5 ha. Il fait partie d'un GIEE dédié à la culture et accompagné par la Chambre d'agriculture. La Copsolfruit est également impliquée. Les différents acteurs mobilisés réfléchissent actuellement à la création d'un outil de transformation, pour se positionner sur des marchés plus rémunérateurs et moins concurrentiels que celui du fruit frais.

Les fleurs coupées reprennent des couleurs

Enfin, Michel Gueirard, président de la Sica Marché aux fleurs de Hyères, rappelle que "la filière horticole du département est issue de la diversification d'exploitations de maraîchage et d'arboriculture". Le Var est aujourd'hui le premier département producteur de fleurs coupées de France et la pivoine, qui s'est beaucoup développée ces dernières années, est une espèce phare de la production locale. "Et il n'y a pas que la pivoine ! On produit dans le département une vingtaine d'espèces et on en fait rentrer une soixantaine de l'extérieur. On réfléchit donc avec nos partenaires, dont la Chambre d'agriculture, à voir ce que l'on pourrait produire chez nous et ce que l'on pourrait faire ensemble, pour diversifier la production", ajoute Michel Gueirad.

Gabrielle Lantes •

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