Gard, Vaucluse, Auvergne-Rhône-Alpes 31/03/2023
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Côtes du Rhône

Des ambitions majeures pour s'adapter aux contraintes

Alors qu'Inter Rhône dévoilait son plan d'action à horizon 2035 en décembre dernier, au tour du Syndicat général des Côtes du Rhône de se positionner. Objectif valorisation et pérennisation de la commercialisation, doublés d'ambition à devenir la référence au niveau environnemental et sociétal.

Denis Alary, Laurent Jeanneteau, Denis Guthmuller, Philippe Faure et Damien Gilles (de gauche à droite), le 24 mars à la Maison des vins d'Avignon, pour présenter le plan stratégique du Syndicat général des Côtes du Rhône.

© Crédit photo : ML

Face aux difficultés qu'il ne nécessite plus de présenter, le Syndicat général des Côtes du Rhône dévoilait, vendredi 24 mars, le plan stratégique officialisé il y a deux mois lors de son assemblée générale. Deux axes principaux seront déployés d'ici 2026 : le développement d'une commercialisation pérenne, ainsi que la volonté de devenir une référence environnementale et sociétale au sein des appellations viticoles.

"Ce plan, c'est quinze actions con-crètes pour une réussite collective", souligne Denis Guthmuller, président du Syndicat. "Nous souhaitons mettre en place un ensemble d'outils qui nous aideront à faire face aux défis et à nous adapter", ajoute-t-il avant de passer la parole à son secrétaire général, Philippe Faure, au sujet de la commercialisation.

Assurer une valorisation par la qualité

La consommation a changé. Évoluer n'est plus une question de bon sens, mais de survie, pour la filière. Si la prise de conscience doit se faire collectivement dans les vignes, les unités de vinification doivent aussi s'adapter. Pour garder la tête hors de l'eau, le développement du niveau qualitatif des Côtes du Rhône réclame une évolution du cahier des charges (d'ici la fin de l'année), certes, mais pas que. "Nous devons être en mesure de vérifier que ce qui est mis sur le marché correspond bien à ce que le consommateur attend", explique Philippe Faure.

Pour le vigneron ardéchois, la pression de contrôle doit être accentuée, tant au niveau des unités de vinification que chez le viticulteur : "Pour faire du bon vin, il faut du bon raisin. L'idée est de protéger ceux qui travaillent bien de ceux qui sont moins scrupuleux, sans pour autant être dans un registre punitif. Le but est de faire progresser tout le monde". Des dispositifs d'étanchéité entre les AOP-AOC, IGP et vins sans IG, une meilleure hiérarchisation, ainsi qu'une professionnalisation des dégustateurs devraient compléter cette première action.

"Nous avons toutes les cartes en main pour faire exactement les vins qu'il faut"

La pérennisation de la réserve interprofessionnelle, mise en place courant mars, permettra quant à elle "d'alerter lorsqu'un déséquilibre apparaît entre offre et demande", ajoute Denis Guthmuller. La mise en place d'une charte sur la loyauté des pratiques a pour objectif de venir fédérer la production, le négoce et le courtage, "autour de pratiques responsables et respectueuses des parties prenantes".

Se positionner en modèle environnemental et sociétal

Pour valoriser la production et la commercialiser de manière pérenne, le Syndicat des Côtes du Rhône décide, entre autres, de miser sur la carte environnement. "Il y a une sensibilité qui est devenue une priorité pour le Syndicat. Ce plan est une manière de consolider ce que l'on fait déjà, et de préciser où nous souhaitons aller, notamment sur le point de vue sociétal", introduit le président.

Afin de préserver et développer la biodiversité au sein du vignoble, le Syndicat souhaite sortir de l'idée qu'un vignoble est seulement un territoire cultivé. "Pour accompagner la transition agroécologique et une meilleure performance environnementale, nous allons davantage nous investir dans l'Observatoire agricole de la biodiversité", indique Denis Guthmuller. Le Syndicat avait rejoint l'OAB en 2021 et propose depuis aux vignerons d'observer la faune sauvage, grâce à plusieurs protocoles d'observation standardisés. 50 vignerons sont aujourd'hui associés à ce partenariat, et c'est notamment ce type de démarche qui a permis de repérer dernièrement la présence d'une population d'Outarde canepetière sur le secteur du Plan de Dieu1. Les Côtes du Rhône portent ainsi un intérêt particulier à toute action pouvant permettre de favoriser le vivant, aussi bien animal que végétal : vitipastoralisme, présence d'espèces rares et pratiques pouvant leur permettre de revenir sur le vignoble, partenariat avec Ceres Flore - un catalogue de végétaux locaux disponibles pour les vignerons...

Tous les jours, les vignerons marquent un peu plus leur volonté de poursuivre la transformation des pratiques et des exploitations, notamment en mettant en place des cultures intermédiaires pour engager une meilleure régénération des sols, par exemple, ou en encourageant la labellisation environnementale. À l'heure actuelle, 32 % des surfaces sont déjà engagées en Haute valeur environnementale de niveau 3 (48 % si on y ajoute le bio). À horizon 2035, l'objectif est d'atteindre les 100 %.

Les pratiques au vignoble sont rejointes par une volonté de gérer différemment les ressources, mieux et durablement, en recyclant par exemple les emballages et bouchon, ou encore avec le réemploi de bouteilles, ainsi que la promotion de la démarche Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) auprès des structures.

Prendre des parts de marché en France et à l'international

En accentuant la qualité des productions et en devenant une référence environnementale et sociétale pour d'autres vignobles, les Côtes du Rhône espèrent trouver une manière de répondre aux attentes du marché. Le Syndicat se sait particulièrement attendu quant à sa capacité d'adaptation. "Nous savons qu'il y a une déconsommation de vins rouges et, aujourd'hui, nous en produisons 88 %. Côtes du Rhône restera une région de vins rouges, mais nous devons entrer en adéquation avec les consommateurs. Il y a des expériences que se tiennent au vignoble pour prouver que tel ou tel produit est faisable sur notre territoire. Nous avons toutes les cartes en main pour faire exactement les vins qu'il faut", insiste Philippe Faure.

Le Syndicat ira dans le sens de l'interprofession et poursuivra sa diversification des couleurs. L'objectif d'Inter Rhône est effectivement un doublement des volumes de blancs. "Cela passera par des profils étudiés et définis par l'Institut rhodanien. Si on veut être ambitieux volumiquement, nous devons aussi l'être gustativement. Le Syndicat servira de courroie de transmission avec les unités de vinification", poursuit le secrétaire général. Parallèlement, un groupe de travail se penche sur un effervescent rhodanien.

Tout en continuant à capitaliser sur le marché français - le principal destinataire des volumes avec une commercialisation d'environ 70 % - le but, pour les années à venir, est d'arriver à environ 50 % des volumes à l'export. "Nous allons sur ce point accompagner la stratégie d'Inter Rhône, avec une communication à deux niveaux : une communication collective 'Vignobles de la Vallée du Rhône' ; et une communication spécifique au Syndicat, à destination des professionnels et du grand public", ajoute Denis Alary, vice-président du Syndicat. Si beaucoup d'espoirs se placent dans l'export, l'arrachage et la distillation pourraient également être une solution pour alléger le stock. "Trop tôt pour en parler, les discussions ne sont pas achevées", conclut Denis Guthmuller. 

Manon Lallemand •

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des Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages

Répartition par couleurs

© Crédit photo : DR

39 156 hectares

48 % des surfaces de production et des volumes certifiés HVE et AB (objectif 100 % en 2035)

1 558 433 hectolitres

22 villages

60 % de la récolte totale de la Vallée du Rhône provient des Côtes du Rhône et Villages

31 % de la récolte commercialisé à l'export, 69 % en France (objectif 50-50 à l'horizon 2035)

Manon Lallemand •

Des outils de communication environnementale pour souligner le dynamisme de la démarche des Côtes du Rhône

Afin de coller avec son ambition de devenir une référence en matière environnementale et sociétale au sein des appellations viticoles française (a minima), l'organisme de défense et de gestion des Côtes du Rhône souhaite déployer sa communication à la fois auprès des vignerons, autant que du grand public. Pour cela, deux outils devraient prochainement voir le jour. Déjà, une plateforme interactive de recensement des actions. "L'idée est de mettre en commun et communiquer, en interne et vers l'extérieur, sur ce qui se fait sur le territoire", dévoile Denis Guthmuller, son président. Présentée comme un lieu d'échanges et de partage d'expériences des pratiques vertueuses tournées vers la transition agroécologique, la plateforme devrait voir le jour d'ici la fin de l'année 2023. Parallèlement, le Syndicat informe vouloir créer une fondation de la biodiversité, "afin de valoriser l'engagement environnemental des vignerons". Concrétisation et moteur du volet environnemental du plan stratégique présenté le 24 mars, elle permettra de financer des actions destinées à favoriser la biodiversité, ou d'aller à la conquête de donations privées et de subventions.

Manon Lallemand •

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