Hérault 23/12/2022
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Des caves coopératives sous tension

Le président du Comité territorial Hérault des Vignerons coopérateurs d'Occitanie, Fabien Castelbou, a présenté un bilan de la récolte viticole 2022 et la conjoncture économique du département de l'Hérault, le 19 décembre, lors d'une conférence de presse.

Par rapport à la révision de la HVE,  "dans le contexte économique tendu qui est le nôtre aujourd'hui, on ne pourra pas continuer à faire des efforts sans contrepartie en face", prévient Fabien Castelbou.

© Crédit photo : FG

D'un département à l'autre, les problématiques auxquelles est confrontée la filière viticole se déclinent sur le même thème : crise Covid, inflation galopante, coûts de production exponentiels, raréfaction des matières sèches, problèmes de logistique, baisse de la consommation du vin, révision des critères pour la certification Haute valeur environnementale (HVE), tensions sur le marché des vins bio... La liste est aussi longue qu'une liste à la Prévert, concernant d'ailleurs autant les caves particulières que les caves coopératives.

Et toutes ces problématiques "accouchent" des mêmes effets. "La baisse de consommation sur le marché du vin en France se traduit dans notre bassin viticole par une baisse des ventes, particulièrement sur les rouges en AOP, que ce soit pour les vins en entrée ou en moyenne gamme. Conséquence, on enregistre une baisse de - 6 % de sorties de chais pour les AOP dans le Languedoc-Roussillon par rapport à 2021 et de - 8 % pour les IGP", commente Fabien Castelbou, président du Comité territorial Hérault des Vignerons coopérateurs d'Occitanie.

Rien d'alarmant cependant pour les IGP, dont les ventes se sont envolées en période Covid, avant de revenir à la "normale" à la sortie des confinements et couvre-feux successifs de 2020 et 2021. Et de souligner aussi la belle évolution des IGP de territoire dans l'Hérault, notamment pour les rosés des Côtes de Thau, pour ne citer que ce seul exemple. Si inquiétude il y a, elle est surtout, aujourd'hui, sur un marché du vin qui reste attentiste en cette fin d'année. "D'ordinaire, 85 % des volumes sont contractualisés avant que l'année ne s'achève. Tel ne sera pas le cas cette année, les contractualisations se feront plutôt en début 2023. Le négoce attend de voir comment la situation va évoluer", relève Fabien Castelbou. Même situation pour les volumes en bio.

Afflux de bio sur les marchés

Les opérateurs qui réclamaient du bio sont-ils à présent aux abonnés absents ? C'est ce que craint la filière, qui constate des sorties de chais et des contractualisations en deçà de ce qui pouvait être attendu. "Comme les caves particulières, les adhérents des caves coopératives se sont aussi engagés dans des conversions en AB pour apporter les volumes recherchés par le négoce et les metteurs en marché. Mais face aujourd'hui à la grande arrivée de produits bio, notamment en vrac, on se retrouve avec des volumes bien supérieurs à ceux d'il y a deux ans. Il va donc falloir gérer cet afflux de vins bio sur le marché. Ce que nous voulons, c'est préserver les prix et les cours du bio, car, si, pour l'heure, les cours se maintiennent, nous n'avons aucune certitude pour les mois à venir. Dans tous les cas, vendre moins cher n'est pas tenable pour ceux qui se sont lancés dans la conversion en AB ", indique le président du Comité territorial.

Ainsi, pour ne pas saturer encore plus le marché des vins bio, une partie des volumes risque d'être vendue en conventionnel, en attendant que les marchés se débloquent, notamment au grand export, "mais cela prend du temps", reconnaît-il. Toutefois, "nous incitons tous nos adhérents à bien réfléchir avant de s'engager dans cette voie, d'autant que, dans notre département, nous avons connu de grosses conversions dans nos caves coopératives", souligne-t-il. La patience doit donc être de rigueur avant de pouvoir récolter le fruit des efforts consentis.

Réforme de la HVE : la filière toujours vent debout

De patience, il n'y a plus, en revanche, par rapport à la révision de la certification de la HVE. Alors que la filière viticole s'est fortement mobilisée dans cette démarche de progrès, le durcissement des éléments de certification, notamment par rapport aux items de l'indice de fréquence de traitement (IFT) et de fertilisation, est bien trop pénalisant pour la production viticole. "Je crains que l'on ne casse la dynamique enclenchée avec ce nouveau cahier des charges. Or, dans le contexte économique tendu qui est le nôtre aujourd'hui, on ne pourra pas continuer à faire des efforts sans contrepartie en face", s'inquiète Fabien Castelbou.

À défaut d'avoir été entendus tant dans leurs demandes de révision des nouveaux référentiels et d'un moratoire, les Coopérateurs vignerons d'Occitanie poursuivent leur action syndicale. "Les caves coopératives de notre territoire continuent à faire remonter, par courrier, les difficultés engendrées par cette nouvelle réforme, et leur désarroi", dit-il. S'il est trop tôt pour affirmer que des caves coopératives vont arrêter de s'impliquer dans cette démarche, le risque qu'elles jettent l'éponge est réel. "Nous étions dans une démarche de progrès. Mais avec le durcissement des critères, qui vont entraîner, par ailleurs, de la lourdeur administrative et des temps d'audit rallongés, les moyens à mettre en place pour les caves coopératives seront encore plus importants. Cela pourrait en décourager certaines", complète Delphine Antolin de La Coopération agricole d'Occitanie, d'autant qu'elles ont déjà fort à faire entre la pénurie des matières sèches et l'envolée des coûts énergétiques.

Les attentes des caves coopératives

Pour venir en aide aux caves coopératives face à la flambée de leur facture énergétique, la fédération des caves coopératives d'Occitanie a mis en place une offre d'achat groupé en passant par un courtier en énergie, ainsi qu'une cellule d'apport de connaissances du marché de l'électricité. "On essaie de faire jouer la force du nombre pour avoir accès à des tarifs plus compétitifs pour nos caves et de donner les bonnes clés du marché de l'énergie à leurs dirigeants. Par ailleurs, on continue de demander aux pouvoirs publics un bouclier tarifaire ou, à défaut, des mesures plus efficaces", dit Fabien Castelbou.

Les autres demandes portent sur la mise en place d'une "boîte à outils", articulée autour de la distillation, le stockage privé et la replantation différée. "Le recours à la distillation n'a pas besoin d'être massif. Obtenir du stockage privé s'avère, pour nous, plus important. Quant à notre demande d'accès à la replantation différée, cela permettra de répondre temporairement à la conjoncture, ainsi qu'à la restructuration de l'offre", détaille-t-il. Mais le plus important des outils reste, pour les vignerons coopérateurs, la mise en place d'un plan de relance commercial, construit sur les mêmes bases que celui fait avec la Région lors de la pandémie.

Et, à l'instar des coopérateurs gardois, d'insister sur le fait qu'il "va falloir que l'on ait des réponses d'ici la fin du premier trimestre 2023, car les tensions sont fortes sur le terrain. En l'absence de réponses, et si la conjoncture reste la même, nous nous ferons entendre. Toutes les idées pour le faire sont déjà sur la table et nous serons nous montrer créatifs". 

Florence Guilhem •

Les CHIFFRES-clés

85 000 ha de vignes dans l'Hérault

Plus de 5 millions d'hectolitres : récolte viticole de 2022, soit plus de 50 % par rapport à la récolte 2021

40 % de rouge, 27 % de blanc et 33 % de rosé

70 % de la récolte produite par les caves coopératives du département

50 caves coopératives dans l'Hérault, représentant un total d'environ 6 000 viticulteurs 

6 % : baisse enregistrée pour les sorties de chais en AOP dans le Languedoc-Roussillon par rapport à 2021

8 % : baisse enregistrée pour les sorties de chais en IGP

Une récolte historiquement précoce et longue

Faut-il s'inquiéter d'une récolte viticole 2022 qui fait le double de celle de 2021 dans un contexte de baisse de consommation du vin ? "Non", selon le président du Comité territorial Hérault des Vignerons coopérateurs d'Occitanie, Fabien Castelbou, car "il s'agit d'une récolte qui est dans la moyenne des dix dernières années", et qui clôt, en quelque sorte, le cauchemar de l'épisode de gel d'avril 2021, qui avait réduit de façon conséquente la récolte de cette année-là. Et ce, bien que, force a été de constater que la récolte 2022 se caractérise par son hétérogénéité. En cause : les conditions climatiques. Si tous les terroirs n'ont pas échappé à un mois de juillet caniculaire, les pluies qui se sont abattues à partir du 15 août n'ont pas été de même intensité d'un secteur à l'autre, certains ayant été très arrosés, d'autres moins.

Cette hétérogénéité se retrouve également dans la production des différents cépages. Ainsi, si les cépages précoces, particulièrement les blancs, ont été impactés par la sécheresse, quelques cépages rouges ont également souffert tels que la syrah, "qui est déficitaire cette année", ainsi que le merlot et le cabernet dans certains secteurs. "Rien de très étonnant pour le merlot et le cabernet qui ne sont pas des cépages de chez nous. Le carignan, qui est pourtant un cépage méridional, n'est pas forcément très bien sorti partout", précise-t-il. Si les cépages blancs restent cependant ceux qui ont le plus souffert, "la bonne surprise, c'est, qu'au final, ils sont de bonne qualité au niveau aromatique. Et, les rosés sont dans la même veine", se réjouit-il.

Florence Guilhem •

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