Var 03/02/2023
Partage

Sillans-la-Cascade

Des œufs bio porteurs d'engagements

Nichées en forêt dans le Centre Var, les poules pondeuses de la 'Ferme des Ferriers' profitent d'un environnement préservé et des bons soins de Nina Lejeune. L'agricultrice a fait le choix du bio et de la proximité pour valoriser des œufs, produits avec force de travail et de convictions.

Nina Lejeune élève des poules pondeuses depuis 2020, selon le cahier des charges de l'agriculture biologique.

© Crédit photo : Gabrielle Lantes

Comme nombre de jeunes agriculteurs aujourd'hui, Nina Lejeune n'a pas un parcours classique. C'est par la porte du militantisme qu'elle est arrivée en agriculture. Étudiante en environnement et développement durable à Lyon, elle croise la route de la Confédération paysanne dans le cadre d'un projet en lien avec l'alimentation, et embrasse dès lors les valeurs de l'agriculture paysanne. Embauchée par la suite en tant qu'animatrice par le syndicat départemental du Var, elle fait - en parallèle - ses premiers pas dans les champs, en maraîchage et en arboriculture, sur une ferme de sa connaissance, à Vidauban.

La vie la mène finalement à Sillans-la-Cascade, où elle a la possibilité de louer des terres, à l'abri de la forêt. Elle projette au départ de s'installer en arboriculture et plante des figuiers et quelques autres fruitiers, en complément d'oliviers déjà présents. Ce n'est que dans un second temps qu'elle se tourne vers l'élevage de volailles. "Les poules pondeuses me permettaient de démarrer sur une production d'œufs très demandée, en attendant que les arbres poussent tranquillement", justifie-t-elle. La jeune agricultrice récupère alors une ancienne serre tunnel d'élevage, qu'elle aménage en poulailler pour recevoir son premier lot de 250 poules rousses, en juin 2020. Très vite, elle est submergée par la demande et deux autres poulaillers sont installés afin d'accueillir 500 têtes supplémentaires, dans le courant de l'année 2021.

Agriculture biologique et proximité

Lorsqu'elles arrivent, les poulettes ont quatre mois. Elles ne sont revendues qu'au moins deux ans plus tard, pour une retraite bien méritée chez des particuliers. "Elles restent d'abord environ deux semaines dans leur poulailler, le temps de s'acclimater et de ne pas prendre l'habitude de pondre dans les arbres à l'extérieur. Elles peuvent commencer à sortir quand le taux de ponte atteint 75 %. C'est mon objectif de ponte annuel, en tenant compte du fait qu'elles pondent moins en été, quand il fait trop chaud, et en hiver, quand il fait froid", explique Nina Lejeune.

Dehors, l'éleveuse dispose d'un hectare de parcours converti au bio depuis octobre 2020. Un choix de conviction. Cette surface lui permet de mettre en place des parcs deux fois plus grands que ce qu'exige le cahier des charges de l'agriculture biologique, et d'assurer ainsi les rotations indispensables à la régénération du milieu. Chaque parc, protégé par des filets électrifiés, est aménagé de sorte que les gallinacés puissent y trouver ombre et refuge, à l'abri d'arbres et autres buissons. Elles y collectent surtout une partie de leur nourriture. "Elles mangent les fruits qui tombent au sol et grattent pour chercher des vers et des insectes. Gratter la terre est leur activité favorite", souligne l'éleveuse.

Membre du Groupement d'intérêt économique (GIE) 'Épi de blé', elle complète avec l'aliment bio qu'elle fait elle-même, grâce à l'atelier partagé par neuf éleveurs, installé au lycée agricole de Saint-Maximin. "On travaille surtout à partir de triticale et de blé, pour pouvoir s'approvisionner au plus près. On a aussi des sons, qui viennent de Bras et Tourves. La ressource la plus éloignée, c'est le soja toasté qui vient du Sud-Ouest. Avec AgribioVar, qui nous accompagne, on a sollicité des céréaliers de Barjols et Sillans pour qu'ils se convertissent au bio, en leur assurant un débouché et des prix garantis. L'idée, c'est d'avoir des partenariats solides pour que tout le monde s'y retrouve", présente Nina Lejeune. Pour elle, la pratique est l'occasion de se réapproprier une part importante du métier d'éleveur. "C'est une grosse charge de travail, ne serait-ce que pour l'approvisionnement. Mais, comme ça, on sait ce que mangent nos poules. Et puis, c'est intéressant de pouvoir préparer les rations en fonction des saisons et des besoins. C'est une réelle montée en compétences", apprécie-t-elle.

Le goût du collectif

Dans le même esprit, à la suite d'une formation sur les races rustiques de volailles, Nina Lejeune réfléchit avec d'autres éleveurs de la Confédération paysanne du Var, dont elle est trésorière, à la création d'une filière de reproduction de proximité, dans le but de pouvoir proposer  des poules adaptées aux conditions de production locales. "Ça permettrait aussi de sécuriser la filière, car on a vu avec la grippe aviaire qu'il y a des moments où il était très compliqué de s'approvisionner en volailles", précise-t-elle.

La grippe aviaire est un autre combat d'importance pour l'éleveuse. Depuis son installation, chaque année, les mesures de claustration définies par les pouvoirs publics se heurtent au mode de production extensif de plein air, qu'elle défend notamment au sein du collectif 'Sauve qui poule', qu'elle a participé à fonder il y a un an dans le Var, avec d'autres éleveurs et des consommateurs. "On est tous en alerte, d'autant qu'un cas a été identifié il y a peu dans le Vaucluse. On n'est pas inconscient, mais les mesures de lutte sont faites pour les flux des élevages industriels, pas pour les petits élevages en autarcie. La Confédération paysanne a obtenu l'expérimentation de mesures complémentaires, mises en place dans des élevages de plein air. On espère qu'elles pourront, à terme, être prises en compte par la loi ", plaide-t-elle.

En attendant, elle développe son activité progressivement. Elle prévoit ainsi d'agrandir son cheptel et d'affiner son organisation, notamment pour pouvoir répondre à la demande accrue de la saison estivale à un moment où la ponte diminue. Elle travaille aussi à élargir ses circuits de commercialisation : dès son installation en 2020, elle s'est équipée d'un centre d'emballage agréé pour pouvoir vendre ses œufs à des restaurants et des magasins de proximité, en plus de faire de la vente directe en Amap et sur des marchés. Elle s'est, depuis, organisée avec d'autres agriculteurs du secteur pour tenir un stand sur le marché voisin d'Aups, et assurer des livraisons en commun. Elle est désormais partie prenante du point de vente de producteurs qui doit ouvrir en mars à Aups, avec le soutien de la commune. Un autre projet qui fait sens pour la jeune paysanne engagée. 

Gabrielle Lantes •

Date et chiffres clés-

Installation en 2020

3 poulaillers

1 hectare de parcours en rotations

Gabrielle Lantes •

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