GARD
Une trentaine d'agriculteurs diversifiés collabore avec la Distillerie Bel Air, reprise en 2017 par trois associés qui ont décliné le concept dans l'Aude, à Castelnaudary.
Du Gard au Lauragais, une centaine d'hectares est cultivée pour extraire les substantifiques huiles et hydrolats de plantes à parfum aromatiques et médicinales.
Dans un champ de lavandin, Charlotte Minnone, responsable communication et agritourisme, anime les 'Mardis et jeudis de la disti"en été. Le jeudi, à 18 h, c'est 'Disti Pik Nik' sur le site de Saint-Just-et-Vacquières.
© Crédit photo : PhD
Sous un soleil de plomb, les cigales s'en donnent à cœur joie à la Distillerie Bel Air, alors que tout autour, tout semble écrasé par la chaleur de ce début août. La fraîcheur de la boutique et l'alambic exposé au grand jour, à deux pas du champ de lavandin, ont tout de même attiré une famille de visiteurs étrangers. C'est qu'en été, la distillerie de Saint-Just-et-Vacquières accueille le public d'ici et d'ailleurs, au détour d'ateliers de démonstration de distillation artisanale bio et de découverte de la fabrication d'huiles essentielles et d'hydrolats nés des plantes aromatiques maison, ou apportées par les agriculteurs partenaires.
Entre garrigues et Cévennes, la dernière distillerie artisanale avec vases en activité dans le Gard est née d'un élan du couple Crouzier pour cultiver la lavande fine, en agriculture biologique. En 1992, la démarche détonne, mais Evelyne et Pierre Crouzier se font la main, et un nom, en distillant leur production à la distillerie lavandicole de Saint-Cézaire-de-Gauzignan. Au fil de la décennie et des fermetures de ces coopératives, les producteurs n'ont eu d'autre choix que de créer leur propre outil de distillation pour faire perdurer leur activité. La Distillerie Bel Air était née.
En 2017, un biochimiste veut se frotter à la production, de l'extraction à la transformation. C'est par le bouche-à-oreille que Pierre Boccon-Gibod entend parler de cette distillerie traditionnelle en quête de successeurs. Passionné par "la complexité des plantes", il se forme auprès de Pierre Crouzier pendant un an, au gré d'un "tour de France des marchés, à la rencontre des clients" et de transmission des savoirs, tout en suivant une formation au CFPPA de Die, dans la Drôme, centré sur l'agriculture biologique et les PPAM.
Rejoint par deux associés, Hélio Carli et Hannibal André, chargés du site audois depuis deux ans, le repreneur a conservé le modèle pré-existant, en convaincant une trentaine d'agriculteurs apporteurs partenaires, souvent viticulteurs ou céréaliers, à se diversifier, séduits par une récolte qui n'empiète pas sur les vendanges, et par une culture dénuée d'intrants, tout juste chronophage en désherbage manuel.
Cultivant une trentaine de plantes selon les cueillettes (lavande, lavandin, thym, romarin, sarriette, genévrier, cade commun), la distillerie a misé dans l'Aude sur la verveine et la menthe poivrée, ainsi que sur "des essais de géranium rosat", commente Charlotte Minnone, responsable communication et agritourisme à Bel Air. Sur 7 ha en propre, et 3 ha en fermage, en plus des apports alentours, la distillerie doit attendre au minimum quatre ans avant de pouvoir bénéficier des rendements optimum des plantes, voire "douze ans sur le lavandin", très demandé depuis le retour en grâce des huiles essentielles naturelles, pour une récolte unique en été, ou deux par an pour le thym et le romarin.
Suivant la variabilité des rendus après distillation, de 10 kg pour 400 kg de lavande fine, ou de 4 kg d'huile essentielle de thym issue d'un vase plein, "des surfaces non négligeables sont nécessaires pour obtenir de la qualité", explique Charlotte.
En huiles essentielles et en hydrolat (issu de l'eau de vapeur qui sort du processus en majorité), les produits se déclinent en flacons, mais aussi en sirops, en bières de la brasserie Meduz (Méjannes-lès-Alès), en cosmétiques ou en savons locaux. "L'idée est d'exprimer les PPAM sous toutes leurs formes", vante Pierre Boccon-Gibod, conscient de l'attrait d'une clientèle pour le "bien-être et le bien vieillir en bonne santé grâce aux plantes".
Ici, comme dans l'Aude, la distillation en chaleur douce est de rigueur, suivant la tradition Crouzier. Après l'étape cruciale du pré-fanage de lavande ou lavandin assemblés par la faucheuse-lieuse, laissés à reposer entre 24 h et 72 h sur le rang, pour se débarrasser de l'humidité, les gerbes intègrent l'un des vases de distillation (2 000 l) au fond duquel la vapeur dégagée par le dessous se gorgera en molécules aromatiques. Chauffée à 96°C, "l'eau ruisselle vers le bas, et la vapeur remonte", décrit Charlotte Minnone. Si le phénomène d'hydrolyse est trop fort, l'eau noircit et "la vapeur ne va pas récupérer toutes les molécules aromatiques".
Après le temps de distillation adapté à chaque plante, la vapeur est refroidie, passée au centre d'une citerne remplie d'eau à 14 °C. En une heure, elle descend à 80°C, pour chauffer l'eau de 80 à 96°C, divisant par deux la consommation de fuel. Vient ensuite le grand plongeon dans une cuve, entourée d'un serpentin de refroidissement. De la vapeur condensée se récupère le précieux liquide, sous forme d'huile essentielle, et en majorité d'hydrolat.
Si les huiles essentielles de contrées lointaines ornent aussi les étagères de la boutique, c'est que les multiples vertus du ravintsara de Madagascar, de la gaulthérie odorante du Népal ou de l'arbre à thé (tea tree) d'Afrique du Sud, ne sommeillent pas dans toutes les plantes occitanes. "Un contrôle de qualité est effectué avant la mise en flacon", assure la responsable. Malgré la distance parcourue, Bel Air met un point d'honneur à respecter des partenariats bio et équitables.
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