La production de pêches et nectarines (75 ha) de Patrice Vulpian est répartie en 80 variétés sélectionnées pour assurer une production étalée de début juin au 15 septembre.
Produire de la pêche s’avère être, chaque année, une réelle prise de risque au plan financier. “Avant les récoltes, on a déjà dépensé 60 % de notre coût de production en avances de trésorerie et, quand on arrive au mois de juin, on n’est toujours pas à l’abri d’un coup de grêle”, résume l’arboriculteur.
“Le métier n’est pas facile, plein d’incertitudes, mais pourtant passionnant et très diversifié. Pouvoir passer du milieu naturel au terrain commercial, à la technique ou au management”, fait partie des attraits qu’affectionne depuis 40 ans Patrice Vulpian. Il est à la tête d’une exploitation, dans la famille depuis 1927. Située sur Saint-Martin-de-Crau, dans la plaine de la Crau, elle est bordée, au nord, par le massif des Alpilles et, à l’ouest, par la Camargue. Dans ce territoire agricole, l’exploitant produit environ 1 400 tonnes en foin de Crau AOC sur 160 hectares, et 1 500 t de fruits sur 90 ha de vergers. Sa production de pêches et nectarines (75 ha) est répartie en 80 variétés différentes. Il les sélectionne pour assurer une production étalée de début juin au 15 septembre. La production d’abricots (15 ha) représente environ 150 t.
80 % de pertes sur abricot
Mais cette année il ne faudra pas compter sur l’abricot. Comme pour beaucoup d’arboriculteurs, le gel survenu le 25 mars aura eu raison du verger. Patrice Vulpian a perdu 80 % de sa récolte. “Mais c’était déjà une année difficile” reconnaît l’exploitant. “L’hiver, très peu rigoureux, n’a pas favorisé une bonne mise à fleurs.”
Sur pêche, quelques variétés ont également gelé sur certains secteurs. Toutefois, “même si elle ne sera pas extraordinaire, la récolte s’annonce correcte”, estime Patrice Vulpian. La campagne commerciale semble néanmoins bien partie. Le démarrage des prix est même plus que correct. “J’espère que ça va continuer” souligne l’arboriculteur. Mais c’est à partir de cette semaine que les centrales d’achats vont vraiment rentrer dans le jeu. Le démarrage est toujours délicat, en raison du produit espagnol très présent. “Mais la mise en avant du produit français et les relations commerciales se sont quand même bien améliorées, ces deux-trois dernières années”, analyse le chef d’entreprise. Les messages autour du ‘consommer français’ devraient aussi favoriser les arboriculteurs cette année.
L’exploitation réalise 30 % de son chiffre d’affaires avec une centrale d’achat, mais sert aussi d’autres enseignes et plusieurs grossistes. En tout, elle compte une vingtaine de clients en France, mais aussi en Suisse ou en Allemagne.
Le partenariat commercial qu’a pu construire Patrice Vulpian est aujourd’hui satisfaisant pour le producteur. “Il a demandé du temps, a nécessité de gros efforts sur la qualité des fruits et la disponibilité des marchandises pour satisfaire, à la fois, la distribution et les consommateurs.” Toute la production de pêches et abricots est emballée sur place, dans la station de conditionnement, ce qui permet de maîtriser, et de garantir jusqu’à la vente, qualité, maturité et traçabilité des fruits. Il faut dire que le respect de l’environnement et les démarches de progrès ont toujours été au cœur des préoccupations de l’exploitation, aujourd’hui certifiée Global Gap, Vergers écoresponsables et Haute valeur environnementale de niveau III depuis peu.
L’arboriculteur est toujours très actif dans ses engagements syndicaux, au plan national et local. Ces dernières années, les combats qu’il a menés, avec
d’autres organismes, ont surtout porté sur le maintien des exonérations de charges de main-d’œuvre. Mais cette année, c’est bien évidemment les con-
séquences directes du Covid-19 et la difficulté à recruter de la main-d’œuvre qui l’ont, comme beaucoup, préoccupé.
Inquiétudes sur les récoltes
Sur le Domaine de la Cabanasse, une trentaine de salariés sont, depuis quelques jours, affairés au conditionnement, dans le grand hangar doté de deux chaînes d’emballage, tandis qu’une dizaine de salariés œuvre dans les vergers. Leur recrutement s’est effectué localement, grâce au bouche-à-oreille, à Pôle Emploi et surtout aux réseaux sociaux. “Les éclaircissages se sont bien passés, car les opérations demandées restent assez simples. Il faut être motivé, bien sûr, mais avec de la rigueur et de la concentration, les consignes peuvent être relativement bien appliquées.”
Les conditions sont, en général, bonnes à cette période de la saison, et permettent de travailler environ sept heures debout en extérieur. C’est moins le cas ensuite. “On s’inquiète plus pour les récoltes, car la saison s’annonce difficile en raison de la fermeture des frontières avec le Maroc, toujours bloqué. Et même si la situation s’améliore, je crains qu’il ne soit trop tard pour faire venir des travailleurs”, regrette Patrice Vulpian. Il a d’ailleurs été contraint de faire appel à des prestataires de service européens qui factureront les coûts horaires des travailleurs à des tarifs plus élevés. Mais dans sa malchance, le chef d’entreprise aura aussi moins besoin de personnel cette année, en raison du gel sur les abricotiers.
Emmanuel Delarue
concombre
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