Fontvieille
Maraîchers à Fontvieille, Mathilde et Miguel Reinaga-Hertz ont misé sur la diversification et la transformation d'une partie des fruits et légumes bio produits sur l'exploitation. Un choix dont ils récoltent aujourd'hui les fruits.
jardins de cidamos - Fontvieille (13)
© Crédit photo : JD
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", énonçait en 1789 le chimiste Antoine de Lavoisier. Plus de deux siècles plus tard, Mathilde Reinaga-Hertz et son époux, Miguel, ont mis en application avec succès cette formule célèbre, pour l'organisation de leur exploitation maraîchère. La jeune femme - qui a créé en 2008 'Les Jardins de Cidamos' avec son père - aura été à bonne école du point de vue de l'adaptabilité. Et si ce dernier n'est pas issu du milieu agricole et n'était pas destiné à le devenir, il s'y est pourtant attaché, comme le raconte Mathilde Reinaga. "Mon père est originaire de Lorraine. Il est venu dans les Hautes-Alpes, après son cursus d'ingénieur agricole, pour y réaliser une étude sur la transhumance ovine, avant de finalement prolonger l'expérience... en devenant éleveur lui-même. C'est comme cela que j'ai appris à marcher aux côtés des brebis qui partaient pour l'estive."
Après quelques années, son père bifurque pourtant vers les grandes cultures et la production de tomates d'industrie, pour l'usine Barbier Dauphin, de Tarascon - à l'image d'autres exploitants du territoire - puis le maraîchage, à partir de 2000. Mathilde Reinaga-Hertz suit, pour ses études, le chemin parental. Elle s'oriente vers des études d'ingénieur agricole, avec l'idée de travailler dans le développement de projets. Elle choisit de partir en Bolivie pour deux ans, après ses études. Elle y rencontre son époux, qui travaille à ses côtés, mais découvre aussi l'incroyable appauvrissement des variétés de tomates cultivées dans le pays : "La production locale se limite à quelques hybrides", déplore-t-elle. Un comble pour ce fruit, originaire des Andes, d'où il a été ramené vers l'Europe avant de se diffuser très largement dans le monde...
Lorsqu'elle revient à Fontvieille, c'est avec l'idée de reprendre l'exploitation familiale, dans le cadre d'une passation progressive avec son père, qui s'opère à partir de 2008. Elle choisit d'élargir la gamme de légumes cultivés (une soixantaine est aujourd'hui produite annuellement), pour l'essentiel dans les 1,50 ha de tunnels froids, répartis sur deux sites et pour une petite partie en plein champ, sur 0,50 ha. Le nombre de variétés s'étoffe lui aussi : "Une dizaine pour les tomates et les poivrons, trois pour les betteraves...", précise Mathilde Reinaga. Cette dernière a poursuivi la contractualisation impulsée par son père dès 2002 avec plusieurs Amap (90 paniers par semaine), tout en y apportant des innovations. La première d'entre elles est la création d'un verger de fruitiers de 0,70 ha (abricotiers, pêchers, figuiers, amandiers, noisetiers, cognassiers) : "L'objectif était de planter des espèces rustiques, nécessitant peu d'entretien, afin de compléter la production de légumes, pour les clients de l'Amap", note l'exploitante, qui a opté pour quatre variétés d'abricotiers et autant de pêchers.
Autre piste de diversification adoptée : celle de la mise en place d'un élevage de 200 poules pondeuses : "L'idée était là encore d'ajouter un produit attractif aux paniers de fruits et légumes". Elle ouvre également, en 2013, un point de vente à la ferme, avec l'ambition d'élargir l'offre commerciale à d'autres productions non issues de son exploitation, comme des boissons (jus, bières, vins), des produits carnés ou laitiers, du miel...
"Les consommateurs se déplacent plus facilement s'ils savent qu'ils ne trouveront pas uniquement des fruits et légumes", relève avec justesse Mathilde Reinaga. La jeune femme développe aussi un réseau de revendeurs, via des magasins spécialisés dans le bio et les épiceries : elle livre aujourd'hui plusieurs enseignes du territoire à Aix-en-Provence, Marseille et Montpellier, mais aussi dans la région parisienne, via un expéditeur de Châteaurenard. Mathilde Reinaga-Hertz et son époux fournissent également de grandes tables étoilées de la région, notamment d'Arles et des Baux-de-Provence : "Les volumes commandés sont intéressants et leur proximité, sur le territoire et par rapport à l'exploitation, nous permet de concentrer les livraisons", explique la jeune femme.
La dernière diversification (pour l'heure !) concerne, d'une part la transformation des produits de la ferme, initiée en 2015 et, d'autre part, une activité de traiteur (Goût'Alpilles), créée en association avec d'autres producteurs/trices, trois ans plus tard. 'Les jardins de Cidamos' ont investi, pour le volet distribution, dans un labo équipé de tout le matériel professionnel nécessaire (découpe, cuisson, mixage, dosage des légumes et stérilisation des conserves...), soit une trentaine de références de produits. L'outil de production est également "loué à des tiers pour l'élaboration de leurs recettes à partir de leurs propres productions".
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