Aude, Gard, Hérault 01/12/2020
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Elevages : particularités méditerranéennes

Si le pastoralisme devait être résumé en un mot, ce serait diversité. Intimement associé au territoire sur lequel il est implanté, le pastoralisme est un vecteur de valorisation des ressources naturelles de ce territoire. En contexte méditerranéen, le parcours reste de rigueur, mais les contraintes estivales sont limitantes. La transhumance n’est pas systématisée.

Les parcours restent une caractéristique incontournable en zone méditerranéenne. Outre l’alimentation du troupeau, l’élevage pastoral est vecteur de multiples services dont bénéficient les territoires. © DR

L'élevage pastoral, dans sa diversité, définit l’ensemble des activités d’élevages ovin, bovin, caprin ou équin, tirant parti des espaces naturels pour assurer l’alimentation des troupeaux. Le pâturage devient ainsi un moyen essentiel pour valoriser, à travers la production de viande, de lait ou en transformation fermière, les diverses ressources de ces parcours.

À l’échelle du territoire français, c’est quasiment un tiers de la surface agricole qui est mise en valeur grâce aux exploitations agropastorales. Pour la seule Occitanie, cela représentait en 2012, 566 000 hectares (ha) de prairies permanentes, auxquelles s’ajoutent 858 000 ha d’estives et de landes.

Ces 1,4 million d’hectares couvrent 40 % des surfaces déclarées dans la région. Mais ces chiffres ne permettent pas de donner une illustration précise de la grande diversité et de la disparité des types de pastoralisme développés à l’échelle de l’Occitanie, dont le territoire est équivalent à celui de la Belgique. “On peut ainsi rencontrer beaucoup de formats différents de pastoralismes, avec des tailles de troupeaux très variables, de l’individuel, du collectif, de l’individuel mêlé à du collectif, de l’estive, du parcours... Ainsi que toutes les particularités liées à la zone méditerranéenne“, dépeint Raphaële Charmetant, chargée de mission pastoralisme à la Chambre régionale d’agriculture (CRA) d’Occitanie, détachée dans le département des Pyrénées-Orientales.

La forte diversité végétale, spécifique et localement adaptée, est constitutive d’une mosaïque de milieux semi-naturels que des millénaires de pastoralisme ont contribué à façonner, en plus des contraintes pédoclimatiques méditerranéennes et montagnardes de départ“, confirme Sylvain Micola, chargé de mission à la CRA d’Occitanie et rattaché au département de l’Hérault.

Des estives loin d’être systématiques

Certains départements de l’ex-Languedoc-Roussillon, en particulier l’Aude ou les Pyrénées-Orientales, se situent donc à la croisée des chemins, entre pastoralisme en zones de montagnes ou de piémont et zones littorales.

Entre les deux extrémités, tout un panel de solutions et de possibilités vont se présenter selon l’espèce animale élevée, la production laitière ou de viande, les ressources offertes par la géographie locale, et les possibilités de transhumance.

Contrairement à ce qui peut exister dans la partie ouest pyrénéenne ou dans les Alpes, il n’existe aucune structure individuelle ou collective permettant la collecte du lait en estives. La plupart des élevages en production laitière de la zone méditerranéenne restent donc en parcours dans le secteur de leur ferme. Voilà déjà une des particularités propres au système méditerranéen“, poursuit Raphaële Charmetant. Si l’image d’Epinal ancre la transhumance vers les estives comme une action systématique des éleveurs, Raphaële Charmetant précise donc qu’en Occitanie, les surfaces collectives pastorales ne représentent que 20 à 30 % de la totalité.

Mais la transhumance vers les estives reste une nécessité en valorisation de la production de viande. En période estivale, les ressources alimentaires sont trop limitées en zone de garrigues“, décrit François Demessaz, conseiller au service élevage de la Chambre d’agriculture de l’Hérault. Il explique ainsi que la quasi-totalité des troupeaux des garrigues héraultaises montent vers le massif de l’Aigoual, le Mont Lozère et les Causses. Et les plus anciens comme les plus jeunes tiennent à effectuer cette transhumance à pied, pour perpétuer la tradition“, souligne-t-il.

Richesse du parcours

Les parcours restent donc une caractéristique incontournable en zone méditerranéenne. En 2015, les départements de cette zone couvraient d’ailleurs 56 % des surfaces de parcours françaises. Et les particularités ne s’arrêtent pas là, avec seulement 15 % de prairies permanentes dans cette zone méditerranéenne continentale, contre 74 % dans le reste de la France.

Même si les prairies sont plutôt rares dans les systèmes agro-pastoraux méditerranéens, elles restent toutefois indispensables à leurs équilibres. Le potentiel estimé des parcours valorisés par les éleveurs méditerranéens représente près de 760 000 tonnes de matière sèche. C’est l’équivalent de 76 000 camions de foin“, valide encore Sylvain Micola. La végétation naturelle en zone méditerranéenne est caractérisée par la présence de plantes adaptées, souvent ligneuses, que les éleveurs ont appris à valoriser pour l’alimentation de leurs troupeaux. Ce savoir-faire repose sur la connaissance des ressources pastorales. L’herbe, mais aussi les feuilles, tiges et fruits des arbustes et des arbres peuvent être consommés par les animaux“, détaille ainsi Sylvain Micola.

Le pastoralisme s’est donc maintenu dans des régions caractérisées par leurs contraintes d’exploitation. Le paysage des garrigues méditerranéennes étant d’ailleurs une résultante de la présence de troupeaux se nourrissant du milieu naturel. 

Outre l’alimentation du troupeau, l’élevage pastoral est vecteur de multiples services dont bénéficient les territoires. C’est tout d’abord un acteur essentiel de la biodiversité. “Pelouses sèches, garrigues, pelouses d’altitude... Les milieux pastoraux ouverts et semi-ouverts hébergent une biodiversité remarquable classée au titre de Natura 2000. De nombreux contrats agroenvironnementaux reconnaissent et encouragent les pratiques pastorales qui façonnent ces milieux et préservent cette biodiversité. Sans oublier la biodiversité domestique incarnée par les nombreuses races locales“, poursuit Sylvain Micola.

Impact du changement climatique ?

Les surfaces valorisées par le pâturage font montre d’une importante diversité. En hiver, le fourrage distribué est indispensable pour l’hivernage des animaux en montagne et la sécurisation de la production.

Plus en plaine, les troupeaux trouvent des ressources hivernales complémentaires et le développement des pratiques agroécologiques ouvre de nouvelles surfaces de pâturage au sein des cultures. “En introduisant les troupeaux dans les vignes, les éleveurs assurent un désherbage gratuit et écologique aux viticulteurs. Avec le pâturage des forêts, des vignes, des vergers, des lavandaies et des restoubles,des chaumes de céréales, le pastoralisme est partie intégrante de l’agro-écologie“, insiste Sylvain Micola.

Enfin, aux beaux jours, les troupeaux transhumants profitent de la pousse décalée de la végétation en altitude. Les milieux pastoraux trouvent, quant à eux, toute leur place en toutes saisons dans la ration des animaux. 

En zone littorale, la présence de zones humides permet le maintien de pâturages en période estivale. Sans avoir à aller dans les Pyrénées, c’est cette présence de pâturages estivaux qui est retrouvée dans les reliefs des Hautes-Corbières, des Cévennes, des Causses ou de la Montagne noire. L’évolution climatique laisse toutefois planer un doute quant au maintien de ces possibilités de pâturages dans les reliefs à plus ou moins long terme“, interroge Sylvain Micola.

Face à ce risque, le technicien insiste sur le fait que les élevages agro-pastoraux ont toujours su s’adapter et se réinventer pour perdurer. La valorisation de la diversité des ressources alimentaires, des types de surfaces, des pratiques d’élevage, des productions, des organisations foncières constituent une source de résilience dans la perspective du changement climatique. 

Olivier Bazalge

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