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Hérault

Ève Thomé ou l'art de sublimer fruits et légumes

Installée depuis 2015, à Canet, Ève Thomé a repris l'exploitation familiale et a, depuis, développé le maraîchage et l'arboriculture, ainsi que la transformation de ses produits, qu'elle commercialise dans son magasin de vente, les 'Paniers d'Ève'. 100 % local : telle est sa devise.

Eve Thomé

© Crédit photo : FG

Rien ne l'arrête, même pas la neige qui tombe ce matin du 27 février. Il fait pourtant un froid de canard. Emmitouflée dans des vêtements chauds, Ève Thomé s'active au champ pour semer des fèves. Du matin, dès potron-minet, et jusqu'au soir, Ève se démène sans relâche, au domicile familial comme à l'exploitation, grâce à une organisation au cordeau, mais qui ne lui laisse aucun répit. "Même mon médecin ne comprend pas comment je fais", dit-elle dans un grand éclat de rire.

Pourtant, cette vie dédiée à la terre, elle n'y tenait pas, en voyant ses parents trimer du matin au soir. "Je voulais devenir architecte. Mais, faute de moyens, après mon Bac scientifique, j'ai dû revoir mes rêves et trouver une formation avec un stage rémunéré afin de financer mes études", raconte-t-elle. Ce sera préparatrice en pharmacie. À son issue, elle travaille dans un centre hospitalier, puis dans l'industrie pharmaceutique, avant, près de dix ans plus tard, accomplir un retour à la terre. "Mon frère avait repris l'exploitation mais, comme il est tombé malade, et que mon père voulait arrêter et vendre les terres, j'ai foncé. Cela me faisait mal au cœur que les terres familiales soient vendues. Je ne pouvais pas laisser passer", confie-t-elle. Et ce bien que son père ne soit pas très enthousiaste à l'idée de son installation, et rechigne, de fait, à lui vendre les terres.

Plein champ sur le maraîchage

En l'absence de formation agricole, le défi à relever est de taille. Sans appui familial, Ève trouve un soutien précieux auprès de Lucien Garcia, un ami de son père, maraîcher et viticulteur. Ce dernier lui transmet tout son savoir, l'accompagnant à chaque étape. "Il a été, et est toujours comme un père pour moi. À mes débuts, il restait derrière moi et me regardait faire, puis intervenait quand il le fallait. Même à 4 heures du matin, et quel que soit le temps, il répondait présent. Et, chaque année, à la préparation du maraîchage, il est là", raconte Ève. Les quelques formations courtes qu'elle suivra en parallèle ne l'empêcheront pas de faire "quelques bêtises. Mais c'est ainsi que l'on apprend", sait-elle aujourd'hui.

Dès son installation, en 2015, et avant même de pouvoir récupérer les terres de son frère et de son père, elle a une idée très claire de ce qu'elle veut faire : multiplier l'offre de légumes et de fruits pour développer la vente directe et transformer ses produits à partir de ses recettes. Pour ce faire, elle commence à planter des tomates, puis des courgettes, des aubergines, des poivrons, des oignons, des concombres... À la demande de ses clients, elle se lance également dans du maraîchage d'hiver en plantant des choux, des cucurbitacées, des fèves et de la patate douce.

Côté fruits, comme du temps de ses parents, elle se focalise sur la pêche, puis ouvre le "verger" et le "champ" aux brugnons, abricots, melons, pastèques, fraises, cerises et framboises. "J'ai toujours besoin d'apporter des nouveautés à mes clients. Pour cela, chaque année, je cherche à planter quelque chose de nouveau. Je ne suis pas dans la recherche du rendement, mais plutôt de la qualité", affirme-t-elle.

Du champ au "bocal"

Les fruits et légumes "bruts", récoltés le matin, sont commercialisés le jour même à son magasin de vente, puis sous forme de paniers en fin de journée, qu'elle complète avec deux de ses produits transformés, l'autre corde à l'arc d'Ève. "De son temps, ma mère confectionnait déjà des confitures. Faire de même me semblait évident, mais je voulais aussi étoffer la gamme des produits transformés. Ma première idée a été de commencer par différentes soupes de légumes. J'ai suivi, pour cela, une formation, mais qui m'a tellement fait peur que je ne me suis pas lancée", se souvient-elle. D'autant qu'elle n'arrive pas à décrocher de permis de construire pour faire son laboratoire de transformation sur son site de vente.

Une embûche en entraînant une autre, cette fois-ci, c'est l'épisode de gel d'avril 2021 qui rompt son élan. Sa production fruitière est fichue. Un drame, car ce qui fait alors son chiffre d'affaires est la pêche. À bout de souffle, elle est à deux doigts de tout lâcher, mais la "warrior" qu'elle est, comme elle se qualifie avec humour, rebondit une fois de plus en proposant de travailler pour le lycée agricole de Gignac en tant qu'auxiliaire de vie scolaire. C'est un poste d'enseignante qui lui sera proposé, avec des adultes en reconversion professionnelle, qu'elle embarque trois jours par semaine dans son exploitation. Des élèves de 4e et 3e lui seront aussi confiés par la suite. "Tout cela m'a redonné du courage", avoue-t-elle.

Ne lui reste plus qu'à trouver la solution pour transformer ses produits, d'autant "qu'à la maison, j'ai toujours fait des bocaux, et nous n'en sommes jamais morts. Cela m'a incitée à persévérer", dit-elle. Sa persévérance paie. Elle trouve un laboratoire de transformation à Béziers, chez une agricultrice, qui accepte de faire ses recettes de tomates séchées, caviar d'aubergines, soupes et veloutés d'oignons, courgettes au curry et au coco, pêches, confitures, tartinades...

Un virage qui, avec une communication sur sa page Facebook et un nouvel étiquetage, lui permet de trouver la voie des consommateurs. "Mon labo, je vais finir par le faire", assure-t-elle. Rien ne l'arrête, n'en doutez pas. 

Florence Guilhem •

À savoir-

Des cultures sous label HVE

À l'agriculture biologique, Ève a préféré le label HVE, car "il s'agit d'une dynamique générale. Cela me parlait bien plus", dit-elle. Pour le maraîchage, elle n'utilise aucun traitement tout au long de la saison. En arboriculture, elle fait tous les traitements nécessaires en hiver, puis utilise ensuite la confusion sexuelle sur ses vergers, et aucun traitement dès que le fruit commence à se développer. "Si j'ai des insectes, je mets du savon noir ou des huiles essentielles." Pour la fertilisation, elle utilise du guano en automne. Toutes ses cultures sont en plein champ et irriguées.

Yanick Simao •

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06/10/2022
Dans votre nouveau numéro @AgriProv 🗞au programme notre numéro spécial #Medagri 🚜 le projet de loi sur les #énergiesrenouvelables🌞, la 7e édition de la soirée de l’élevage 🐃🐑à Arles et un retour sur la rentrée scolaire 🎒pour les lycées agricoles...Bonne lecture à tous ! https://t.co/zU1hyXg40x
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