Ce sera assurément une bonne année pour la cave coopérative, qui prévoit d'atteindre les 60 000 hl pour le millésime 2022. De quoi faire oublier celui de 2021 et la chute des volumes alors produits (42 000 hl) en raison des dégâts provoqués par l'épisode de gel d'avril de cette année-là. Démarrées précocement, soit le 10 août, "ce qui n'était jamais arrivé chez nous", rappelle Roger Martin, le président de la cave 'Les Coteaux de Rieutort', les vendanges ont débuté sur les chapeaux de roue pour les cépages précoces. Au 15 septembre, les deux tiers de la récolte étaient déjà rentrés à la cave. Reste à rentrer tous les cabernets, pas mal de syrahs tant pour les IGP que les AOP, mais aussi les grenaches, les cinsaults et les "petits" cépages de la cave tels que le petit verdot. Et bonne nouvelle : les conditions sanitaires sont bonnes. Aucune pression maladie n'est à déplorer jusqu'ici.

Mais, sans surprise, la sécheresse et les fortes chaleurs durant une longue période ont joué sur la taille des baies, la maturité phénolique et les acidités, bien trop basses, particulièrement sur les cépages précoces, mais pas seulement. Si les orages de la mi-août ont été bénéfiques, "permettant aux raisins de grossir, le rattrapage sur les degrés n'a pas été suffisant. Aussi, pour les autres cépages, notamment les grenaches, on demande aux coopérateurs d'attendre un peu pour que les baies gagnent en maturité. Mais cela fait grincer des dents dans les rangs, surtout quand on annonce des conditions météorologiques dégradées, et que les syrahs commencent à pourrir un peu", reconnaît le président. 

L'attente s'impose toutefois, et d'autant que la réglementation ne permet pas d'acidifier et d'enrichir les vins en même temps. "La réglementation, qui date de 50 ans, impose aussi que l'on ne peut pas enrichir au-delà de 13°C. C'est totalement arbitraire et très pénalisant, puisque la demande de nos marchés est autour de 14°C, voire au-delà", s'agace le maître de chai de la cave, Cyril Estel. "Dans tous les cas, nous n'avons pas d'autre choix que de nous adapter par rapport à la demande des marchés. Dans le cas contraire, nous ne parviendrons pas à écouler notre production", complète le président de la cave. Et de préciser, à ce propos, que si les 40 000 hl en Pays d'Oc sont déjà pré-vendus, les 6 000 à 7 000 hl produits en AOP ne le sont pas encore dans leur totalité. Par ailleurs, compte tenu des volumes de cette année, 10 000 à 12 000 hl en Pays d'Oc seront déclassés en Pays de l'Hérault pour que le surplus de production soit écoulé. Enfin, la cave a demandé de pouvoir diminuer sa production en AOP de 20 %, avec un report de la plupart des volumes en Pays d'Oc.

Aller plus loin dans la qualité des vins

Aussi la qualité est-elle une donnée essentielle si les coopérateurs veulent tirer leur épingle du jeu. "Ce qu'il faudrait, c'est que chaque parcelle soit ciblée selon le type de production. Certes, nous faisons de la sélection parcellaire à certains endroits, notamment pour les AOP, mais il faut aller plus loin, d'autant plus en raison de la grande concurrence exercée par les IGP Pays d'Oc", complète le président de la cave. C'est dans cette même recherche de qualité que, depuis 10 ans, la cave a investi dans de nouveaux groupes de froid, une centrifugeuse, des filtres tangentiels, des cuves inox réfrigérées, deux pressoirs, ou encore l'isolation de la toiture.

Par ailleurs, des partenariats ont été développés avec les metteurs en marché pour adapter la production aux attentes. Certains viennent même directement vinifier sur site et sortent ensuite leurs produits sous leurs marques. "S'ils sont intéressés par nos volumes, c'est parce qu'ils cherchent une certaine typicité variétale que nous avons ici. Et, avec des parcelles en AOP qui se déclassent progressivement pour passer en IGP Pays d'Oc, les volumes que nous produisons sont encore plus qualitatifs", relève Cyril Estel. 

Des MAE à la HVE : une suite des plus logiques

C'est aussi pour répondre aux attentes des marchés que la cave coopérative s'est lancée dans la démarche Haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3. "De toute façon, on ne pouvait pas y échapper pour la commercialisation des vins en France", fait remarquer Roger Martin. Le passage n'a pas toutefois nécessité de gros efforts de la part des coopérateurs, car ces derniers étaient engagés, dès 2007, dans des mesures agroenvironne- mentales, au premier rang desquelles, la fin du désherbage intégral, l'enherbement un rang sur quatre, la limitation d'apport d'azote, la lutte raisonnée, le biocontrôle... La limitation des intrants est venue plus tard. "Le plus gros travail que nous ayons eu à faire, finalement, par rapport à la démarche HVE, est celui de la traçabilité. Et nous nous sommes alors rendu compte qu'on ne fertilisait pas toujours à bon escient. Nous avons donc rectifié notre apport d'engrais", détaille le maître de chai.

Puis, en 2010, appuyés par l'Agence de l'eau, et accompagnés par l'EPTB Orb et Libron, les vignerons de la cave se sont engagés pour préserver la plus précieuse des ressources : l'eau. Pour ce faire, ils sont allés encore plus loin dans leurs pratiques de préservation de l'environnement en généralisant l'usage des interceps, en adoptant la confusion sexuelle, en apportant la bonne dose au bon endroit, en enherbant les tournières et le vignoble, ou encore en utilisant des aires communes de lavage pour traiter leurs effluents. Le fruit de leur travail a donné naissance à la création d'une gamme de vins, déclinée dans les trois couleurs, en BIB et en bouteilles, au nom évocateur de 'Les porteurs d'eau', valorisant ainsi les gestes quotidiens dans le vignoble pour la préservation et la pureté de l'eau. 

132 coopérateurs

990 hectares

9 villages : Murviel-lès-Béziers, Causses-et-Veyran, Saint-Geniès-de-Fontedit, Cessenon-sur-Orb, Cazouls-lès-Béziers, Laurens, Saint- Nazaire-de-Ladarez, Maraussan, Thézan-lès-Béziers

80 % du vignoble en HVE 3

50 000 hl : moyenne de production par an, dont 6 000 à 7 000 hl en AOP (Saint-Chinian et Languedoc), 40 000 en IGP Pays d'Oc, le reste en IGP Pays d'Hérault

60 000 hl devraient être produits pour le millésime 2022

98 % des volumes sont vendus en vrac, 2 % en conditionné (40 000 cols et 5 000 BIB)

55 % en rouge, 25 % en rosé et 20 % en blanc

24 cépages : 10 blancs et 14 rouges

4,5 M€ de chiffre d'affaires en 2021 ; 5,5 M€ prévus pour cette année