VERRE
Officialisé lors de Millésime Bio, le groupement des opérateurs du réemploi des bouteilles, France Consigne dévoile ses ambitions pour inciter les producteurs et les distributeurs à jouer le jeu d'un circuit du verre "vertueux" à grande échelle.
Le réseau national de collecte, de lavage et de réemploi de bouteilles en verre (vin, lait, jus de fruits) a été officiellement lancé lors du salon Millésime Bio, à Montpellier. 10 opérateurs, 700 points de vente, 5 centres de lavage, et 400 producteurs sont inscrits dans la démarche.
© Crédit photo : PhD
L'année 2023 sera celle du réemploi. C'est le signal envoyé par le réseau du réemploi du verre récemment structuré. Comptant déjà dix opérateurs sur le territoire, France Consigne prend à bras-le-corps les enjeux économiques et environnementaux liés aux coûts induits par les carences en matière de tri du verre. En vue d'accompagner les producteurs, les brasseurs et les domaines viticoles, pour faciliter la collecte, le lavage et le réemploi des bouteilles, France Consigne dispose de 700 points de collecte en France.
Présenté comme "plus vertueux pour l'environnement" que le recyclage du matériau, le procédé de réutilisation du verre en est encore à sa phase de lancement, mais les partenaires croient dur comme fer à l'engagement des filières et des collectivités pour dépasser quelques freins, notamment celui du coût, et étendre la pratique à l'échelle nationale avant de s'attaquer au marché européen.
C'est en rassemblant le plus grand nombre de producteurs que la filière de réemploi des bouteilles pourra franchir le plafond de verre, sous réserve de convaincre les réseaux de distribution et de disposer de volumes suffisants dans la chaîne pour ne pas être perdante au cours du processus. "Plus on sera nombreux, plus il y aura d'unités de lavage", plus le réemploi du verre sera efficient, déclarait, en substance, Clémence Richeux, lors de la présentation à la presse de France Consigne, à Millésime Bio cette année.
La gérante de 'Ma bouteille s'appelle reviens' (Auvergne-Rhône-Alpes), l'une des dix structures membres du réseau national, consciente de la marge de progression de la filière, croit à un développement du réemploi du verre. Avec 1,4 million (M) de bouteilles en France réutilisées, le taux reste "faible, mais ça débute", prévoit la responsable de projet. Avec quelque 150 M de bouteilles "perdues par an sur le Lyonnais, et 500 M en Rhône-Alpes, cela donne une idée".
En termes de pertes énergétiques et de consommation en eau, "la réutilisation vaut mieux que le recyclage", atteste François Vasquez, vice-président à Montpellier Méditerranée Métropole. Portant une politique du "zéro déchet", le délégué à la collecte, au tri et à la valorisation de déchets, révèle que "le verre non trié nous coûte 6 M€ tous les ans", arguant que l'absence de systèmes de tri pèse sur les finances de la collectivité.
Si l'unité de méthanisation montpelliéraine, Amétyst, traite et valorise la fraction organique des déchets par la production de compost et de biogaz, le verre n'y est "pas valorisé", constate-t-il. Aussi, la Scop régionale Oc'Consigne fédérant les acteurs des emballages en verre dans l'est de l'Occitanie est-elle la "bienvenue dans cette stratégie zéro déchet, en luttant contre le jetable et la folie de l'usage unique", salue François Vasquez.
En incitant les commerçants des agglomérations, notamment à se constituer comme points de collecte du verre, et par la création d'unités de lavage communes, France Consigne et les collectivités engagées comptent sur une prise de conscience collective pour convaincre et accompagner les producteurs. Pour "coller aux objectifs" de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), prévoyant de réutiliser 10 % du verre produit et consommé en 2027, France Consigne se fixe d'atteindre ce seuil, soit 10 % d'un milliard de bouteilles à la date fixée, avant d'intégrer le marché européen, "dans deux ou trois ans", vise Clémence Richeux.
"Il faut un standard de bouteilles, comme en Allemagne, ainsi qu'un cahier des charges pour les étiquettes, avec des colles hydrosolubles", indique la responsable de projet.
À charge pour les professionnels utilisateurs de verre de s'engager dans la démarche. Accompagné par Oc'Consigne depuis septembre 2021, le producteur et négociant Jacques Frelin Vignobles (Montpellier) plaide pour un "retour à la consigne avec les réseaux de distribution", faisant "un nouveau pas dans une démarche environnementale", indique Carole Frelin. Entre le choix de la bouteille et des étiquettes, la responsable commerciale de l'entreprise familiale vante l'intérêt d'un "circuit long avant d'arriver à une seconde mise en bouteille".
Pour ce faire, Carole Frelin admet qu'au départ, les bouteilles sont plus chères, mais mise sur des volumes suffisants afin d'atteindre une "massification qui permettra de réaliser des économies d'échelle". Si la démarche implique un coût à l'achat et une adaptation des machines pour inscrire le numéro de lot sur l'étiquette, "il ne faut pas que ce soit une aberration économique et écologique" pour autant, avance Jacques Frelin. Malgré le frein du surcoût ("15 cts€ au niveau du distributeur"), le rachat de la bouteille après lavage, le potentiel de pertes à prendre en compte ou le reconditionnement, de préférence à l'échelle locale, l'achat de la bouteille unique n'est plus au programme pour l'entreprise, qui a sorti sa première cuvée mise en bouteilles ré-employées en 2021. Et prévoit "un million de bouteilles ré-employables cette année", annonce Carole Frelin.
En Occitanie, Oc'Consigne a lancé une campagne de titres participatifs (à 1 000 €) selon un système de prêt sur sept ans, avec une rémunération prévue "entre 1 et 5 % par an, selon les revenus d'exploitation", indique Sophie Graziani-Roth, co-fondatrice. La souscription est ouverte aux particuliers comme aux entreprises. 100 000 €, sur les 150 000 € prévus d'ici fin juin, ont déjà été réunis.
POUR ÊTRE précis-
France Consigne va compter cinq unités de lavage dans son réseau en 2023. Outre la Drôme et à Nantes, une unité va prochainement voir le jour à Lille. En Occitanie, Oc'Consigne va en ouvrir une avant l'été, à Lattes. En charge du lavage et de l'inspection qualité des bouteilles, vérifiée par une machine (saletés, micro-fissures), la structure peut "collecter les bouteilles ramenées dans la cinquantaine de points de collecte, et laver celles de plus de 40 vignerons et brasseurs", explique Sophie Graziani-Roth. Le site aura une capacité de 3 500 bouteilles/h, pour un objectif de "100 000 bouteilles par mois, pour parvenir à un point d'équilibre rapidement", envisage la co-fondatrice. Pour l'heure, La Consigne de Provence lave dans l'unité de Ma bouteille s'appelle reviens (Drôme).
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