Carole Delga, en compagnie des élus des collectivités territoriales, et des professionnels de la viticulture, du directeur et du président de la cave de L’Ormarine, dans la parcelle de Ludovic Rascalou, à Pinet. © Région Occitanie
Après la Chambre d’agriculture de l’Hérault, qui a enchaîné les visites sur le terrain tout au long de la semaine, c’était au tour de la présidente de Région d’en faire autant, la veille de la venue du Premier ministre, dans l’Hérault. "Cette année, on a pris partout avec le gel. Sur les 3 600 hectares que couvre notre cave coopérative, 1 600 ont été touchés, dont 600 à 100 %.
C’est le coup de grâce pour nous, d’autant que nous avons 80 % de notre production qui est en contrat de production. Or, avec les dégâts provoqués, il sera difficile d’honorer les contrats", redoute Grégory Farras, président de la cave coopérative de L’Ormarine, à Pinet. D’autant que "des opportunistes arrivent déjà avec des mercuriales hors-jeu. Il faut donc nous aider à accentuer les circuits courts et les plans de partenariat pour maintenir nos marchés", insiste son directeur, Cyril Payon, auprès de la présidente de Région. La vigilance sera encore plus de mise, car tous les pays européens n’ont pas été impactés de la même manière. Traduction : des parts de marché pourraient être prises par d’autres.
Mais s’il y a un sujet qui inquiète encore plus la profession viticole, c’est bien l’état de sidération des viticulteurs. "Ce qui m’a marqué dans cet épisode, c’est combien tous les agriculteurs sont profondément affectés. Nous vivons des sinistres à répétition depuis plusieurs années. Grêle, sécheresse, canicule, gel à présent s’enchaînent sans répit. Depuis plusieurs années, nous avons donc du mal à faire des productions normales. Certains jeunes n’ont connu que cela", rappelle le président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, Jérôme Despey. "Beaucoup de jeunes vont mettre la clé sous la porte. Des états suicidaires, il y en a. Il faut rapidement donner un message fort aux générations futures", insiste, de son côté, le président des vins IGP Pays d’Oc, Jacques Gravegeal. Autrement dit, il y a urgence à intervenir, car les semaines à venir seront déterminantes.
Une aide exceptionnelle de la Région
"La Région ne vous laissera pas tomber", promet Carole Delga. Réunis en commission permanente, dans la matinée du 16 avril, les élus régionaux ont voté pour la création d’une aide exceptionnelle de 5 millions d’euros, soit une première enveloppe d’urgence pour le gel en complément des dispositifs d’État, qui pourra être abondée d’autant par ses partenaires. Les modalités d’attribution des aides seront définies une fois connues celles de l’État. "Nous mobiliserons également la grande distribution, avec qui nous avons déjà un partenariat de qualité (lire notre édition du 16 avril), pour que les produits locaux soient valorisés dans les rayons, car c’est un débouché important pour nos producteurs", ajoute-t-elle.
Par ailleurs, pour soutenir les jeunes agriculteurs et les viticulteurs récemment installés, la Région maintient le versement des aides à la plantation prévues en 2021, et ce, même si les jeunes plants ont été gelés. De plus, la présidente a proposé au gouvernement la création d’un fonds commun destiné à la filière viticole, qui permettrait de décupler la force des interventions de l’État, de la Région, des Départements et des Intercommunalités. "Ce fonds commun national, décliné dans les régions viticoles, doit permettre de créer un guichet unique pour les producteurs, facilitant ainsi l’obtention d’une aide d’urgence", indique-t-elle. Si la profession salue et remercie le geste de la Région, comme celui du Département et des Intercommunalités, "face à 500 millions d’euros de perdus dans la première transformation, ce n’est pas suffisant", dit le président des vins IGP Pays d’Oc. Mais plus que des aides d’urgence, c’est le système assurantiel et le régime des calamités agricoles qui doivent être revus.
Assurance : avoir un outil ambitieux
Tous s’accordent à dire que la refonte du système assurantiel s’impose. "Les assurances devront se mobiliser et avoir un geste de solidarité avec les producteurs, notamment sur les franchises. Les agriculteurs doivent être plus et mieux protégés face à ces risques récurrents. Cela nécessite donc d’agir sur le long terme en revoyant le système assurantiel, mais aussi en engageant les exploitations dans la transition agroécologique", soutient Carole Delga. Pour améliorer le dispositif assurantiel, la profession demande, de son côté, l’activation, dans la réforme de la Pac, des possibilités du règlement ‘Omnibus’ et la mise en place d’une gouvernance associant l’État, les assureurs et la profession agricole en vue de donner plus de transparence aux différents acteurs.
"Au-delà de cela, il faut repenser le système de protection des risques en agriculture. Il faut une meilleure articulation entre assurance et fonds d’indemnisation. Il est nécessaire de modifier la moyenne olympique, car avec des petites récoltes comme les nôtres suite à la répétition des aléas climatiques, il est très difficile de déclencher l’assurance, ce qui rend cette dernière moins intéressante", relève Jérôme Despey. Il faudrait donc baisser le seuil de déclenchement du niveau des pertes de rendement de 30 à 20 %.
Augmenter la subvention, mieux mutualiser les risques pour faire baisser les primes, restructurer le fonds de calamités agricoles... les pistes ne manquent. Et, à l’heure de la révision de la loi Egalim, envisager de mieux rétribuer le travail des agriculteurs serait aussi une piste sérieuse à ne pas perdre de vue !
Florence Guilhem
Recensement des dégâts par la cellule de crise de la Chambre d’agriculture :
Tél. : 04 67 20 88 17
Mail : celluledecrise@heraultchambagri.fr
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