Les abricotiers ont souffert du gel tombé sur les vergers, entre le 6 et le 7 mars. Pour l’heure, les dégâts ne sont pas estimés trop pénalisants. © Ph. Douteau
Le gel du dimanche 6 au lundi 7 mars a concerné tous les secteurs du Gard, mais n'a pas touché uniformément tous les vergers. Sans commune mesure avec la gelée noire d'avril 2021, encore dans les mémoires, l'épisode de froid a tout de même donné des sueurs froides aux arboriculteurs, des Costières à la Vallée du Rhône. Contrairement à l'an dernier, c'est un gel de rayonnement qui s'est abattu sur les vergers, principalement sur abricotiers au stade de floraison bien avancé, selon les variétés.
S'il est “encore trop tôt“ pour établir un bilan, peu de dégâts “significatifs“ sont à craindre, estime Pascal Delon, ingénieur conseil en arboriculture à la Chambre d'agriculture, bien que certaines fleurs largement brûlées laissent des stigmates plus importants sur les vergers plus durement gelés.
Variétés avancées plus exposées
Échaudés par le gel des 7 et 8 avril 2021, les arboriculteurs étaient sur le qui-vive à l'annonce d'une nouvelle nuit de froid. Variant de – 2 à – 5 °C selon les secteurs, les températures nocturnes ont menacé les abricotiers, dont les stades phénologiques étaient variables, selon les parcelles et les variétés. Dans la Vallée du Rhône, jusqu'à Pont-Saint-Esprit, mais aussi dans les Costières, ainsi que dans la zone d'Uzès à Bagnols-sur-Cèze, certains arbres les moins avancés étaient en pleines fleurs, quand d'autres, plus précoces, en étaient au stade “chute des collerettes“, précédant le stade petit fruit. “Les variétés les plus avancées, et, ou, là où les températures ont été les moins basses, ont le plus souffert“, constate Pascal Delon.
Les arboriculteurs, qui ont protégé leurs vergers, l'ont majoritairement fait via la méthode de l'aspersion, “surtout en Vallée du Rhône, le secteur où l'on peut lutter par aspersion sur frondaison“, note l'ingénieur conseil.
Entre – 4 et – 5 °C, comme dans le nord des Costières, le gel a plus fortement touché les parcelles sans aspersion. Nombreux à s'être équipés en bougies après la déconvenue de l'année dernière, les producteurs ne risquent pas d'enregistrer de pertes trop lourdes (à – 2 et – 3 °C), mais ils seront tout de même pénalisés (entre 10 et 30 %) sur les abricotiers en pleine floraison, d'après les estimations. Si les arbres adultes ont besoin de 7 000 à 8 000 fleurs, environ 1 500 fleurs leur sont nécessaires au stade petit fruit, “voire moins“, précise Pascal Delon.
Jusqu'à 70 % de fleurs touchées
Dans les secteurs les plus gelés, les dégâts de fleurs brûlées peuvent varier de “50 à 70 %“, bien qu'il soit prématuré d'envisager ce qu'il restera sur les arbres. Selon Pascal Delon, ce gel n'affaiblira pas la production globale du département. Pour ceux touchés à hauteur de 20 ou 30 %, les conséquences seront moins marquées que pour d'autres dont les parcelles ont souffert à 90 %, voire plus. C'est le cas de Mathieu Manetti, arboriculteur et viticulteur à Bernis, dont une parcelle de 2,5 ha (sur 7 ha), qui n'a pas pu être protégée, a été touchée jusqu'à 95 %, dans la nuit où le thermomètre est tombé à – 4 °C. “Normalement, c'est une partie où il ne gèle pas. C'est compliqué de savoir ce qu'il va réellement rester.“ Ayant subi des pertes d'environ 40 % en 2021, l'agriculteur a pu enclencher l'aspersion et utiliser des bougies sur d'autres parcelles. “Le reste a été touché entre 10 à 20 %“, évalue Mathieu Manetti, qui attend la fin avril pour y voir plus clair.
“Difficile de se prononcer, en fonction des variétés, car il est trop tôt“, confirme David Sève. Avant de remplir d'éventuels dossiers pour les calamités agricoles, mieux vaut “attendre un peu“. Également arboriculteur, au Mas du Soleil, à Beaucaire et dans la Drôme, le président de la FDSEA du Gard relève des dégâts sur Vauvert, sur une parcelle plus précoce, où il a fait plus froid que dans ses vergers drômois. “On a perdu 50 % des fleurs, mais ce n'est pas un sinistre généralisé.“ Les volumes sont encore possibles, même avec un taux réduit de fleurs par arbre.
Une gelée sous-estimée
À Jonquières-Saint-Vincent, Clément Blayrat n'a, pour l'heure, déploré qu'une parcelle concernée par les retombées du gel, mais “70 % du verger“ est touché. Son exploitation d'une vingtaine d'hectares d'abricotiers, sur 75 ha de raisins de table et de pruniers, a pu être sauvée l'année dernière, exclusivement grâce aux bougies. “Ça m'a coûté cher“, reconnaît-il, mais le jeu en valait la chandelle. Conseillé par des salariés expérimentés, il a doublé la quantité de bougies sur l'exploitation familiale sans pour autant éviter les dégâts cette année, bien qu'ils soient “assez raisonnables“, assure l'arboriculteur. Sur une parcelle d'un hectare, la variété précoce Pricia l'interroge quant à sa sensibilité. N'étant pas habitué à voir ce type de gelée blanche s'abattre sur le village, Clément Blayrat compte compenser les pertes éventuelles par les parcelles qu'il venait d'éclaircir, mais se questionne aussi. “On sous-estime les températures existantes, entre les sèches (repérées sur un thermomètre, ndlr) et les températures humides (quand le refroidissement de l’air dégage de la chaleur, ndlr)“, qui peuvent varier de 1,5 voire 2 °C de différence. Après avoir installé une douzaine de stations météo dans le verger, donnant une variation minime de 0,1 ou 0,2 °C, “il faut savoir choisir, et se donner une limite“ pour intervenir, conseille-t-il.
Le samedi précédant le gel, l'arboriculteur a d'abord misé sur la pose de filets anti-grêle, sur une nouvelle parcelle, mais a “sous-estimé la gelée“, en tardant à allumer les bougies, le mardi 8 mars seulement. Selon l'exposition et les variétés plantées, d'autres arboriculteurs de la zone ont constaté les mêmes méfaits. “Sur les fleurs encore dans le calice, ça a gelé dedans.“
En raison de la proximité de la ligne TGV, “le gel a été bloqué sur la butte du train“, souligne Clément Blayrat, qui assume les remises en question depuis un an. “On va peut-être rehausser les seuils de lutte contre le gel. L'an prochain, on commencera peut-être les alertes plus tôt.“
Philippe Douteau
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