Hugues Moutouh : "J’ai un mode de relation très direct. Je suis très franc et très cash. Avec moi, pas de langue de bois. Je suis un homme d’action. Je suis là pour jouer un rôle de bulldozer." © F. Guilhem
Hugues Moutouh file les métaphores sportives comme dans un dialogue de Michel Audiard, qu’il n’hésite d’ailleurs pas à citer quand le moment s’y prête. En homme rompu aux sports de combat et aux mêlées de rugby, "il faut pousser fort", "il faut aller droit au but", "c’est un combat à mener", enchaîne-t-il. Rompu, l'homme l'est aussi à l'exercice des échanges avec la presse qu’il a maintes fois côtoyée, et sait soigner ses entrées. Un héritage de toutes ses années passées dans différents cabinets ministériels et présidentiel.
Tel un gladiateur entrant dans l'arène pour affronter les lions, Hugues Moutouh entre dans le salon d'honneur où les journalistes attendent patiemment. Il marque un temps d’arrêt, comme le ferait un joueur de rugby, juste avant de tirer une pénalité. Tout le monde retient son souffle. Taille haute, corpulence imposante, crâne rasé, masque en toile militaire camouflage : effet garanti. Le préfet s’amuse, à l’évidence, avant de donner le ton pour les relations qu’il attend d’avoir avec la presse. "J’ai un mode de relation très direct. Je suis très franc et très cash. Avec moi, pas de langue de bois. Je suis un homme d’action. Je suis là pour jouer un rôle de bulldozer", prévient-il. Droit au but !
Arrivé le 15 juillet, au soir, "l’homme d’action" a enchaîné les coups de fil et pris possession des dossiers en cours de la préfecture. Le jour de la cérémonie de son installation, soit le 19 juillet, il a rencontré le maire de Montpellier. Les 15 jours suivants seront rythmés par des visites de courtoisie, comprenez des rencontres de terrain, avec tous les acteurs locaux à même de lui brosser le tableau le plus complet de ce département "très diversifié, de contrastes, avec cette belle ville de Montpellier dans laquelle on est frappé par l’histoire et la culture, ses pôles d’excellence, mais aussi par un taux de pauvreté dans le département de 19,6 %, alors que, dans la Drôme, je le trouvais déjà élevé à 15 %", commente-t-il. Traduction : il y a du boulot sur la planche. Cela tombe bien, l’action, c’est son "truc".
Le "bras armé" de l’État
Agrégé de droit public, Hugues Moutouh commence par une carrière universitaire, avant d’intégrer différents cabinets ministériels (Intérieur, Outre-mer, Santé et sports, Emploi, travail et cohésion sociale, à la recherche) et présidentiel. Une trajectoire qu’il met entre parenthèses en 2012, pour devenir avocat d’affaires associé, durant deux ans, puis chef d’entreprise jusqu’en 2019, avant de redevenir préfet, cette fois dans la Drôme.
Se présentant comme le "bras armé" de l’État, il entend lutter contre "toutes les formes de radicalisme, et pas seulement l’islamisme. Il y a aussi l’ultra gauche". Il veut aussi assurer "la sécurité du quotidien" et "nettoyer la ville" de Montpellier de concert avec son maire. Un langage qui n’est pas sans rappeler celui de l’ancien chef d’État, Nicolas Sarkozy, dont il fut l’un des proches. Sa doctrine, "c’est d’être dur avec le crime et ses causes. Je suis un homme d’ordre". Poutine l’inspirerait-il ? En tout cas, c’est ainsi qu’il a baptisé son chien. Humour féroce ou passion pour les hommes de poigne et d’action, tout aussi rompus aux sports de combat ? On ne saurait dire.
Nouvelles restrictions face au Covid : ce n’est pas exclu
Mais sa première urgence est "d’aller droit au but" sur la pandémie sanitaire. "Le Covid, ça ne va pas fort dans le département", avec un taux d’incidence de 201,4 pour 100 000 habitants. Et la dynamique est "exponentielle", même si le nombre de patients en réanimation reste faible (9) et que la vaccination est plutôt encourageante, selon lui, avec un taux de plus de 85 % chez les plus de 75 ans.
Il n’exclut pas toutefois un durcissement des mesures, avec de nouvelles restrictions sur "les jauges, des contrôles accrus, une extension géographique du port du masque, voire un retour du couvre-feu, mais pas maintenant toutefois". Quelles que soient les mesures à venir, il croit beaucoup à la "territorialisation des mesures. La dentelle, cela me paraît indispensable. C’est une arme à la fois pédagogique et chirurgicale". Le seul moyen aussi de faire comprendre les tenants et aboutissants pour les faire accepter. De la dentelle, c’est aussi ce qu’il compte faire pour l’agriculture.
Le préfet de l’agriculture
L’agriculture, c’est son "dada". Celui qui se déclare "amoureux de la ruralité et de l’agriculture" depuis qu’il les a découvertes lors de son premier poste de préfet, dans la Creuse, en 2010, veut travailler en étroite collaboration avec le monde agricole. Son premier rendez-vous sera d’ailleurs, le 26 juillet, avec le président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, Jérôme Despey, à qui il a déjà assuré qu’il serait "le préfet de l’agriculture".
L’un des premiers dossiers sera le tracé de la LGV, qui empiète, entre autres, sur des terres agricoles de l’appellation Picpoul de Pinet. "L’État s’est engagé dans la préservation de la qualité des sols, de l’eau et de l’air, ainsi qu’à zéro artificialisation nette. Certains projets d’infrastructures entraînent, il est vrai, des emprises sur des terres agricoles. Il faudra faire au mieux", répond-il. Un propos très "cadré" compte tenu de sa récente arrivée, et donc de la découverte des dossiers, mais qui se veut rassurant lorsqu’il ajoute que la pénalisation de l’appellation "rend le sujet encore plus important".
Pour ce qui est de l’enveloppe confiée aux préfets dans le cadre du plan de soutien consécutif au gel d’avril, le préfet rappelle que "l’État a su s’adapter à l’urgence. C’est une profession qui travaille beaucoup, mais qui gagne peu". Avant de conclure, tel l’amoureux de l’agriculture qu’il dit être, que "ce sont des gens qui sont durs au mal. C’est pour cela qu’on les aime". Comme au rugby, ne reste plus qu’à transformer l’essai, monsieur le préfet. Les agriculteurs, tout autant hommes d’action, sont prêts à entrer en mêlée.
Florence Guilhem
JA Occitanie
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