Vincent Risse, chef de projet régional biométhane chez GRDF, Coralie Welsch, ingénieur agronome, Rémy Mouton, conseiller recylcage et bio-énergies à la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et Xavier Jourdan, céréalier sur Arles.
Les cultures intermédiaires - qui se positionnent entre deux cultures principales - peuvent trouver une autre voie de valorisation, tout en présentant de nombreux avantages pour la fertilité des sols, la biodiversité, ou en étant exploitées dans le cas d’un pâturage. “La méthanisation est un processus naturel, qui valorise les matières organiques agricoles en produisant du biogaz, source de revenu complémentaire pour les exploitations, et du digestat, fertilisant organique naturel”, explique Vincent Risse. Encore très peu développée dans le sud par rapport à d’autres régions, “la méthanisation agricole connaît, autour des cultures intermédiaires, un véritable boom depuis deux ans”, rapporte Vincent Risse, “dans toute la France et particulièrement dans l’Ouest, le Centre et l’Est. En région Paca, elle pourrait participer au développement d’une économie circulaire, où les déchets deviennent une source d’énergie renouvelable. GRDF et plusieurs autres acteurs institutionnels et professionnels travaillent sur le sujet pour développer la pratique, et accompagner les agriculteurs qui veulent se lancer. “Avec Métha Synergie, nous proposons aux agriculteurs intéressés d’établir un business plan à l’échelle de leur exploitation. Nous regardons quelles surfaces peuvent être exploitées, ce qui peut être cultivé et méthanisé, avec quels investissement et revenus potentiels “, indique Vincent Risse.
Un contrat sur 15 ans
L’État souhaite clairement développer la filière en France. Il a fixé les tarifs de revente de biométhane par contrat sur 15 ans, en garantissant un prix au mètre cube de biométhane injecté dans le réseau, ce qui permet à l’exploitant, qui souhaite se lancer aujourd’hui, de minimiser les risques, et de s’assurer une recette. L’enjeu, dans la méthanisation agricole, est de pouvoir raccorder les exploitations au réseau de gaz pour qu’elles puissent l’y injecter. Là aussi, l’État apporte son soutien et a demandé au distributeur de gaz de participer au coût de raccordement à hauteur de 40 %. “Dans le sud et la Camargue notamment, qui bénéficie de l’eau et du soleil, il y a vraiment quelque chose à faire avec les intercultures”, assure Vincent Risse.
La paille de riz possible intrant
Différents types de matières peuvent être mobilisées dans le processus de dé- gradation. “Beaucoup pensent d’abord aux fumiers et aux lisiers, mais ce sont des matières déjà digérées. Donc, tout ce qui est organique peut être utilisé, les cultures intermédiaires bien sûr, les résidus de cultures, mais aussi les pailles, dont le pouvoir méthanisant est important”, souligne le responsable de chez GRDF.
Des tests sur la paille de riz doivent aussi être réalisés, la silice pourrait s’avérer cependant contraignante, et trop abrasive pour les méthaniseurs. Mais la possibilité de valoriser ce résidu pourrait susciter un intérêt certain chez les riziculteurs, quand l’on sait que “dix tonnes de pailles peuvent générer une recette de 1 300 €”, d’après Vincent Risse.
Production d’un fertilisant naturel
La méthanisation agricole se présente donc comme une solution potentielle de revenus complémentaires pour les exploitations. Avec la production de biogaz épuré, et injecté dans le réseau de gaz naturel, le processus de méthanisation agricole produit aussi un digestat, qui peut être épandu, sans transformation, sur les terres agricoles, en étant utilisé comme fertilisant. Tout en produisant une énergie renouvelable et locale, cette technologie présente donc, pour une exploitation agricole, des avantages réels non seulement au plan agronomique, mais aussi économique. Reste à calculer le projet et son montage financier pour se lancer. Beaucoup de schémas et de modèles de production sont possibles, “à l’échelle d’une ferme ou par un regroupement de plusieurs exploitations. Un projet d’unité de méthanisation peut aussi drainer des agriculteurs non investisseurs, susceptibles de revendre leur matière première et de racheter du digestat”. Selon le responsable de chez GRDF, “le plus petit projet doit, au minimum, s’appuyer sur un gisement de 5 000 t/an, mais la taille cible est d’environ 10 000 t/an de cultures intermédiaires, ce qui mobilisera environ 1?000 hectares”. Pour l’investissement dans une unité de méthanisation, il faudra compter sur une moyenne de 2,5 M € à 3 M d’€. Un investissement pour lequel l’apport en fonds propres de l’agriculteur sera de 10 %, les aides de l’Ademe1 et de la Région d’environ 20 %, complétés par une levée de dette bancaire pour le reste du financement du projet.
Emmanuel Delarue
1 : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
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