HÉRAULT
Depuis qu'il a découvert les Terrasses du Larzac, Jean-Baptiste Granier n'est jamais redescendu des hauteurs de Saint-Privat. L'altitude bienfaitrice de l'appellation épargne les vignes de toute turbulence climatique, et permet de confectionner des vins à tête reposée. Défi payant pour les Vignes oubliées, qui ont décroché une deuxième étoile au Guide vert de la Revue du Vin de France.
Jean-Baptiste Granier
© Crédit photo : PhD
Il a "baigné" dans le Languedoc depuis sa plus tendre enfance. Porteur de ressources et au potentiel à encore perfectionner, dans les sillons déjà creusés par les anciens, le vignoble régional recèle bien des trésors, climatologiques et pédologiques. En s'installant à Saint-Privat en 2007, ce petit-fils, fils et neveu de vignerons, a jeté son dévolu sur des parcelles du contrefort du Larzac, convaincu depuis des années que "les Terrasses du Larzac étaient un grand terroir du Languedoc". Un palais exercé aux dégustations en compagnie de son père, Jean-Philippe Granier, vigneron au mas gardois éponyme et directeur technique des Vins AOC Languedoc, et un apprentissage auprès d'un mentor renommé, Olivier Jullien (Mas Jullien), ont façonné l'acuité viticole de Jean-Baptiste Granier. Et conforté les certitudes du vigneron.
Ce qui a séduit Jean-Baptiste Granier en découvrant le secteur, c'est d'abord la présence de bois et de forêts environnants. À l'image du vignoble languedocien cher à son cœur, la diversité végétale, outre la vigne, est trop précieuse pour balayer des pratiques ancestrales ou plus récentes, mais délaissées. "Les oliviers, la polyculture ou l'élevage extensif qui empêche le feu", sont les facettes d'une même médaille, celle de vignes riches à préserver. C'est pour cela qu'il a mis le cap, après son diplôme d'ingénieur à Montpellier SupAgro, sur les 3 ha avec lesquels il a démarré, une fois son stage chez Olivier Jullien terminé.
"Toute ma vie n'est que rencontres", confie Jean-Baptiste, héritier d'un sens paysan acquis auprès de son grand-père Marcel Granier, puis de son père et de son oncle Dominique. Parrainé par le propriétaire du Mas Jullien, il a débuté par l'achat de raisin, avant de s'approprier les terres et de s'étendre aujourd'hui sur 14 ha. "Olivier Jullien m'a bien fait comprendre la spécificité des lieux, par exemple, les petits gestes, le respect de l'endroit, sans opérer de changements radicaux", et de passer progressivement et naturellement au bio.
Vieux grenache, carignan, cinsault, clairette, il a fait ses essais. En rachetant les vignes à un viticulteur, le vigneron a "recréé une petite coopérative privée, à trois", en tant que négociant vinificateur, avant d'élaborer ses vins dans son propre chai.
De par son avantage géo-pédologique, le terroir des Terrasses du Larzac est un atout inestimable pour la résistance des vignes, jouissant d'une situation en altitude idéale pour éviter les aléas, du gel comme de la récente sécheresse estivale. Jean-Baptiste Granier préfère, lui, parler d'une période de "canicule aux températures élevées, étendue sur trois mois". Grâce à la réserve en eau dans ces sols, 90 % des Vignes oubliées ont pu tenir jusqu'aux averses du 15 août. Avec des parcelles perchées entre 350 et 400 m, le gel n'a pas fait le poids l'an dernier. Mieux, le vigneron a fait un millésime "exceptionnel".
Dans les années 1990, l'une des erreurs fut de miser sur des porte-greffes limitants, ce qui a "accentué les effets de la sécheresse", considère Jean-Baptiste. Épargné par ses effets et les excès de chaleur, le vignoble peut compter sur son ADN pour faire face. Encore faut-il l'expertise et le coup de main suffisants pour l'y aider. "J'ai repris toutes les vieilles vignes compliquées à cultiver, en gobelet. Cela m'a réconforté dans mon choix", observe Jean-Baptiste, qui voit là la meilleure taille pour offrir de l'ombrage au raisin, et éviter les brûlures, sans aller chercher des solutions technologiques coûteuses, comme le photovoltaïque. "Il ne faut pas capter le soleil, mais s'en protéger !"
"On a déjà tout ce qu'il faut chez nous pour résister au changement climatique", persiste et signe Jean-Baptiste, égrenant pêle-mêle le travail sur le végétal, sur les cépages, sur les sols ou les porte-greffes. Son mantra ? "Revenir aux fondamentaux qui mettent la vigne en condition pour se débrouiller toute seule."
Quant aux perspectives affichées par la filière des cépages résistants, il n'est pas vraiment preneur. "C'est une impasse dans laquelle on nous envoie. C'est scientifiquement mensonger, car la résistance sera contournée. Cela revient à commettre les mêmes erreurs qu'avec les cépages améliorateurs, comme ce fut le cas pour la syrah en Languedoc", déplore le vigneron, qui alerte sur les risques de la monoculture, des mono-cépages et de tout ce qui pourrait nuire à la biodiversité variétale. Il en reste convaincu, "ce qui nous sauve aujourd'hui, ce sont les vignobles diversifiés, dans les cépages comme les porte-greffes", et ne saurait que conseiller de puiser cette diversité dans la sélection massale. Pour autant, il ne reste pas totalement réfractaire aux cépages du Sud, si besoin, mais avec parcimonie, afin d'éviter "de faire venir de nouvelles maladies".
À l'abri des regards et des rayons du soleil, les cuvées sont élevées secrètement dans une grotte naturelle, non loin du domaine. Au frais, les fûts patientent un an, ainsi que la cuvée en AOC Terrasses du Larzac, depuis 2013. Jean-Baptiste y garde aussi précieusement des vieux millésimes et des grands formats (jéroboam), à la manière des Bourguignons "qui ont conservé des vins d'un autre temps".
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