Hérault
Trois jours avant le rendez-vous de la filière viticole avec le ministre de l'Agriculture, les organisations professionnelles agricoles de l'Hérault ont sollicité leurs parlementaires pour qu'ils les appuient sur leurs revendications.
Les représentants de la filière viticole héraultaise demandaient, le 23 janvier, aux parlementaires du département de relayer leurs propositions au national pour aider les viticulteurs à passer ce cap difficile.
© Crédit photo : FG
Il n'est plus l'heure de perdre du temps au vu de "l'urgence de la situation de la viticulture", lâche le président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault, Jérôme Despey, aux parlementaires du département, qu'il avait invités, le 23 janvier. Si la filière viticole n'est pas encore sous perfusion, les difficultés qu'elle cumule depuis ces dernières années ont fini de la fragiliser, et pourraient bien inciter nombre de ses professionnels à jeter l'éponge, tant la coupe est pleine du fait des cataclysmes qui lui sont tombés sur la tête.
"Je le dis et on le dit, dans l'agriculture française, départementale et régionale, aucun autre secteur que le nôtre n'a vécu autant d'aléas : la taxe Trump, dont le conflit n'est pas résolu sur le fond ; le Covid avec la fermeture de la restauration hors domicile, celle des frontières et l'annulation des salons professionnels ; l'épisode de gel de 2021 ; les conséquences de la guerre d'Ukraine sur l'inflation, la flambée de nos charges et une déconsommation du vin qui s'accélère", énumère Jérôme Despey. Aussi plutôt que de subir et d'attendre "l'opération du saint Esprit", la filière a listé différentes mesures pour sortir de cette période de turbulences, qu'elle demande à ses parlementaires de relayer.
Face à la chute de consommation des vins, desservie par ailleurs par la dernière campagne animée par Santé publique France sur le mois de janvier sans alcool, la filière demande à l'État de cesser cette stigmatisation et de l'accompagner dans une campagne de promotion sur une consommation modérée. "De telles campagnes sont insupportables. Nous avons une démarche de responsabilisation par rapport à la consommation du vin. On vous demande donc de nous soutenir en lançant une politique de consommation de modération", décline François-Régis Boussagol, président des Vignerons indépendants de l'Hérault. La demande suivante portée par la filière est l'allongement du délai de remboursement des prêts garantis par l'État (PGE), de six à dix ans. En Occitanie, 55 % des vignerons en caves particulières ont souscrit un PGE pour 18 % de leur chiffre d'affaires, ainsi que 112 caves coopératives en Languedoc. Tous ces prêts ont été utilisés et les viticulteurs ont déjà commencé à les rembourser. Aussi obtenir un délai de remboursement permettrait d'alléger quelque peu les trésoreries des exploitations. Mais le ministre de l'Économie n'y est pas favorable, craignant un effet de contagion sur les autres secteurs d'activité.
Autre point : une révision du bouclier tarifaire pour contenir la hausse des prix de l'électricité. Les nouveaux contrats signés par les caves coopératives viticoles ont provoqué en leur sein "la stupéfaction", déclare Fabien Castelbou, président du comité héraultais des Vignerons coopérateurs d'Occitanie. Qu'elles soient vraqueuses, mixtes ou ne faisant que de la bouteille, les factures ont littéralement flambé, de trois à quatre fois supérieures à ce qu'elles étaient. Or, le calcul des aides sur le surcoût énergétique, tel qu'il a été élaboré par les pouvoirs publics, exclut tout un pan de caves coopératives. Aussi "nous demandons, d'une part, que les petites caves coopératives puissent renégocier leurs contrats, ainsi qu'il sera fait pour les boulangers, et, d'autre part, de pouvoir accéder au bouclier tarifaire sur la partie énergie", précise-t-il.
La filière le répète à l'envi : l'arrachage définitif, c'est niet. Pour conserver son potentiel de production et ne pas annihiler les efforts de restructuration du vignoble entrepris depuis des décennies, elle demande une distillation ciblée, du stockage privé et une replantation différée. L'enveloppe globale pour le stockage privé dans tous les bassins viticoles est estimée à 60 M€ et celle de la distillation à 250 M€. Pour y accéder, la filière propose que soient activés les crédits de crise de l'Union européenne, qui dispose chaque année de 450 M€. Dans tous les cas, "on ne veut pas décapitaliser. À la différence du Bordelais qui demande l'arrachage définitif, nous n'avons besoin, nous, que d'un arrachage temporaire", insiste Jérôme Despey. Le principe est le suivant : les cinq ans sans production seraient indemnisés, avant replantation ou transmission à un jeune agriculteur. Seul hic : la réglementation européenne ne permet pas de transmettre à un jeune au terme de ce délai et impose une replantation au même endroit.
Le dernier point abordé a été celui de la refonte de la certification HVE, dont plusieurs ONG réclament sa suppression (une plainte a été déposée au Conseil d'État, ndlr). "Les viticulteurs se sont engagés fortement dans cette démarche sauf, qu'en cours de route, les règles du jeu ont changé avec des contraintes renforcées. Or, la certification est devenue la condition sine qua non d'accès au marché. Il faut nous aider à ce que les règles soient plus accessibles", conclut le secrétaire général de la FDSEA 34, Guilhem Vigroux.
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