GARD
En signant une convention portant sur une irrigation éco-responsable, à la veille de la Journée mondiale de l'eau, la Chambre d'agriculture du Gard et BRL prolongent leurs échanges de bons procédés hydriques.
Avant la signature de la convention entre la CA 30 et BRL, la préfète était conviée à découvrir la station de pompage de Générac, vouée, avec celle de Vauvert, à couvrir les 630 ha du projet Collines des Costières. Denis Verdier (VPA), Jean-François Blanchet (BRL), Magali Saumade (CA 30), Marie-Françoise Lecaillon et Fabrice Verdier (BRL, Occitanie).
© Crédit photo : PhD
Depuis des années, l'union entre la Chambre d'agriculture et BRL est une affaire qui roule. Département comptant 40 000 ha équipés pour l'irrigation, le Gard conserve son potentiel d'accès à l'eau, notamment via le Rhône, mais l'époque des grandes eaux et des grands moyens qu'a marquée de son sceau Philippe Lamour, en créant les infrastructures du canal du Bas-Rhône Languedoc, est bien révolue.
Les partenaires sont désormais liés par une convention pensée et prévue pour gérer l'eau "de façon rigoureuse, avec parcimonie, et la volonté de promouvoir le foncier agricole déjà irrigué", déclarait Fabrice Verdier, lors de la signature, le 20 mars, à la cave coopérative de Générac (Vignerons Propriétés Associés, VPA). Si la ressource rendue accessible par les disponibilités offertes par le Bas-Rhône n'est pas encore tarie, "ce n'est pas parce qu'on a un droit de prélèvement qu'il faut en tirer le maximum", prévenait le conseiller régional et président du conseil d'administration du groupe BRL. Ce "bien commun qui permet notre alimentation, ce n'est pas rien", acquiesçait Magali Saumade, présidente de la Chambre d'agriculture, partenaire technique de BRL dans cette convention triannuelle à vocation d'accompagnement des producteurs et d'optimisation de la ressource en eau.
Les temps ont changé en 70 ans. Et l'agriculture a dû et doit toujours adapter ses pratiques pour s'y conformer. Entre l'accélération du changement climatique et la ressource en eau à préserver, cette convention s'inscrit dans un long-termisme où tous les acteurs sont concernés et sollicités. "On ne peut plus être seul sur un projet, comme à l'époque de Philippe Lamour", affirme Jean-François Blanchet, directeur général du Groupe BRL. Jouer collectif et être actif sur un territoire, entre les communes, les agglomérations, le Département, la Région, et l'Union européenne, est devenu la condition sine qua non "d'une alimentation de qualité à un bilan carbone limité". La ressource a ses limites, aussi, l'équation s'avère "complexe", reconnaît le directeur général. Mais "on a de l'intelligence collective" pour apporter la nécessaire pierre "à l'édifice d'une agriculture de précision, à la fonction paysagère et limitante des risques d'incendies".
Encore disponible, mais "pas inépuisable", comme le rappelle Fabrice Verdier, l'eau venue du canal doit plus que jamais être gérée et distribuée à point nommé. Le partenariat "majeur" établi sur l'extension du réseau hydraulique BRL s'envisage comme un levier de "résilience de l'utilisation de l'eau en agriculture", souligne Magali Saumade, saluant le double ancrage de la structure, autant gardoise qu'occitane. Il s'agit alors de "créer un outil de partage d'information et de mutualisation de nos énergies, dans le cadre des crises que nous connaissons".
Plus précisément, ladite convention s'établit pour prévenir "des usages non optimisés", explique Jean-François Blanchet. À l'attention des primo-irrigants, pour accompagner leurs pratiques, et de "tous ceux qui irriguent déjà", en vue d'améliorer celles-ci, BRL entend diriger les méthodes des professionnels vers une irrigation de précision. "Il ne s'agit pas juste d'optimisation, mais aussi d'un enjeu environnemental", insiste le directeur général. Que l'eau circule aujourd'hui est un fait entendu, mais le tout est de pouvoir y compter dans les 20 à 30 ans à venir. Ainsi, BRL mise sur un amortissement à long terme à chaque projet d'extension, sur "au plus, 50 ans d'entretien du réseau pour le faire durer".
Couvrant Générac, Beauvoisin, Saint-Gilles et Vauvert, le projet d'irrigation 'Collines des Costières' (voir encadré), bientôt inauguré après un an de travaux, est l'un des ces "gestes d'aménagement" inscrit dans la durée. Évoquant des économies en eau de 30 % au regard des apports d'il y a une vingtaine d'années, Jean-François Blanchet a exposé à la préfète Marie-Françoise Lecaillon la nécessaire irrigation de la vigne aujourd'hui. "Un hectare nécessite environ une consommation de 500 à 700 m3." Mais selon un mode éco-responsable, respectueux de la biodiversité locale.
S'agissant d'apporter "la goutte d'eau quand il faut", c'est l'irrigation raisonnée qui est privilégiée, appuie Denis Verdier, président de VPA. Dans les vignes de la coopérative, l'enherbement a été mis en place, pour substituer la "fumure naturelle" aux engrais chimiques, complété par les produits organiques issus de la cave, comme le marc de raisin séché. "On arrive à avoir des sols qui vivent mieux et à être plus efficace en cas de risque de sécheresse", ajoute-t-il. Reste la question de la réutilisation des eaux usées. Denis Verdier en a profité pour relever l'intérêt de l'usage de ces eaux des bassins de décantation (de 2 ha pour celui de la cave) qui s'évaporent, alors qu'elles pourraient remplacer des volumes d'eau propre dévolus à l'irrigation.
"Sujet de territoire" s'il en est pour la préfète du Gard, l'eau doit désormais se conjuguer avec la "sobriété" prônée dans tous les domaines de la consommation. "Il faut une utilisation territorialisée" afin "d'adapter les restrictions pour les agriculteurs engagés dans des démarches" plus économes en eau, et que les arrêtés "tiennent compte de ceux qui ont investi". Si Marie-Françoise Lecaillon convient qu'un arrêté cadre ne pourra tout englober en raison des besoins variables en viticulture ou en maraîchage, des dérogations sont possibles. "On a fait des progrès", déclare la préfète. Rendez-vous dans trois ans pour un premier bilan, et compter les (bons) points.
Huit ans après les premiers échanges, le projet d'extension de BRL 'Collines des Costières' va voir le jour prochainement. 630 ha, sur 4 communes, seront irrigués, selon un débit de 380 m3/h (107 l/sec) et un pompage de 13 bars. Initialement, l'opération était estimée à 3,7 M€, mais la hausse des matières premières et de l'énergie ont causé un surcoût de près de 40 % pour le maître d'ouvrage BRL, portant l'investissement final à 5,2 M€. La Région a investi 1,29 M€, l'UE-Feader, 1,12 M€, le Département, 547 587 €, et BRL et bénéficiaires, 2,24 M€.
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