Pour les distilleries régionales, c’est parti pour un marathon qui n’est pas près de laisser refroidir les chaudières. “Alors que nous étions encore en train de produire de l’alcool pour la fabrication de solutions et de gels hydro-alcooliques, nous démarrons à présent cette campagne de distillation de crise. Il y a une forte demande de la part de nos adhérents alors que les vendanges et les premiers marcs vont arriver très vite”, dévoile Thierry Galindo, directeur de la distillerie coopérative d’Argeliers, dans l’Aude.
Ainsi, depuis le 5 juin, les souscriptions d’engagement à cette distillation de crise sont ouvertes pour les adhérents des distilleries. Celles-ci ont pu recevoir ces demandes jusqu’à ce 19 juin, avant d’adresser le tout à FranceAgriMer le 22 juin. Ce ne sera qu’à partir de cette date que l’on pourra connaître l’ampleur réelle de la demande à l’échelle nationale. Et les spéculations et inquiétudes vont bon train tant d’aucuns estiment que les prévisions de 2 millions d’hectolitres (Mhl) financés pourraient être dépassées.
“On se demande surtout comment va se comporter le bassin bordelais. Ils avaient tablé sur quasiment 1 Mhl à distiller, mais nous n’aurons aucune certitude avant le 22 juin et la compilation des souscriptions pour l’ensemble du pays”, précise Axel Tapissier, directeur de la distillerie Sud Languedoc, qui regroupe 250 adhérents entre Ornaisons et Sigean (Aude).
En effet, si la somme des demandes nationales adressées à FranceAgriMer le 22 juin dépasse les 2 Mhl, un pourcentage de réfaction sera appliqué proportionnellement au surplus de volume enregistré. Le prix à l’hectolitre ne bougera pas, mais ce seront les volumes demandés qui seront amputés.
Anticiper pour ne pas être dépassé
Mais la principale difficulté à surmonter pour les distilleries reste l’étroitesse de la fenêtre d’intervention, la plupart des structures se hâtent donc d’entamer le processus de distillation. “Nous avons commencé à distiller le lundi 15 juin. Les retours de nos adhérents nous indiquent que nous devrions dépasser les 120 000 hl de souscription”, poursuit Thierry Galindo, dont la distillerie compte 130 adhérents.
Les livraisons de vins et la distillation pouvaient débuter dès le 5 juin, mais plus rien ne pourra être distillé après le 12 septembre, alors que les premiers marcs de la récolte 2020 arriveront au mois d’août. La période de congés estivaux ne vient pas faciliter la tâche des distilleries, qui devront aménager les rotations de vacances du personnel et certainement faire appel à des intérimaires. “Sauf que le personnel qualifié pour ce genre de travaux n’est pas si simple à trouver”, valide Thierry Galindo. Résultat : toutes les structures sont déjà passées en ‘trois-huit’ pour absorber au mieux les volumes à distiller au cours de la période fixée.
“Les niveaux de rémunération proposés pour cette campagne de distillation sont intéressants, ce qui explique la forte demande. Certes, c’est un mécanisme qui n’avait plus été mis en œuvre depuis une dizaine d’années, mais que nous connaissons bien. Nous allons nous adapter, mais nous établirons définitivement l’organisation des congés lorsque nous aurons les chiffres consolidés le 22 juin”, reprend Axel Tapissier.
5 €/hl pour les distilleries
Chez Grap’Sud, qui regroupe six sites de production dans l’Aude, le Gard et le Var, “les premiers sondages qui sont remontés de nos 2 000 adhérents nous font envisager un volume de 250 à 300 000 hl juste pour le midi, avec peu de souscriptions en Provence”, explique Yoann Maillard, directeur marketing du groupe basé à Cruviers-Lascours, dans le Gard.
Les vins ont commencé à arriver à partir du 10 juin et les premières distillations le 15 juin.
“Les équipes étaient affectées à d’autres productions, mais nous nous adaptons”, reprend Yoann Maillard. À raison de 60 000 hl traités par semaine de cinq jours, et 72 000 hl en passant à sept jours sur sept, le groupe estime pouvoir absorber les volumes de cette distillation de crise en cinq à sept semaines.
Dans l’attente d’une éventuelle réfaction, Grap’Sud a toutefois instauré un plafond d’apport, fixé à 40 % de la demande de chaque souscripteur, pour pouvoir ensuite communiquer les quotas définitifs à ses adhérents après le 22 juin.
Les distilleries recevront 5 €/hl de la part de FranceAgriMer (dans la limite nationale de 10 M€) pour couvrir leurs frais de transport, de distillation et le surplus administratif. Elles estiment, dans l’ensemble, ne pas gagner d’argent avec cette opération.
En effet, ce sont elles qui rempliront le rôle d’intermédiaire entre les souscripteurs et FranceAgriMer, que ce soit pour les souscriptions comme pour le versement de la prime aux vignerons. Celui-ci devra être effectué à la fin du mois de novembre au plus tard.
Olivier Bazalge
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