La cave coopérative du Thoronet a vu le jour il y a 110 ans. Bâtie en plusieurs fois, elle s'est agrandie jusque dans les années 70 et a compté jusqu'à 40 000 hectolitres de cuverie. C'est ici, aujourd'hui, qu'est vinifiée la production de La Guilde des Vignerons de Cœur du Var, née au début des années 2000 de la fusion de La Thoronéenne et de la Cannetoise. La coopérative rassemble actuellement 43 coopérateurs et coopératrices, qui cultivent quelque 250 ha de vignoble en AOC Côtes de Provence et IGP Var.

Faire place aux jeunes coopérateurs et coopératrices

Parmi eux, Éric Bessone entame sa quinzième année de présidence, entouré d'un conseil d'administration dynamique, au sein duquel la jeune génération a toute sa place. "On a une petite dizaine de jeunes de moins de 30 ans, qui se sont installés principalement en reprise familiale ces dernières années. Ils sont invités d'office aux réunions du conseil d'administration. On les encourage aussi à s'impliquer dans la section 'Jeunes vignerons coopérateurs' de la Fédération des caves coopératives du Var, et à participer aux dégustations des concours. On les fait participer le plus tôt et le mieux possible, pour qu'ils apprennent le métier, le fonctionnement et la gestion de la cave, et qu'ils soient porteurs d'idées. On est content de voir qu'il y a aussi beaucoup de jeunes femmes. Elles et ils sont notre avenir", se réjouit Éric Bessone.

Les jeunes ont notamment la responsabilité de la commission boutique de la coopérative. Ils ont, dans ce cadre, travaillé dernièrement à la réalisation du futur logo de la Guilde, en s'inspirant du fronton de la cave, pour allier modernité et authenticité. "Ici, on a de vrais jeunes qui s'occupent de vrais sujets. Ils ont fait du très bon boulot, validé par le conseil d'administration. Ils ont su faire quelque chose de moderne, en lien avec notre histoire. C'est très réussi", apprécie le président.

Une dynamique régulière d'investissements

C'est aussi résolument tournée vers l'avenir que la coopérative mène une politique régulière d'investissements. Déjà équipée de cuverie béton et inox thermorégulée, d'un quai automatisé, d'un échangeur pour refroidir la vendange, de pressoirs pneumatiques, d'une chaîne d'embouteillage, d'une unité de mise en Bib et d'un générateur d'azote - qui sert à la fois à la vinification et à la mise en bouteille -, la cave doit achever sa boucle de froid pour la prochaine vendange. "On avance par tranche, en travaillant avec des gens de confiance. Et avec les mises aux normes qui n'en finissent plus, c'est un éternel chantier. Notre boulot, c'est de maintenir notre capacité à investir dans le temps. On amortit 80 000 à 90 000 euros d'investissements par an, et ça nous réussit plutôt pas mal. En frais, on n'est pas les plus chers, et en rémunération, on n'est pas les plus mauvais", explique Éric Bessone.

Le dernier investissement en date remonte à l'an dernier, avec la réfection de 1 000 m² de toiture, dont la moitié a été équipée de panneaux photovoltaïques. "C'est un vieux sujet chez nous : on en parlait depuis 15 ans, mais les mentalités n'étaient pas prêtes. Jusqu'à 2021. On a reçu un commercial, il fallait qu'on refasse la toiture et les coopérateurs étaient prêts à se lancer", relate le président de la cave. Et les Vignerons de la Guilde ont eu le nez creux, à la veille de la flambée des cours de l'énergie.

Mise en service en août 2022, l'installation est utilisée en priorité en autoconsommation. Le surplus de production est vendu à EDF, depuis décembre dernier. "Hors vendange, les panneaux doivent couvrir 70 % de notre consommation annuelle. Ça fait quatre mois que l'on n'a pas eu de facture d'électricité à payer", indique Éric Bessone.

S'adapter en privilégiant toujours la qualité

Au vignoble, s'il n'y a pas, pour l'heure, de démarche en agriculture biologique, 95 % des surfaces de la coopérative sont certifiées Haute valeur environnementale de niveau 3. Et les vignerons commencent à s'essayer aux cépages résistants, pour faire face au changement climatique. Ces dernières années, la cave a surtout été impactée par le gel et la grêle, mais la sécheresse commence aussi à se faire ressentir. "On est accompagné par le technicien d'Estandon. On voit ce qui se fait, on avise et on s'adapte, comme on le fait depuis plus de 100 ans. Après, ici, à part quelques forages, on n'a pas d'eau et ça devient compliqué. Mais l'eau doit de toute façon servir à maintenir le végétal, pas à faire de la quantité. Parce que notre salut passe par la qualité, pas par les rendements. C'est notre leitmotiv. On suit la vigne et les raisins de près, on fait des contrôles, on attend le temps qu'il faut pour vendanger et avoir une qualité optimale. Visiblement, les acheteurs sont satisfaits et les coopérateurs sont correctement rémunérés. Donc, on ne doit pas trop se tromper", défend le président de la Guilde.

Le gros de la production (de l'ordre de 12 000 hl par an) est commercialisé via l'union de coopératives Estandon Vignerons en Provence et auprès de grandes maisons. 1 500 hl sont néanmoins vendus conditionnés dans les deux boutiques de la coopérative, au Thoronet et au Cannet-des-Maures. La gamme se décline en AOC Côtes de Provence et IGP dans les trois couleurs. Bières locales et de produits du terroir, dont les fournisseurs se situent dans un rayon de 25 km, complètent l'offre.

Et, comme l'avenir se prépare aujourd'hui, les vignerons réfléchissent en ce moment à un nouveau concept, pour mettre en valeur les produits de la coopération sur le site du Cannet. À suivre, donc. 

1913 : Création La Thoronéenne, site de vinification actuel

2001: La Guilde des Vignerons de Cœur du Var naît de la fusion des coopératives vinicoles La Thoronéenne et La Cannetoise

250 hectares de vignoble dont environ 190 ha en AOC Côtes de Provence et 60 ha en IGP Var

43 coopérateurs et coopératrices

12 000 hl de production annuelle moyenne

1 500 hl commercialisés dans les deux boutiques de la coopérative au Thoronet et au Cannet-des-Maures

5 salariés permanents et 3 saisonniers