PACA 13/07/2023
Partage

Phenix en Provence

La tomate, super ingrédient pour la cosmétique !

Qui aurait cru, il y a quelques années, que le circuit de valorisation de la tomate d'industrie pouvait encore se prolonger ? Leila Falcao y pensait, puis elle a su s'entourer. Avec l'appui de la Sonito, elle a trouvé en la CAPL un actionnaire de choix pour monter ce projet dont l'outil industriel est désormais fonctionnel. Place à la préparation d'ingrédients pour... la cosmétique !

Le tri est effectué de façon très précise, grâce à une machine utilisée initialement pour trier l'or.

© Crédit photo : ML

Leila Falcao est une scientifique brésilienne. Une "artiste-chimiste" selon ses propres mots. L'idée dont provient Phénix en Provence, joint-venture entre Inaturals, bureau indépendant de R&D - dont elle est fondatrice - et la Coopérative agricole Provence Languedoc (CAPL) vient d'elle. Son objectif ? Aller jusqu'au bout de la filière et valoriser les coproduits de la tomate sortant de l'usine du Panier Provençal à Tarascon, et pourquoi pas dans la cosmétique.

Si l'innovation sur laquelle elle se base est bel et bien soutenue scientifiquement, l'idée de Leila s'inspire d'une approche du XVIe siècle : la théorie des signatures. "Il y a cette idée que les semblables soignent les semblables. On avait déjà pu vérifier les bienfaits de la tomate pour la peau, contre les rougeurs. Nous avons donc décidé d'aller plus loin dans la recherche", explique-t-elle aux personnes présentes à l'inauguration, qui se tenait vendredi 7 juillet.

Tellement plus loin que, grâce aux essais menés, les actifs extraits des drêches de tomates préalablement séchées et triées ont été brevetés, puis certifiés Cosmos (Cosmétiques biologiques et naturels, en français) l'année dernière. On retrouve ainsi une cire, un hydrolat et une huile, tous sous la gamme Intelligene® (respectivement Defense, Water et Oil) dont la certification a d'ailleurs été renouvelée la veille de l'inauguration.

Les cosmétiques ne sont pas fabriqués sur place. Sur le site du Panier Provençal à Tarascon, les drêches - soit, la peau et les pépins - sont séchées et triées, puis envoyées chez AFSC, à Nyons, pour l'extraction des actifs nécessaires à la préparation des cosmétiques. Pour ce dernier aspect, la mise en relation avec les marques est effectuée par le biais de Cosmetic Valley, le pôle de compétitivité et le coordinateur national de la filière parfumerie cosmétique.

Des partenaires précieux pour un outil innovant

Mais, pour arriver à cela, il faut tout un procédé technique et précis, permis par un outil industriel qui a requis environ deux millions d'euros, et que la cofondatrice de Phénix en Provence décrit à son assemblée.

"La construction du site industriel a débuté en janvier sur le site même du Panier Provençal, collé à la centrifugeuse, afin d'être au plus près et de récupérer directement les drêches qui sortent à 85°C. Elles passent ensuite dans un four rotatif, qui chauffe à environ 160°C, puis sont transférées dans le broyeur. Le trieur est la partie la plus innovante de notre outil, puisqu'il s'agit de la première machine de tri sans eau en Europe. L'eau étant de plus en plus rare, nous devions absolument trouver un système qui fonctionnait sans. En provenance du Japon, elle sert normalement à trier l'or de la terre. Si elle a été utilisée à d'autres fins, c'est la toute première fois qu'elle est valorisée en agroalimentaire en Europe", détaille Leila Falcao.

"Sur 200 m², nous avons monté une ligne pour récupérer l'eau de tomate, qui est stérilisée et conditionnée. Il s'agit d'une eau dite botanique, c'est-à-dire qui peut permettre aux marques cosmétiques de valoriser davantage le pourcentage de naturalité de leurs produits", ajoute-t-elle.

Les financeurs, en plus des banques l'ayant suivie, sont l'Ademe - à hauteur de 193 000 €, dans le cadre des aides à la gestion des biodéchets - et la Région sud, avec 200 000 €, grâce au pôle attractivité qui vient en aide à l'installation des projets à fort potentiel. "Il s'agit là d'un projet phare et de référence. Créer une joint-venture entre le Panier et Phénix n'était pas une aventure évidente, mais répond à des qualités majeures", note Jean-François Gonidec, président d'Innov'Alliance.

Pour la suite, des pistes sont déjà évoquées, à l'image de la valorisation des drêches de pommes, mais pas seulement : "Nous allons aussi tester, cette année, la machine avec deux bennes de raisins, et voir ce qui en sort, tant pour les produits que les coproduits. Voilà le deuxième étage de la fusée", s'enthousiasme Patrice Florentin, directeur de la CAPL. La réflexion est également entamée pour les drêches de tomates du marché conventionnel, puisque pour développer des produits cosmétiques pour la peau humaine, Phénix ne s'attarde que sur la part bio de la production de tomates d'industrie. Pour soigner les plantes peut-être ?

Dans tous les cas, il faudra trouver d'autres débouchés pour optimiser le fonctionnement de l'outil, puisqu'il tournera en 3 x 8, mais seulement pendant les 3 mois lors de la saison tomate d'industrie. Il sera ensuite mis en location auprès d'autres entreprises pour la valorisation de leurs coproduits. Cerises, fraises, raisins, pommes, grenades... Le champ des possibles est vaste !

Un projet largement salué

Parmi les qualités citées par les interlocuteurs dans leurs discours, la concrétisation d'un projet de start-up, la valorisation de coproduits, la création d'une valeur ajoutée pour une filière complète de l'agriculture, des producteurs aux adhérents de la Cosmetic Valley, et la mise en place de procédés propres et à faibles impacts environnementaux marquent les esprits.

"À notre échelle, nous devons être acteur dans le rééquilibrage de la gestion des déchets. Et, en même temps, nous devons valoriser les efforts portés par les agriculteurs. Ils peuvent être mieux rémunérés grâce à l'intégration des coproduits dans le cycle", porte haut et fort la cofondatrice de Phénix en Provence.

Vêtue de rouge, comme un clin d'œil au produit phare de cette soirée, elle virevolte parmi les invités. Il faut dire que nombreuses sont les personnes présentes pour féliciter l'initiative. André Bernard, président de la Chambre régionale d'agriculture et de la Sonito1, a été un des premiers à soutenir le projet. "L'étincelle", le qualifie Leila Falcao.

Pour l'agriculteur qui a consacré sa vie à la tomate, la volonté et la persévérance de la Brésilienne ont prouvé qu'en travaillant de concert, il était possible de mener de beaux projets pour le milieu agricole : "Sur ce site, on transforme la production et on va encore au-delà, pour permettre de créer de la valeur pour les paysans. Après des années de difficultés, la filière tomate arrive à un rond-point où toutes les voies semblent enfin dégagées".

Une optimisation de la gestion de coproduits en ligne de mire donc, pour une meilleure rémunération des producteurs, grâce à la part de la CAPL, et dans le but de ne plus rien relâcher en tant que déchet d'ici 2030. 

Manon Lallemand •

Sur le même thème

Var 07/06/2023

Agribiovar

Transformation de fruits et...

Avec le projet 'Transfel bio', Agribiovar et ses partenaires travaillent sur l'intérêt de la transformation de fruits et légumes bio à destination de la restaurat...
Vaucluse 02/09/2022

Tomate

La recherche s'active sur l...

Le plus régulièrement possible, l'Aprel et INRAE se retrouvent pour échanger sur l'avancée des projets de recherche collaboratifs en cours. En juin, le sujet des...
France 23/12/2022

GARD 

Un "cap à passer" pour les...

La coopération agricole gardoise n'échappe pas aux handicaps cumulés, et en appelle au soutien de la Région et à l'intervention de l'État pour aider les caves coo...

ICI
Votre encart
publicitaire !

Tél. : 04 67 07 03 73

Annonces légales

Publiez facilement vos annonces légales dans toute la France.

Grâce à notre réseau de journaux partenaires.

Attestation immédiate, service 24h/24, 7 jours/7

Derniers tweets

10/05/2023
@EPVarois fait le point sur les tendances et enjeux du marché foncier agricole varois avec le nouveau directeur départemental de la #SAFER Paca et le président du comité technique. https://t.co/qAljvKlzlO
https://t.co/qAljvKlzlO
28/04/2023
[A LA #UNE 📰]@AgriProv👇La Coopération Agricole Sud acte sa fusion avec les caves coopératives du 13 et du 83 ! 🍷, #eau 💧Appel à la sobriété, Groupama Méditerranée maintien le cap, un dossier #travaildusol et en📸 cap sur la grenade avec le projet de Frédéric Chabert sur Arles https://t.co/Vf3e5Z07t0
https://t.co/Vf3e5Z07t0
06/06/2023
🗞️Tradition, consommation et vigilance @VigneronsCoop 🍷-💧Extension du réseau hydraulique 'Colline des Costières' @BRLGroupe @Occitanie - 🐴Le festival Prom'Aude - Fusion @_Ctifl et La Tapy #expé - 🌡️Aléas #climat : solutions et prospectives - 📸Guillaume Chirat, maître #pâtes https://t.co/9XDBtwaWsl
https://t.co/9XDBtwaWsl

Abonnez-vous à nos hebdos

Chaque semaine, retrouvez toute l'actualité de votre département, des infos techniques et pratiques pour vous accompagner au quotidien...

Découvrez toutes nos formules

Dernières actualités

Newsletters

Inscrivez-vous GRATUITEMENT à nos newsletters pour ne rien rater de notre actualité !

S'abonner

Gardons le contact

Twitter : suivez toute l'actualité agricole utile du moment, réagissez
Facebook : partagez encore plus de posts sur l'actualité agricole de votre territoire
Instagram : suivez nos bons plans et partagez nos galeries de photos
Likedin : élargissez votre réseau professionnel
Youtube : vidéos, interviews, DIY...