Positionné entre les accouveurs et les éleveurs, le producteur de volailles démarrées est un maillon essentiel, mais discret, de la filière avicole. Un métier que Xavier le Rest exerce avec passion depuis près de dix ans, à l'issue d'une carrière professionnelle bien éloignée de son activité actuelle : à l'instar de ses deux grands-pères, il a en effet choisi le métier des armes, après son bac spécialisation 'biologie', "avec l'envie de servir son pays" explique l'éleveur. Une expérience certes enrichissante, qui le conduira à être engagé sur de multiples théâtres d'opérations extérieures, mais qui se révèle peu compatible avec une vie de famille. "Il a fallu choisir, lorsque j'ai rencontré ma future épouse", raconte-t-il sans regrets.

Une reprise d'études dans le domaine de la comptabilité-gestion lui ouvre alors de nouveaux horizons : il dirige pendant cinq ans un magasin à Aix, dans le secteur des jeux de société. Un métier qui lui permet de mettre à profit les compétences acquises grâce à l'armée (gestion d'équipe, rigueur...), mais au sein duquel il se retrouve vite à l'étroit : "Passer mes journées entre les quatre murs d'une boutique devenait insupportable". L'opportunité de changer d'horizon se présente en 2013, avec la reprise de l'exploitation avicole de son père, au moment où celui-ci souhaite prendre sa retraite. Parler d'une vocation pour Xavier le Rest serait excessif : "Il s'agissait d'une belle opportunité et d'un beau challenge professionnel", résume l'éleveur, qui connaissait déjà cette activité pour avoir aidé son père durant son enfance et son adolescence.

Une logique d'économie circulaire

Le passage de relais s'effectue en douceur, mais s'accompagne néanmoins de changements nets dans les méthodes d'élevage, "concernant les traitements prophylactiques et l'alimentation des volailles" précise Xavier le Rest. "J'ai supprimé les aliments OGM et les traitements préventifs : les animaux sont maintenant vaccinés et nourris avec des céréales françaises. Les litières, à base de copeaux de bois (et non plus de pailles) sont revendues comme engrais à des maraîchers des environs et des fabricants de composts, dans une optique d'économie circulaire", se félicite l'éleveur. Il a également opté pour l'utilisation de produits biodégradables lors des phases de désinfection et de nettoyage des locaux.

Autant de choix qui correspondent à des convictions personnelles, et à une demande sociétale des consommateurs. Xavier le Rest, dont la clientèle est constituée de professionnels et de particuliers, a également élargi la gamme de volailles vivantes proposées à la vente, auparavant centrée sur les pintades et les poules : dindes, oies, canards et poules d'ornement ont ainsi fait leur apparition au fil des années, pour répondre à la demande. Si le nombre de volailles de chair¹ est resté stable, celui des races de poules pondeuses disponibles² a, dans le même temps, quasiment doublé, passant de cinq (avant la reprise de l'exploitation) à neuf aujourd'hui.

Les sites et la surface de production, à l'origine localisés à Trets, se sont eux aussi multipliés, via des contrats de sous-traitance, avec des éleveurs spécialisés dans les volailles démarrées : six unités de production, soit 4 500 m² de surface totale, réparties dans les Bouches-du-Rhône, le Var et la Drôme permettent aujourd'hui de fournir 25 000 à 30 000 animaux par an. Il faut dire que s'agrandir dans les environs de Trets était très compliqué juge l'éleveur : "Le foncier agricole est rare, avec des prix très élevés dans les environs de Trets. La décision d'éclater les sites de production contribue aussi à diluer le risque sanitaire et permet d'accroître l'activité".

Les poules d'ornement, nouveaux animaux de compagnie

Celui-ci compte désormais une centaine de professionnels dans son portefeuille clients : quelques animaleries, mais surtout des éleveurs spécialisés dans la volaille de ponte et de chair, et des maraîchers désireux de se diversifier (moins de 250 poules). Il a également musclé la part des particuliers (2 000 visites de clients par mois revendiquées), désireux de posséder quelques poules pondeuses ou des poules d'ornement chez eux : "Ce sont deux cibles (pros et grand public) très complémentaires", juge l'éleveur.

"Les poules d'ornement représentent un produit d'appel pour les familles : elles ont souvent vu des vidéos ou lu un article sur ce sujet, et poursuivent ensuite l'expérience avec des poules pondeuses", explique Xavier le Rest, qui propose, sur son site internet, 12 races différentes de volailles d'ornement, dont des paons. Au vu de l'engouement des particuliers pour ces nouveaux "animaux de compagnie" et les perspectives commerciales qu'ils offrent (le prix de vente moyen d'une poule d'ornement est de 30 € TTC en moyenne), l'éleveur envisage désormais d'internaliser l'ensemble de la filière, de la naissance jusqu'au sevrage.