Aude 17/05/2023
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Le Rucher Narbonnais :un miel sans concession

Une Maison du miel a récemment vu le jour dans la rue droite du centre-ville de Narbonne. Un espace intimiste où les multiples couleurs délivrent tout le savoir-faire d'un apiculteur heureux de voir ses abeilles s'entremêler aux paysages bucoliques du Pays cathare.

portrait

© Crédit photo : AL

Des couleurs affriolantes, un nectar sucré et des notes florales... Mais comment ne pas être passionné par le miel ? Ce n'est pourtant pas une passion qui est née dans le berceau pour Sylvain Vienne, mais sur les bancs de l'école. Après une carrière de pompier, Sylvain Vienne abandonne son uniforme et se lance dans un BPREA élevage gibier au lycée agricole Olivier de Serres en Ardèche. "Ce sont durant mes études que j'ai rencontré un apiculteur en formation. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'intéresser à l'apiculture, tout en développant ma ferme en élevage dans le Cantal", raconte-t-il.

Quelques ruches pour apprendre les rudiments, il n'a fallu qu'une paire d'années pour qu'il décide de vendre son exploitation d'élevage et élire domicile à Narbonne pour se lancer dans l'apiculture. "J'ai commencé par faire de l'apiculture de loisir avec 200 ruches, puis j'ai développé mon entreprise petit à petit, durant huit ans et, à présent, j'y suis pleinement investi", partage-t-il. Aujourd'hui, président du Syndicat apicole de l'Aude, Sylvain produit du miel, vend des essaims, et élève des reines d'abeilles. Toute cette diversification repose sur le travail acharné d'innombrables abeilles que l'apiculteur multiplie avec soin. "J'ai choisi l'abeille Buckfast, car elle est douce et travailleuse. L'abeille noire a également de nombreuses qualités, mais sa fragilité vis-à-vis de l'humidité, que a parfois ici avec les entrées maritimes, la rend plus sujette aux maladies de couvain, et donc aux traitements antibiotiques, que je veux absolument éviter."

Des reines aux petits soins  

Ainsi, pour développer suffisamment de colonies pour les diverses productions, c'est tout un travail de multiplication qui demande de la dextérité et de la patience. "Tous les ans, j'achète une dizaine de reines inséminées, que je vais garder pour deux saisons. Celles-ci ne font pas de transhumance ni de miel, elles servent uniquement pour la multiplication."

Pour ce faire, ces reines, nommées F0, vont uniquement pondre des larves appelées "cellules royales", qui vont être placées sur des barrettes d'élevage, greffées sur un cadre. Elles seront ensuite introduites dans une ruche éleveuse, où les abeilles vont nourrir ces cellules, jusqu'à ce qu'elles soient prêtes à naître. "En moyenne, on a 95 % de réussite", précise-t-il.

Une fois arrivées à maturité, ces futures reines, appelées F1, sont placées dans les ruches orphelines et naissent trois jours après leur introduction. "Au septième jour, la reine fait ce que l'on appelle son vol de fécondation, pour donner naissance aux futures ouvrières de la ruche", explique-t-il.

Au terme de la troisième saison, la production des reines diminue et l'accroissement de la population dans les ruches augmente le phénomène d'essaimage. "Pour remédier à cela, après la récolte du châtaignier, du tournesol ou de la lavande, on supprime les reines, et on divise les ruches en deux pour obtenir des essaims. Ces derniers seront soit vendus en essaims hivernés, soit remis en production."

Transhumer pour se mettre à l'abri 

Une fois la multiplication faite, le climat reste l'inquiétude première et, face à cela, Sylvain reconnaît que la transhumance est une aubaine face à la sécheresse actuelle. "Stimulées par les premières fleurs d'amandiers en février, je laisse les ruches en garrigue jusqu'à mi-juin mais, cette année, j'ai dû transhumer en Ariège un mois et demi à l'avance pour les protéger de la chaleur, sachant qu'ensuite je dois les rapatrier dans le Gard et la Drôme pour la lavande et en Montagne Noire et à Saint-Pons-de-Thomières pour le châtaignier."

Même si ces déplacements, le plus souvent nocturnes, engendrent de la fatigue et des charges, ils permettent néanmoins aux reines de ne pas manquer de nectar pendant la période de développement. "Sans nectar, la reine va ralentir la ponte et affaiblir la colonie. Sachant qu'il faut 21 jours pour donner naissance à une abeille, et que la miellée de châtaignier dure environ trois semaines, il va y avoir un décalage entre le développement de la colonie et la récolte du nectar", détaille-t-il.

Pour des raisons de diversification, l'apiculteur a choisi de faire des prestations de services avec les semenciers et les agriculteurs pour réaliser la pollinisation. Tournesol, colza, carotte ou encore melon, le bassin regorge de sites pour la multiplication de semences et lui permet de se diversifier pour mieux faire face aux aléas. "Avec une perte de 50 % sur notre chiffre d'affaires l'année dernière, le climat et les matières premières nous mettent dans une posture compliquée, sans parler des conditions environnementales dans lesquelles les abeilles évoluent."

De ce côté-là, Sylvain se réjouit de voir des agriculteurs de plus en plus compréhensifs en ce qui concerne la protection des abeilles. "Je remarque qu'ils sont plus attentifs à ce qu'ils font. Dans le secteur du Lauragais, de nombreuses haies, ainsi que des arbres mellifères, sont plantés et profitent directement à la filière apicole." Avec un cheptel de plus de 1 000 ruches contenant chacune d'elles plus de 60 000 abeilles, on peut affirmer sans prétention que Sylvain Vienne fait tourner la plus grande entreprise du département. 

Anthony Loehr •

Les CHIFFRES clés-

1 000 ruches

40 tonnes de miel par an les meilleures années

100 % de vente directe

20 revendeurs dans l'Aude, 3 au Pays basque

180 000 € de chiffre d'affaires

12 variétés de miel

10 variétés de miel aromatisé

Anthony Loehr •

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