À Calvisson, Boris Béchard comptait sur sa parcelle de cabernet, épargnée par le gel d’avril. À la pourriture du raisin s’ajoute la crainte d’une année à mildiou l’an prochain, en raison des pailles enchevêtrées dans les souches. © JA 30
Le mardi 14 septembre restera pour de nombreux Gardois une journée noire. Les sinistres climatiques se suivent et s'accumulent depuis des mois et des années, entre la sécheresse, le gel, la grêle, et, à nouveau, après l'épisode cévenol de septembre 2020, des inondations d'intensité inédite.
Avec des cumuls de pluie record en moins de deux heures, de nombreuses exploitations, encore à pied d'œuvre pour limiter la casse, n'ont pu résister à la pression des courants, qui ont anéanti des parcelles entières et causé d'importants dégâts matériels. Depuis le 17 septembre, un formulaire unique de recensement des dégâts a été mis en ligne par la Chambre d'agriculture, afin de déclencher la procédure des calamités agricoles auprès de la DDTM du Gard, "pour les pertes de fonds, voire pour les pertes de récolte en cas de biens non assurables".
Vignes ensevelies
Avant la publication du document de recensement, les Jeunes agriculteurs du Gard avaient lancé un questionnaire en ligne pour évaluer l'étendue des dégâts et les zones les plus concernées. "Beaucoup de maraîchage a été touché, comme des vignes. Outre les pertes de récolte, des chemins d'accès ont été endommagés", indique Christopher Robert, animateur du syndicat. Dans le secteur de Corconne et de Quissac, jusqu'à Saint-Bonnet-du-Gard, les torrents ont provoqué des glissements de terrain, et des murs effondrés vont devoir être remis en état.
Avec près d'une centaine de réponses en moins d'une semaine, les organisations et syndicats gardois prévoient une tournée des calamités agricoles avec les services de la DDTM, notamment sur le bassin nîmois et la Vaunage. Mais, déjà, l'appel à la solidarité lancé par les JA ont permis de donner un coup de main à un viticulteur dont les vignes ont été ensevelies par les eaux, les boues et les déchets obstruant l'accès pour poursuivre les vendanges. Le 17 septembre, à Calvisson, des volontaires ont prêté main forte à Boris Béchard et sa famille, dont une parcelle engloutie sous 280 mm en deux heures. "Il me restait 12,8 hectares à vendanger. Entre les déchets végétaux sur le sol et sur les souches, il fallait bien pouvoir passer la machine", explique le viticulteur, qui confie ne pas avoir souvenir de telles précipitations. "On a redressé ce qui était couché, mais il a fallu enlever tout le reste de la souche pour accéder au raisin." La veille, avec ses parents, le vendredi, avec quelques aides, et le lendemain, Boris a accéléré la cadence, alors que "tout va pourrir à vitesse grand V". Alors qu'il a redémarré la récolte en début de semaine, les ornières, de plus de 30 cm, ne facilitent pas la tâche. Comptant sur le vent et le soleil du début de semaine pour sécher les raisins restants, il espérait finir de vendanger jeudi. Après les dégâts du gel (entre 50 et 55 % de pertes estimées), il misait sur ses cabernets pour se "rattraper".
La chèvrerie sous les eaux
À Uchaud, la Ferme de Puech Cabrier a évité le drame de justesse. Si les chèvres et les cochons d'Alexandre Floutier s'en sont sortis sains et saufs, les torrents auraient pu emporter toutes les bêtes. "C'était comme si un barrage avait cédé", raconte l'éleveur. "On ne pouvait pas sortir les chèvres, qui avaient de l'eau jusqu'à mi-ventre, et les cochons avec leurs petits auraient pu se noyer dans leurs cabanes." Mais il a eu le temps d'ouvrir les clôtures pour faire circuler l'eau. Non content de travailler non stop depuis une semaine pour refaire ses clôtures, dont les plots en béton ont été soulevés par la puissance du courant, il doit gérer les infiltrations dans sa boutique, les véhicules endommagés par la grêle et quelques impacts sur le toit de la chèvrerie. Si le troupeau s'en est heureusement tiré, le stress subi par les chèvres s'est ressenti à la traite. "Le lait n'est pas bon, la production a chuté et leurs mamelles sont flasques", déplore Alexandre, qui craint également des pertes de petits, pouvant gâcher la saison à venir.
Autre dommage collatéral, l'état des céréales destinées au nourrissage. "On a essayé de récupérer le dessus, mais avec la chaleur du dimanche, tout fermentait. Il faut donc en racheter pour les chèvres." Le blé tendre pour la farine est sauvé, mais il va falloir contrôler la présence de micro-toxines et autres bactéries.
Au champ, les quinoas, haricots et légumineuses n'ont pas tenu, désormais "pas ramassables pour la consommation humaine".
Philippe Douteau
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