Hérault
Vignoble bâti en 1623, Clos Bagatelle est transmis de mère en fille depuis le XXe siècle. À la tête du domaine depuis les années 1990, Luc Simon, et sa sœur, Christine Deleuze, ont développé et fait fructifier cet héritage familial, en repoussant toujours plus loin les "frontières" du Clos.
Luc Simon et Christine Deleuze
© Crédit photo : FG
"Moi, je suis le poil à gratter, Luc, c'est le paysan. Mon frère est terre-à-terre, moi pas du tout. Il m'arrive de penser que l'on pourrait aller bien plus vite dans certaines orientations, mais Luc me remet toujours les pieds sur terre. Heureusement, car j'aurais planté la terre entière", s'esclaffe Christine Deleuze. Le ton est donné et les présentations faites. Cela fait déjà trente ans que le "couple infernal", dit cette fois Luc Simon, sévit à la tête du Clos Bagatelle, domaine hérité de leurs parents, et dans la famille depuis 1623. De toute façon, "on ne peut pas divorcer", s'amuse-t-il à son tour, "nos liens sont indestructibles depuis la disparition de notre mère. Nous étions alors très jeunes", complète-t-il.
Entre crises de fou rire, engueulades, remises en question, bouillonnement d'idées et expérimentations tous azimuts, le tandem, animé par la même passion du vin, partage depuis le début le même objectif : développer le domaine dans la continuité du travail des parents, en essayant de faire mieux et d'aller plus loin. "Ce qui motive notre vie au Clos, c'est l'envie de dépasser les générations précédentes, de nous dépasser, de croire en sa région, en ses valeurs, et de transmettre à nos enfants cette passion dévorante qui est la nôtre, et que nous avons héritée de nos parents", reprend Christine.
Si Luc, après un BTS viticulture-œnologie, décide, en 1990, d'aider ses parents au domaine, tout en s'installant à part, sur 9 ha à Donnadieu, au nord de Saint-Chinian, "pour être indépendant et avoir une identité propre", Christine, elle, donne des cours d'action commerciale à l'Ensica de Montpellier. Rejoindre la famille, Christine sait déjà qu'elle en fera autant, mais plus tard. "La disparition de notre mère, en 1992, a accéléré les choses, bien que je ne me sentais pas encore prête à revenir. J'ai alors eu une belle discussion avec mon père, qui m'a proposé de relever le challenge. J'ai donc décidé de me laisser cinq ans pour voir. Force est de constater, aujourd'hui, que cela fait trente ans que je supporte mon frère", plaisante-t-elle. S'échapper de ce domaine est, à l'évidence, mission impossible, comme de l'influence du père.
Ce dernier, que tous deux considè- rent comme un avant-gardiste de l'appellation Saint-Chinian par les choix qu'il a opérés à l'orée des an- nées 70 - restructuration de l'encépagement, modernisation de la cave, commercialisation des bouteilles sans passer par le négoce -, définit la répartition des tâches entre eux : à Luc, la gestion du vignoble (de la vigne à la cave), à Christine, la commercialisation, mais avec une même rétribution salariale. Question d'équité. Les raisins produits au domaine, ainsi que ceux des 9 ha de vignes de Luc et des 6 ha de vignes de Christine (achetés lors de son installation à Donnadieu), sont tous vinifiés au domaine, et les vins vendus par la structure commerciale de ce dernier jusqu'en 1999, date de la retraite de leur père.
Tout au long de la collaboration entre père et enfants, "sur la partie domaine, rien n'a vraiment bougé, si ce n'est que nous avons rentré d'autres terroirs, notamment des schistes. De ce fait, nous avons centré notre travail sur les qualités différentes des vins obtenues selon les terroirs. Mais le plus gros travail a consisté à développer la commercialisation des vins, car entre mes vignes et celles de ma sœur, nous avions bien plus de volumes", se souvient Luc. La retraite de leur père, puis sa disparition, en 2004, va pousser le frère et la sœur à prendre un nouveau virage.
Pour aller plus loin, tout en assurant la pérennité des terres qui leur ont été confiées par leurs parents, Luc et Christine travaillent dès lors en agriculture raisonnée. Les insecticides sont bannis, le labour développé, les vignes confusées et les produits de biocontrôle utilisés. C'est dans cette même logique qu'ils se sont engagés dans la démarche Haute valeur environnementale de niveau 3 quand elle a été créée, et qu'ils entament aujourd'hui une conversion en bio, d'abord sur les blancs, avant de passer aux rouges, prudence économique oblige. Enfin, la majeure partie des vignes sont vendangées à la main (42 ha sur les 54 ha en production).
Tous deux réfléchissent également au bilan carbone de leur activité. Pour réduire leur empreinte, ils ont décidé d'investir dans des bouteilles plus légères, des cartons recyclés et des bouchons naturels. De plus, en termes de commercialisation, ils se sont recentrés sur les marchés national et européen plutôt que sur le grand export. En parallèle, ils ont beaucoup fait évoluer l'encépagement, en augmentant notamment la part des blancs (avec des nouveaux cépages : roussanne, muscat à petits grains, carignan blanc, chenin, viognier, vermentino) et en plantant des cépages plus appropriés au terroir et au changement climatique (carignan noir, carignan gris, œillade, caladoc, assyrtiko, etc.).
"On fait tous les types de vins et toutes les couleurs, sauf les bulles, mais cela ne devrait pas tarder. L'idée est de s'amuser et d'aller toujours plus loin et plus haut pour faire des vins les meilleurs possibles", résume Christine. Des vins que leurs clients qualifient de "fruités et joyeux, qui ont de l'élégance et de la finesse, alors qu'ils sont vinifiés par des hommes un peu rustres", taquine-t-elle encore.'L'aventure' (nom de leur dernière cuvée) est loin de toucher à sa fin, la relève étant déjà assurée avec le même état d'esprit et avec, une fois encore, la fraternité comme liant.
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