Hérault 06/01/2023
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AOC Saint-Chinian

Luc Simon : nouveau président, nouvelles ambitions

À la tête du Clos Bagatelle avec sa sœur, Christine Deleuze, Luc Simon est le nouveau président du Syndicat du cru AOC Saint-Chinian. Sa vision et ses projets pour l'appellation. Interview.

Luc Simon : "Mon autre priorité est de faire de la place aux jeunes dans notre syndicat, car c'est la nouvelle génération qui va nous aider à donner une nouvelle impulsion."

© Crédit photo : FG

Pourquoi avoir accepté de pren-dre la présidence du Syndicat du cru AOC Saint-Chinian ?

Luc Simon : "Ce qui m'a le plus motivé est de remonter la notoriété de notre appellation. C'est un travail que nous avons déjà entamé avec Roger Martin, depuis deux ans, alors que j'étais son vice-président. Ensuite, j'ai un tempérament d'animateur et j'ai envie de relever le challenge, d'autant que nous avons une appellation d'une grande qualité. Donc, cela vaut vraiment la peine de se retrousser les manches pour elle. Ce que j'espère à présent, c'est que tout le monde sera avec moi, car c'est tous ensemble que nous arriverons à faire des choses."

Comment voyez-vous l'appellation Saint-Chinian aujourd'hui ?

L.S. : "Bien que, depuis deux ans, une nouvelle stratégie a été mise en place pour retravailler l'image de notre appellation et mettre en avant les atouts de notre terroir avec ses sols et ses vins, celle-ci n'est pas encore à la bonne place par rapport aux demandes du marché et aux attentes de certaines de nos entreprises. D'autant que d'autres nouvelles appellations languedociennes, dans l'Hérault, avec leur communication bien plus offensive, ont relégué Saint-Chinian dans les appellations vieillissantes, affaiblissant, de fait, sa notoriété.

Il nous faut donc avancer sur la reconquête de notre notoriété d'antan, mais aussi sur la qualité des produits, et réussir à définir les envies des vignerons et vigneronnes de notre territoire pour avancer tous ensemble. Certains d'entre eux en ont déjà envie, mais force est de constater que, pour le moment, la plupart attendent qu'une"locomotive"les entraîne.

"Il nous faut avancer sur la reconquête de notre notoriété d'antan."

L'autre difficulté que nous rencontrons est sur la partie économique, car nous avons des rendements et des revenus bas. Certes, comme tous les autres territoires du Languedoc, nous sommes tributaires des aléas climatiques et des maladies, mais cela ne doit pas nous arrêter, car nous avons un gros potentiel qu'il faut savoir exploiter. Certains ont déjà montré qu'ils en avaient envie, et cela s'est également vu lors de notre dernière assemblée générale annuelle, le 7 décembre dernier, car il y avait beaucoup plus de participants que d'habitude."

Vous évoquez une appellation perçue comme vieillissante et ayant perdu sa notoriété d'antan. Pouvez-vous préciser quelle est sa notoriété aujourd'hui ?

L.S. : "Sur le marché national, entre le réseau CHR et la grande distribution, Saint-Chinian a encore une bonne notoriété, comme les chiffres le démontrent. 60 à 65 % des volumes de Saint-Chinian sont vendus en grande distribution (GD), puis dans le réseau CHR. En revanche, la proportion de l'export est autour de 10 %. La force de l'appellation est que la majeure partie des volumes sont vendus directement par des metteurs en marché, le négoce ne représentant que 20 %, ce qui nous permet de mieux valoriser nos produits. Il faudrait avoir des prix plus hauts sur le marché national car, pour le moment, le prix moyen d'une bouteille de Saint-Chinian dans le réseau CHR est autour de 12 € et de 6 € dans la GD. On peut faire mieux. Reste que pour gagner en notoriété, il faudra monter crescendo sur la qualité de nos produits. C'est la raison pour laquelle je veux relancer les dégustations de tous nos produits."

Pour monter encore plus en puissance sur la qualité des produits et être plus en phase avec les attentes des consommateurs, quels sont les leviers que vous souhaitez activer ? 

L.S. : "Nous avons entrepris de réviser notre cahier des charges pour avoir des vins plus fruités, plus légers, plus dans la finesse et dans l'élégance, en droite ligne, de fait, avec les attentes des consommateurs. Concrètement, le changement le plus significatif dans notre cahier des charges a porté sur l'introduction de nouveaux cépages, dont des cépages patrimoniaux tels que le terret, le piquepoul ou encore le grenache gris pour les blancs, et l'œillade, le ribairenc, le morrastel, le cournoise et le marselan pour les rouges.

Dans cette même couleur de vin, on a, par ailleurs, diminué le pourcentage des cépages de l'appellation de 70 à 60 %, pour pouvoir intégrer ces nouveaux cépages aux arômes plus fruités, tout en gardant la typicité du terroir. Pour les blancs - c'est l'autre grand changement dans la révision du cahier des charges -, nous avons proposé de faire passer l'encépagement du carignan blanc de 10 à 30 %, et d'intégrer le grenache gris. Pour ce dernier cépage, l'idée est de pouvoir aussi intégrer un certain pourcentage dans les rosés pour avoir des vins plus sur le fruit, l'élégance et la finesse.

Sur les rendements, nous avons fait également évoluer le cahier des charges. Si celui des rouges ne bouge pas, soit à hauteur de 45 hl/ha, celui des blancs est passé de 45 à 50 hl/ha, et celui des rosés de 50 à entre 50 et 54 hl/ha. Enfin, pour ce qui est de la vinification, nous allons être bien plus vigilants sur la qualité de la production sur le parcellaire et les vins finis en augmentant la dégustation à l'aveugle.

Le dossier que nous avons constitué pour la révision de notre cahier des charges a été validé par le Comité régional de l'Inao, le 25 mai dernier. Il suit à présent son parcours de validation définitive. Nous espérons pouvoir intégrer ces cépages pour la vendange 2023."

Comptez-vous aussi intégrer dans le cahier des charges des cépages dits résistants à la sécheresse au vu du réchauffement climatique ?

L.S. : "Nous procédons étape par étape. Aussi, pour ces cépages dits résistants à la sécheresse, nous avons lancé des expérimentations sur certains d'entre eux, dont le verdero, l'assyrtiko, l'alvariño ou encore le touriga nacional. D'autres pistes de travail seront également explorées, puis des choix arrêtés sur ces cépages en expérimentation à la suite de leur dégustation, que je souhaite mettre en place à la Maison des vins de Saint-Chinian dès cette année. Par ailleurs, en droite ligne de ces expérimentations, j'ai proposé d'organiser un colloque où interviendra l'Institut français de la vigne et du vin sur ces cépages dits résistants pour la partie technique et la partie œnologique."

Quelles sont vos autres priorités pour l'appellation ?

L.S. : "Ma priorité des priorités, comme je l'évoquais précédemment, sera le vignoble et les dégustations. En termes de communication, on ne va rien lâcher, et poursuivre ce que nous avons mis en place depuis deux ans. Et parce que tout le travail qualitatif que nous avons entrepris doit se faire savoir afin de remettre la notoriété de Saint-Chinian à la place qui doit être la sienne, nous avons décidé d'avoir une forte présence à Wine Paris, en février prochain. Dix-huit entreprises seront présentes et nous occuperons, en termes d'espace, 100 m2.

"Tout le travail qualitatif que nous avons entrepris doit se faire savoir."

Mon autre priorité est de faire de la place aux jeunes dans notre syndicat, car c'est la nouvelle génération qui va nous aider à donner une nouvelle impulsion. Quatre nouveaux vignerons viennent d'intégrer le conseil d'administration. Je veux aussi mettre en place une commission jeunes. C'est important car, pour le moment, selon ceux que j'ai pu rencontrer, le syndicat leur apporte peu. Il faut donc que leur regard sur celui-ci évolue.

Pour ce faire, il faut mettre plus d'informations à leur disposition, notamment par rapport à tous leurs questionnements. Ainsi, par exemple, sur toutes les problématiques techniques qu'ils peuvent rencontrer dans la conduite de leur vignoble, l'organisation de colloques techniques sera une mine d'informations pour eux. J'ai aussi l'idée de leur proposer des visites dans d'autres vignobles de notre région, à côté de chez nous, comme dans des départements voisins. Les jeunes sont l'avenir de notre appellation, c'est donc important de les impliquer." 

Propos recueillis par Florence Guilhem •

Les CHIFFRES clés

273 adhérents au syndicat

3 000 hectares : superficie du cru

20 villages producteurs

96 caves particulières et 8 caves coopératives

30 domaines en bio et 10 en conversion

90 000 à 100 000 hl par an

34 hl/ha : rendement moyen

45 hl/ha en rouge, 50 hl/ha en blanc et entre 50 et 54 hl/ha en rosé : rendements butoirs dans le nouveau cahier des charges

82 % en rouge, 13 % en rosé et 5 % en blanc

60 à 65 % des volumes sont vendus en grande distribution

80 % des volumes sont vendus en BIB et bouteilles directement par des metteurs en marché, et 20 % par le négoce

Florence Guilhem •

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