Var 25/11/2022
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Provence Verte

Maraîchage, ovins et foin comme projet de polyculture

Dans le cadre de ses actions d'animation du territoire, la Chambre d'agriculture organisait, le 16 novembre, la visite de la ferme d'Olivier Barale, maraîcher et éleveur ovin au Val. Rencontre avec un producteur pas comme les autres.

Dans le cadre de son partenariat avec la communauté de communes Provence Verte, la Chambre d'agriculture organise des rencontres entre producteurs du secteur.

© Crédit photo : GL

Ils travaillent parfois à quelques kilomètres les uns des autres sans se connaître. C'est donc pour créer du lien que la Chambre d'agriculture du Var propose aux producteurs de Provence Verte, depuis octobre, de se retrouver autour de petits-déjeuners accueillis par l'un d'entre eux.

Le 16 novembre, rendez-vous était pris chez Olivier Barale, installé au Val depuis 2018. Déjà pendant ses études d'ingénieur informatique, le jeune homme envisage l'agriculture comme une autre option. "J'en avais déjà marre des gens avec lesquels je travaillais ! J'étais en formation à la Française des jeux quand j'ai décidé de tout lâcher", raconte-t-il. Il ressort son projet agricole des tiroirs et retrouve Le Val, où sa famille possède quelques parcelles de terre.

"Mon grand-père avait quelques vignes, mon père quelques moutons. Moi, je voulais faire du maraîchage. Du coup, j'ai contacté des voisins pour compléter, et ils ont accepté de me louer des terres en fermage. J'ai dit 'banco', je m'installe", se souvient le jeune agriculteur. En parallèle, un ancien du village lui propose de récupérer du matériel pour les foins. Il se lance dans la polyculture, avec comme projet d'allier maraîchage, élevage et production de foin.

Un projet qui évolue

Disposant d'une capacité d'investissement limitée, il s'équipe au fur et à mesure, réalise de gros travaux de débroussaillement sur des parcelles enfrichées, développe son troupeau de brebis petit à petit. Il cultive désormais 1,20 hectare de cultures maraîchères diversifiées, dont 1 000 m² sous serre tunnel, une vingtaine d'hectares de foin, et élève 50 brebis, en vue de produire de la viande. Plutôt spécialisé dans les légumes d'été, le maraîcher produit aussi des légumes d'hiver. Ses cultures sont irriguées au goutte-à-goutte.

En janvier, il entamera la conversion en agriculture biologique de ses activités de maraîchage et de production de foin. Déjà, il utilise des engrais organiques certifiés, assure le désherbage des cultures manuellement, utilise majoritairement et de manière raisonnée des traitements bio. Il fait en sorte de favoriser la faune auxiliaire présente, utilise des bourdons pour les pollinisations sous serre et fait, depuis cette année, des tests de lutte biologique intégrée, avec des "résultats intéressants. Je suis déjà proche des pratiques du bio, mais je ne passais pas le cap par crainte. Je préférais garder une marge de manœuvre en cas d'attaque importante. Là, je suis prêt", explique Olivier Barale. L'atelier d'élevage sera le dernier à être converti, quand les bêtes pourront être nourries avec la production de l'exploitation.

Annus horribilis

Les brebis pâturent alentour sur une quarantaine d'hectares, dont 20 ha classés en Défense des forêts contre les incendies (DFCI). Elles nettoient aussi les parcelles maraîchères en fin de culture. Le troupeau, officiellement en place depuis l'an dernier, doit entrer en production cette année. Les agneaux seront amenés à l'abattoir de Digne ou de Sisteron et vendus, découpés en colis, sur le point de vente directe installé au village du Val, où Olivier Barale vend déjà ses légumes deux fois par semaine.

La production sera malheureusement moindre que prévu, le loup ayant par deux fois attaqué le troupeau début janvier, au moment de l'agnelage, malgré les clôtures et les deux chiens de protection qu'Olivier Barale a accueillis pour faire face au prédateur. "Je n'ai perdu qu'une bête à chacune de ces attaques, mais j'ai eu de gros problèmes d'avortons par la suite, à cause du stress que subissent les brebis. Je n'ai finalement eu que 15 agneaux au lieu des presque 50 que j'attendais", déplore-t-il.

Un coup dur, d'autant que l'agriculteur a aussi subi la sécheresse et plusieurs épisodes de grêle. La production de foin a particulièrement souffert du sec. "Normalement, je vends 4 000 bottes, j'en garde 1 000. Cette année, je n'ai pu vendre que 200 belles bottes, le reste est parti à prix cassé, car ce n'était pas beau", indique l'agriculteur. Sur le maraîchage, c'est la grêle qui a frappé. "J'ai pris la grêle cinq fois en trois semaines, entre août et septembre. En plus des pertes, je n'ai pas pu planter autant que prévu pour l'hiver", précise-t-il. Si l'aide d'urgence, dont il doit bénéficier, ne couvrira pas l'ensemble des dégâts, elle sera salvatrice pour terminer l'année.

Perspectives d'équilibre

"En dehors de cette année malheureuse, cela fait deux ans que ça tourne plutôt bien. J'ai encore 5 000 m² à défricher sur mon site principal, 5 000 autres vers le village, mais j'en vois le bout", souligne-t-il. L'arrivée de Jacques, son apprenti, il y a deux ans, a notamment aidé son activité à véritablement décoller. "Après son CAP 'Métiers de l'agriculture', orienté vers les grandes cultures, il a fait une formation de tractoriste. Du coup, il peut assurer sur différents travaux. C'est un vrai plus car entre les bêtes, les foins et les légumes, il y a plein de tâches auxquelles on ne peut pas couper", apprécie Olivier Barale.

Malgré les coups durs et la charge de travail, le producteur- débrouillard et touche à tout- reste optimiste et concentré sur ses objectifs. D'importants chantiers de défrichage l'attendent encore. Au printemps, il prévoit d'agrandir ses surfaces maraîchères de 500 m². Pour l'heure, son chiffre d'affaires est réparti de manière équilibrée entre maraîchage et foin. Il entend conserver cet équilibre, en augmentant sa production de légumes d'un côté, et en développant la vente de viande de l'autre. Et envisage également de faire appel à une conserverie mobile, pour gérer les surplus de production et proposer des produits maraîchers transformés à plus forte valeur ajoutée. En espérant que le climat sera plus clément. 

Gabrielle Lantes •

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Progresser ensemble

La visite de la ferme d'Olivier Barale était organisée par la Chambre d'agriculture du Var, dans le cadre du groupe de progrès en maraîchage et arboriculture, initié en partenariat avec la communauté de communes Provence Verte.

L'objectif est de favoriser la rencontre et les échanges entre les producteurs du secteur, d'apprendre les uns des autres et, peut-être, de faire naître des relations partenariales fructueuses.

Trois rendez-vous 'café, croissant' ont rassemblé une quinzaine de participants en octobre et novembre. Un autre devrait être programmé d'ici la fin de l'année.

Gabrielle Lantes •

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