session chambred'agriculture
L'organisme consulaire a tenu sa session de printemps retraçant l'évolutions de ses finances, son activité dense sur le terrain et ses nouveaux défis, mais aussi le nouveau dispositif assurantiel proposé aux exploitants à partir de cette année.
À la tribune : Romain Blanchard, Patrice Paradiso, Patrick Lévêque, Anne Laybourne, secrétaire générale adjointe à la préfecture, Claude Rossignol et Jean-Pierre Grosso.
© Crédit photo : ED
C'est avec un ordre du jour chargé que Patrick Lévêque, président de la Chambre d'agriculture, a accueilli les membres et les invités lors de la session du 13 mars, à Aix-en-Provence. Cette session de printemps a d'abord fait le point sur les évolutions des comptes financiers de l'organisme consulaire. Comme beaucoup d'autres structures, le renchérissement des coûts des carburants et des autres charges, liées au fonctionnement du bâtiment, impactent fortement l'établissement depuis plusieurs mois. Et quand les dépenses sont à la hausse, "toute la difficulté de l'exercice est de piloter un budget en respectant le plus fidèlement les prévisions", note son directeur, Patrice Paradiso. La Chambre d'agriculture y est parvenue, notamment grâce à la hausse de ses prestations de services. Ainsi, pour la clôture de son exercice 2022, elle présente un résultat d'exploitation excédentaire à hauteur de 77 156 euros.
"La trajectoire financière de l'établissement va dans le bon sens depuis plusieurs mandats, avec un résultat qui s'est amélioré de façon constante depuis 2014", retient le directeur, précisant aussi que, pour l'année en cours, "la maîtrise des dépenses sera certainement plus difficile que prévu, avec une facture énergétique qui devrait être multipliée par trois". D'où le choix prudent de réduire, dès l'an dernier, les investissements sur le bâtiment de l'établissement. L'équipe dirigeante et les élus restent lucides, conscients que les tâches confiées sont toujours amplifiées avec des moyens de plus en plus limités. Mais la situation financière stable de l'établissement laisse des perspectives d'actions, et a déjà permis la mise en place de différents projets, comme le rappelait le président Patrick Lévêque.
Ce dernier s'est d'ailleurs félicité de la mobilisation des élus et techniciens de la Chambre d'agriculture pour leur investissement, notamment dans les domaines de l'eau, de l'environnement, du climat et de la qualité. L'année dernière, 300 producteurs ont été conseillés et formés à l'agriculture biologique, et près d'une centaine a été accompagnée sur la certification Haute valeur environnementale. Sur l'eau, la Chambre - qui a créé l'OUGC de la nappe de Crau - a été acteur dans la mobilisation des irrigants. Résultat ? Ils sont aujourd'hui 200 à s'être fédérés et pèseront d'autant plus dans les discussions sur le partage de la ressource.
En matière de production de références, l'organisme consulaire est aussi très actif, à l'exemple du projet 'Arb'Eau Crau' et des innovations qu'il accompagne, afin d'optimiser l'irrigation gravitaire. Mais aussi sur la réduction de la vulnérabilité face aux inondations, avec son appui à la création de retenues d'eau, ou encore sur l'étude de la mise à l'irrigation du vignoble de Cassis.
Mais, ces dernières semaines, c'est évidemment le sujet du climat qui occupe une place accrue dans l'action de la Chambre. "Grâce au travail avec les producteurs sur l'adaptation au changement climatique, les agroéquipements, les diagnostics carbone, l'étude sur le stockage dudit carbone, la valorisation des déchets verts, la diminution des plastiques, la méthanisation... nos métiers se sont largement renouvelés", observe Patrick Lévêque. "En matière de foncier, la Chambre d'agriculture est sur tous les fronts et s'emploie, dans toutes ses missions, à défendre une conception économique et productive de l'agriculture."
Avec ses partenaires du syndicalisme, elle a notamment saisi à ce titre le préfet, début février, concernant un problème majeur dans les Plans locaux d'urbanisme (PLU) en cours d'élaboration, qui remet en cause l'activité agricole. Dans son viseur, les zones AP qui prohibent toutes constructions, pourtant indispensables au fonctionnement et au développement des exploitations. Autre sujet d'inquiétude, le projet de Schéma régional des carrières pour lequel la Chambre d'agriculture est consultée. "Hors PAEN et ZAP, nul espace agricole n'y est répertorié comme étant intouchable, ou du moins à préserver fortement", dénonce le président, qui assure que la Chambre défendra l'agriculture du département.
Mais, comme le reconnaît aussi ce dernier, "entre la volonté qui nous anime de défendre la vocation productive de la zone agricole, celles des espaces non exploités à le redevenir, et l'accompagnement de projets qui vont de toute évidence fleurir dans le domaine de la production énergétique, nous aurons bientôt à trancher une question inévitable de positionnement".
L'ambition d'une agriculture dynamique, de l'installation, de la souveraineté alimentaire se heurte déjà à la difficile conciliation avec le rôle stratégique que les puissances publiques souhaitent confier à la profession sur l'énergie. En témoigne le sujet explosif actuellement autour du photovoltaïque, et des ambitions de gouvernement de le déployer massivement sur les territoires. La question a suscité de vifs débats durant la session. Mais, pour ses membres, il ne doit pas y avoir d'ambiguïté : si la profession, entend vouloir travailler à une production d'énergie compatible avec la production alimentaire, elle s'opposera à tout projet d'installation photovoltaïque au sol.
Les membres de la session de la Chambre d'agriculture souhaitaient aussi consacrer une longue séquence d'échanges à l'évolution de l'assurance récolte et de la gestion des risques climatiques. Avant de se projeter sur l'avenir et de rentrer dans le détail des subtilités techniques du nouveau dispositif, Jérôme Ange, conseiller 'Dégâts et calamités' à la Chambre d'agriculture, proposait un rapide retour sur ce qui a fonctionné depuis plus de 50 ans sur les calamités agricoles. "La procédure permettait de couvrir les pertes de récoltes et les pertes de fonds. Elle a été revue à partir de 2010, excluant tous les risques climatiques sur les grandes cultures, en viticulture, ainsi que le risque grêle sur l'ensemble des cultures." Avec une sinistralité climatique en nette dégradation sur le marché français depuis 2016, et le gel historique de 2021 qui a provoqué un électrochoc par son ampleur, une nouvelle politique de gestion des risques en agriculture, très attendue, a été introduite en janvier dernier. Faustine Bardey, chef de service 'Awgriculture et forêt' à la DDTM, en présentait les contours et les nouveaux outils. À commencer par "le dispositif d'assurance multirisque climatique (MRC) qui a vu son taux de subvention augmenter et un périmètre des garanties élargi", mais aussi "l'indemnisation fondée sur la solidarité nationale (ISM), dont le principe repose sur trois niveaux de prise en charge des pertes de récolte". La procédure des calamités qui perdure, mais uniquement sur les pertes de fonds, est le 3e dispositif dans les outils de gestion des risques climatiques.
Certes, la MRC était déjà un outil de protection le plus efficace, mais elle peinait à convaincre sur le terrain. "Ce nouveau dispositif repose sur une incitation à l'assurance. Jusqu'ici, l'agriculteur non assuré bénéficiait du système des calamités, désormais remplacé par le système de l'ISM. Mais l'agriculteur non assuré sera bien moins couvert que celui qui bénéficiait des calamités auparavant", prévient Faustine Bardey.
Comme le relevait Isabelle Grandin, arboricultrice à Noves, "si le nouveau dispositif assurantiel peut constituer une solution pour sécuriser les récoltes, il ne trouve pas d'intérêt, au final, si les cotisations restent exorbitantes pour l'exploitant". Intégrer le dispositif s'avère, en effet, plus difficile pour les agriculteurs qui ont été fortement impactés ces dernières années, en raison du "calcul qui repose sur le rendement historique et non pas sur le rendement potentiel", admet Bernard Dutru, représentant de l'assureur Groupama. Il n'empêche que, malgré ses imperfections, l'assurance multirisque climatique commence à convaincre sur le terrain. "La communication réalisée porte ses fruits, et le dispositif commence à se déployer dans le département, y compris chez les arboriculteurs. Mais nous sommes encore loin des objectifs de 60 % d'assurés", reconnaît Sylvie Durant, experte en assurance récolte au Crédit Agricole.
Évoquant la conjoncture économique du département et les difficultés rencontrées par les exploitants, suite à la hausse des coûts de productions ou sur le marché des fruits bio, Romain Blanchard, vice-président de la Chambre d'agriculture, a également fait un focus sur plusieurs bonnes nouvelles concernant la filière élevage. La première concerne la Sica de l'abattoir de Tarascon, une "vraie réussite qui a fédéré l'ensemble des corporations d'élevage". Les chiffres de la première année de reprise sont plus qu'encourageants. En effet, le nombre d'adhérents a progressé de 160 à 280, le tonnage abattu dépasse les prévisions, passant de 400 tonnes à 2 200 t, facilitant ainsi une baisse des coûts de fonctionnement de 20 %. De bonnes nouvelles qui dynamisent le secteur et initient des projets. La chaîne ovine va augmenter sa capacité, et une Organisation de producteurs (OP) Bovine ainsi qu'une marque commerciale ovine sont en cours de création.
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