Consciente de l'urgence climatique et de l'impérieuse nécessité de maîtriser la gestion de l'eau sur son territoire, la Chambre d'agriculture du Gard n'a pas attendu la sécheresse estivale exceptionnellement longue, ni les températures caniculaires pour se pencher sur une problématique aux enjeux tant environnementaux qu'alimentaires. Partenaires privilégiés depuis plus de 30 ans, la Chambre et l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse viennent de poser un nouveau jalon à leurs efforts collaboratifs, "pour une gestion durable et compatible de l'eau, des milieux aquatiques et de l'agriculture", pour la période 2022-2024. Après une vague de sécheresse de quatre mois, ce contrat vient "renforcer nos actions et nos partenariats", salue Magali Saumade. "Si nous voulons continuer à manger des produits gardois demain, il faut soutenir les agriculteurs et leur proposer des solutions économiquement viables", a déclaré la présidente de la Chambre, à l'occasion de cette signature, le 2 décembre, à Ribaute-les-Tavernes. "Ce partenariat nous permet d'aller encore plus loin, d'avoir une approche globale jusqu'à la parcelle", a ajouté Élise Garcia, directrice adjointe de l'Agence de l'eau RMC, délégation de Montpellier.

Trouver les bons compromis

Démarré en 2019, le projet commun devra poursuivre les pistes engagées, comme les outils de pilotage de l'irrigation à la parcelle, pour un usage plus précis et économe de l'eau. "Évaluer l'efficience de son système de distribution permet d'anticiper et d'éviter tout gaspillage", atteste Bernard Assenat, en charge du sujet à la CA 30. Et si la transition d'une "irrigation de satisfaction optimale des besoins" à "des apports ciblés" nécessite expertise et technique, les sondes tensiométriques ont été choisies sur 40 sites en 2022 dans des ZRE (Zones de répartition des eaux), pour faciliter la prise de décision des agriculteurs, à l'instar de Philippe Pourquier, vigneron au Domaine Camp-Galhan, qui a économisé entre 20 et 40 % de la ressource sur ses vignes.

Selon le responsable, les volumes d'eau ont été drastiquement réduits, du fait de la sécheresse et des arrêtés, là où les suivis des sondes ont révélé, en 2021, des économies de 40 % en moyenne, comparativement aux "besoins théoriques".

Les couverts végétaux favorisant la réduction de l'usage de produits phytosanitaires sont l'une des autres actions encouragées par ce partenariat, comme c'est le cas du groupe 30 000 à Saint-Maurice-de-Cazevieille, collectif permettant de "créer une vraie dynamique et des échanges entre les agriculteurs", estime Kevin Boisset, référent agricole à l'Agence de l'eau RMC, délégation de Montpellier. 

Préserver et pérenniser l'eau, en assurant le maintien des exploitations, tel est le mantra de ce partenariat, qui s'étend à d'autres filières confrontées au changement climatique, comme le pois chiche. "L'enjeu est d'utiliser la bonne dose au bon moment", résume Philippe Cavalier, élu en charge de l'eau à la CA 30.