Les mois de juin et juillet ont été mis à profit par les vignerons pour cartographier leurs parcelles, afin d’affiner leurs sélections parcellaires, en vue de piloter le plus finement possible les vendanges à venir. (© C. Zambujo)
Canicule, gel, grêle… Ces dernières années, la vigne et la nature en général sont soumises à rude épreuve. Et cela n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement du végétal. Suite au gel d’avril dernier, les vignerons et techniciens ont ainsi pu constater que la vigne débourrait en deux temps. “Nous avons vu des démarrages bloqués ainsi que des décalages très marqués”, note Benoît Planche, de l’Institut coopératif du vin (ICV). Depuis mai, l’hétérogénéité est bien visible dans les vignes. “On a eu deux semaines d’écart sur une même souche que l’on retrouvera au moment des vendanges. Dans l’Hérault, nous avons en moyenne dix jours de décalage par rapport à 2020, sans compter l’hétérogénéité au sein d’une même parcelle. On a donc un cumul et des maturités variables au sein de la parcelle, et au sein d’une même souche.” Un phénomène qui fait dire à l’expert de l’ICV qu’il sera donc primordial de bien classer les parcelles, afin de les orienter au mieux lors des vendanges et autres vinifications.
Mais cela ne sera pas la seule problématique à gérer cette année. En effet, outre cette hétérogénéité marquée, la couleur aussi fait des siennes. “Sur grenache, c’est assez habituel. Mais ça l’est moins sur cabernet-sauvignon, merlot, muscat… Et c’est dommageable pour la vendange et les rendements.” Sur le potentiel de rendement justement, l’ICV a réalisé des comptages d’inflorescence, début juin, qui montrent clairement les conséquences du gel sur la vigne : “Habituellement, à cette date, nous sommes sur des niveaux compris entre 17 et 18 inflorescences par pied en moyenne. Cette année, nous en comptons plutôt 13 à 14, soit une baisse de 15 % par rapport à l’an dernier, et de 24 % sur la moyenne 2011-2020”. Certes, des phénomènes de compensation seront peut-être à l’œuvre, mais pas forcément partout et avec une intensité suffisante.
Soutenir l’irrigation et la protection
Dans les vignes, les vignerons ont donc dû s’activer pour compenser ces phénomènes divers et sauver ce qui pouvait l’être. Premièrement, il a fallu soutenir la croissance, en réduisant notamment les prélèvements réalisés par les couverts végétaux, via une maîtrise du développement de ces derniers ; mais aussi par l’appui de l’irrigation sur les vignes “et les plantiers en particulier”, le tout dans le respect de la réglementation.
Second point : ils ont dû s’assurer d’un bon état sanitaire de la vigne, pour réduire les dégâts des vers de la grappe, mais aussi garantir une protection optimale contre l’oïdium, le mildiou et le black-rot. Les vignerons doivent également limiter la compétition hydro-azotée. “Mais il faudra aussi se prémunir des attaques les plus tardives sur grappes.” Enfin, sur la question spécifique des vignobles à forte valeur ajoutée, Benoît Planche conseille de réaliser un travail en vert pour sélectionner les grappes “et ramener de l’homogénéité dans les parcelles”.
Classifier au plus près les parcelles
Afin de préparer au mieux les vendanges qui s’annoncent, le mot-clé sera donc “sélection parcellaire”. Les mois de juin et juillet ont été mis à profit par les vignerons pour cartographier leurs parcelles, afin de les classifier et de les orienter lors du pilotage des vendanges. “Il a fallu anticiper tout cela”, reconnaît l’expert de l’ICV, en particulier pour les profils de produits types rosé : “Dans ce cas précis, il était conseillé d’identifier au plus vite les parcelles haut-de-gamme ou présentant une bonne homogénéité et un bon rapport
feuilles/fruits”. Une étape majeure qu’il fallait faire avant la fin de la véraison, afin de pré-orienter vers les rosés, pour les parcelles à plus forte hétérogénéité, et vers les rouges, pour les plus homogènes. “Il faudra également bien suivre l’acide malique qui reste un bon indicateur de la capacité résiduelle du raisin à mûrir. Ainsi, un haut niveau d’acidité associé à un faible niveau de sucre, doit alerter le vigneron que la parcelle est plus adaptée à un rosé qu’un rouge”, explique Daniel Granès, directeur scientifique et responsable des produits œnologiques à l’ICV.
Pour parvenir à sélectionner les parcelles, les vignerons pouvaient s’appuyer sur des outils, type Œnoview®, Terraview (testé cette année par l’ICV) ou autres images satellitaires permettant d’observer l’expression végétative. “Ces images facilitent ainsi le zonage et la catégorisation des parcelles, afin d’orienter par la suite les contrôles de maturité et les allotements.”
Car cette année encore, les contrôles de maturité seront primordiaux pour qualifier le millésime 2021 com-
parativement aux autres années, et déterminer les dates de vendanges optimales. Des dates que l’on attend en retard par rapport à l’an passé, “en raison du fort ralentissement des végétaux suite au gel, entraînant des sorties échelonnées. Sur une même souche, nous avons différents stades qui cohabitent, avec environ deux semaines d’écart sur une même grappe”.
C’est pourquoi les vignerons sont invités à être très précautionneux concernant leurs prélèvements à venir. “Il faudra qu’ils soient bien représentatifs”, alerte Benoît Planche.
En complément, une analyse de Glories pourra être faite, en particulier pour le marché des rouges de garde, afin d’apprécier au mieux l’extractabilité des anthocyanes et des tanins. “L’analyse de Glories permet d’évaluer à la fois la maturité technologique et la maturité phénologique. C’est appréciable, en particulier cette année ou l’on aura a priori moins de rouges haut-de-gamme.”
Enfin, dernier outil permettant d’affiner et de préparer les dates de vendanges, l’observation de maturité, et les bulletins techniques diffusés par les organismes, bulletins qui repositionnent le millésime par rapport aux précédents.
“Dans tous les cas, on sait déjà que les vendanges 2021 seront inhabituelles, et que les chantiers de taille à venir seront plus longs et plus techniques. Nous aurons notamment des formes buissonnantes plus nombreuses, qu’il faudra reprendre pour mettre la vigne dans les meilleures dispositions pour 2022”, conclut Benoît Planche.
Céline Zambujo
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