Dans les vergers qui ont été protégés depuis le début, quelque soit la stratégie adoptée, les dégâts et les populations de mouches sont relativement bien maîtrisés.
Très résilient en situation de sécheresse, l’olivier demeure plus vulnérable aux excès d’eau, surtout quand ils surviennent en période de floraison. C’est, cette année, l’un des facteurs qui devrait lourdement peser dans la productivité des vergers. Les conditions météorologiques n’ont clairement pas été favorables en période de pollinisation des arbres. Sur l’ensemble de la zone de production française qui comprend la Provence, mais qui va des Pyrénées-Orientales jusqu’aux Alpes-Maritimes en remontant jusque dans la Drôme, les situations dans les vergers sont très diversifiées. “Dans certains secteurs, la production va être très faible ou quasi nulle et ailleurs la production pourra être bonne, mais globalement on s’oriente vers une récolte relativement faible”, assure Julien Balajas ingénieur au Centre technique de l’olivier (CTO). En charge du pôle agronomie depuis septembre 2019, il estime que les précipitations sont en cause, mais pas seulement.
Les maladies du feuillage difficiles à maîtriser
Les pluies tombées en abondance avant la floraison ont été plutôt bénéfiques aux oliviers, puisque le début du printemps a été très sec. Mais l’eau tombée ensuite a engendré beaucoup de coulures de fleurs et, dans de nombreux secteurs, les dégâts ont été importants, comme dans l’Aude sur les variétés de table par exemple. Le problème est que ces pluies ont aussi contribué au développement de maladies du feuillage, malheureusement difficiles à contrôler par les producteurs qui ont de moins en moins ‘d’outils’ pour lutter contre le phénomène. En cause notamment, la réduction des dosages de cuivre appliqués à l’hectare.
Aujourd’hui, avec 4 kg de cuivre métal autorisés par hectare et par an, si les producteurs effectuent des traitements à pleine dose, ils ne disposent que de deux applications autorisées par an. Une situation qui a conduit à développer les traitements à demi-doses, afin de pouvoir pratiquer quatre applications. Mais, pour couvrir le printemps et l’automne, deux périodes avec des précipitations souvent très importantes et qui génèrent des lessivages, ces quatre applications restent souvent très insuffisantes. C’était le cas cette année dans la plupart des vergers. Et, comme surtout quand l’inoculum est présent, la protection devient très compliquée, d’autant qu’un certain nombre de variétés est très sensible. C’est la raison pour laquelle France Olive a engagé des travaux sur cette problématique.
“C’est un sujet qui fait partie des priorités de nos travaux”, ajoute Julien Balajas et comme “les vergers sont de plus en plus soumis à ces situations de précipitations abondantes et régulières, qui lessivent les traitements préventifs et favorisent les maladies qui provoquent la chute du feuillage, nous menons des expérimentations sur des alternatives au cuivre, sur l’optimisation du positionnement des traitements et des doses de cuivre à apporter”.
D’autres paramètres devraient aussi expliquer la faible productivité des vergers qui s’annonce cette année. En particulier la mouche très présente très tôt dans les vergers. Et l’on sait aussi que, sur les années à forte pression du ravageur, il y a également une menace plus importante en verger de voir se développer dans les fruits piqués la dalmaticose.
Toute l’importance des stratégies ‘barrières minérales’
“La pression mouche était présente assez tôt cette année, puisque la floraison a été très précoce d’environ 15 jours à trois semaines, et de ce fait les olives attractives aussi !”, note l’ingénieur. Et le risque aujourd’hui est que la faible quantité de fruits présents sur les arbres, en raison des mauvaises conditions du printemps, soit ensuite impactée par la mouche. Pour l’ingénieur de France Olive, le message est clair à moins de trois mois du début des récoltes : il faut absolument assurer une bonne protection du verger. Mais malheureusement, pour les non professionnels notamment, “on s’aperçoit que les utilisations de systèmes de piégeages massifs ne sont souvent pas suffisants contre la mouche et, d’un autre côté, avec une pression élevée les insecticides classiques trouvent aussi leurs limites surtout quand plusieurs traitements ont déjà été réalisés. Les barrières minérales semblent être vraiment la stratégie la plus payante et la plus efficace, parfois même associée avec des insecticides, en bio ou en conventionnel, pour faire baisser les niveaux de population de mouches et contrôler derrière la dalmaticose”, analyse Julien Balajas.
Alors que les fruits continuent leur grossissement dans les arbres, dans les vergers qui ont été protégés depuis le début, quelle que soit la stratégie adoptée, les dégâts et les populations de mouches sont relativement bien maîtrisés. Mais là où les producteurs n’ont pas été assez vigilants, il faut s’attendre à de gros impacts sur la récolte. En région Paca le potentiel de production est donc difficile à évaluer cette année, mais les estimatifs donneraient a priori une belle récolte dans les Alpes-Maritimes. D’après les dernières observations, dans les Bouches-du-Rhône, la situation semble beaucoup plus mitigée.
Emmanuel Delarue
gard
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