CONCHYLICULTURE
Avec l'évolution de la réglementation, Sète Agglopôle Méditerranée (SAM) ne pourra plus assurer la délégation de service public de la collecte et du recyclage des déchets conchylicoles. Faute de solution, ces déchets risquent de rester en plan.
Chaque ostréiculteur a le devoir de recycler ses déchets, ainsi que le stipule le Code rural. S'il ne le fait pas, il s'expose à perdre son agrément sanitaire.
© Crédit photo : FG
Fiction... ou pas. 1er juillet 2023 : la "carte postale" du bassin de Thau - un des sites les plus attractifs du littoral méditerranéen de l'Hérault, pour ne pas dire de l'Occitanie - n'est plus ce qu'elle était. 30 à 37 tonnes par jour de déchets conchylicoles s'entassent devant les mas ostréicoles sur le pourtour du bassin. Un même volume s'ajoute à chaque jour qui passe. Entre odeurs nauséabondes et risques sanitaires, les touristes désertent le site, et les conchyliculteurs, déjà suffisamment en difficulté, après la crise sanitaire, la répétition des malaïgues et des fermetures du bassin pour raisons sanitaires, ont encore plus la tête sous l'eau. Sans compter le tollé politique qui suivra derrière et les polémiques qui ne manqueront pas d'éclater sur le sujet. Une fiction qui pourrait bien devenir une réalité si aucune solution n'est trouvée à cette date pour la collecte et le traitement des déchets conchylicoles.
En cause : l'évolution de la réglementation sur les déchets non assimilés, dont font partie les huîtres et les moules. Conséquence : la délégation de service public (DSP) pour la collecte et le traitement des déchets conchylicoles, assurée depuis 2007, d'abord par le Syndicat mixte du bassin de Thau, puis par Sète Agglopôle Méditerranée, prendra fin. Si la DSP, qui devait arriver à son terme fin 2022, a pu être repoussée à deux reprises, la nouvelle réglementation siffle la fin de la partie à compter du 1er juillet prochain. "Si aucune suite n'est alors donnée, la société Coved, spécialisée dans le traitement des déchets industriels, et sous contrat avec SAM, rendra les clés de l'usine et des camions, et ne ramassera plus nos déchets", redoute Laurent Arcella, secrétaire du Comité régional de conchyliculture de Méditerranée (CRCM) et producteur à Loupian. Sans compter la fin de la subvention de la collectivité, à hauteur de 500 000 €, l'autre moitié étant à la charge des conchyliculteurs. Trouver une solution en urgence s'impose, mais laquelle ?
Anticiper la situation aurait dû couler de source. Si le sujet a été mis sur la table par la collectivité il y a déjà deux ans, "l'ampleur et la lourdeur du dossier, ainsi que ses conséquences n'ont jamais été vraiment abordées", regrette le président du CRCM, Patrice Lafont. Aucune alternative n'a été envisagée jusqu'ici, et la sonnette d'alarme n'a été tirée réellement que depuis quelques semaines. "Hallucinant" auraient dit les services de l'État, alertés il y a peu, mais qui ne peuvent intervenir sur le sujet, pas plus que les partenaires habituels de la profession, à savoir la Région et le Département. Quant à la profession, avec la succession de crises qu'elle subit depuis plusieurs années, et leur gestion, elle n'a pas pris la mesure de la "catastrophe" à venir. "Dans ce dossier, force est de constater que tout le monde a fait l'autruche", commente Laurent Arcella. À présent, dos au mur, et avec ce problème sur les bras, la filière n'a d'autre choix que de faire face à l'urgence.
Partir sur une collecte individuelle des palox ? Ingérable. Jeter directement les déchets dans l'étang ? "Ce n'est pas une solution, et c'est hors de question", affirme Laurent Arcella. Maintenir un ramassage collectif, en allégeant le système, et donc le coût, puisque tout sera désormais à la charge des conchyliculteurs (1,2 M€ au total), oui, mais pas à la benne. "Nous avons déjà expérimenté ce système à la benne, avec un ramassage une fois par semaine. Les bennes débordaient rapidement et les déchets n'étaient pas toujours collectés. C'était l'enfer", se souvient-il. Autre question à résoudre, et la première en fait pour un ramassage collectif, la constitution d'une structure à même de contractualiser avec la Coved, car cette dernière ne signera pas de contrats individuels. La structure en question pourrait être la coopérative conchylicole envisagée dans le contrat de filière, et ce, bien que cette dernière n'ait pas été proposée par la profession à cette fin.
Soumise aux professionnels il y a deux ans et demi, la coopérative conchylicole a été pensée comme support pour restructurer la filière et porter des projets collectifs tels, entre autres, un bâtiment de mise à l'abri, une nurserie-écloserie, des achats groupés, la valorisation et le recyclage des déchets conchylicoles ou encore la transformation des excédents d'huîtres. Avec aussi pour projet de revendiquer, à terme, le statut d'OP (organisation de producteurs) pour pouvoir obtenir 80 % de subventions de la part de l'Union européenne. Seul hic : la coopérative n'a pas été encore portée sur les fonts baptismaux. "La coopérative pourrait être à même de gérer ce dossier et être le partenaire de la Coved, sauf que le budget nécessaire est important, et que ce n'est pas sa vocation première", rappelle Laurent Arcella.
Face à l'absence de solutions, de moyens et au manque de temps, elle pourrait être cependant la seule solution. Mais afin de prendre le relais, le capital social pour démarrer la coopérative, soit 20 000 €, avec une part sociale imaginée dans un premier temps à 200 €, ne suffira pas. Ce n'est qu'avec une hausse de la part sociale, un crédit contracté auprès des banques, et une avance des adhérents sur la collecte des déchets que la coopérative pourrait alors devenir gestionnaire des déchets. "Qui va engager sa responsabilité, alors que nous n'avons pas le temps de lancer une expertise sur le sujet ? De ce fait, embarquer tout le monde va être compliqué", anticipe Laurent Arcella. Comme de créer la coopérative avant le 1er juillet. La course contre la montre a débuté. Seule certitude, "quelle que soit la solution retenue, ce sera un accouchement dans la douleur", sait déjà le conchyliculteur.
GARD
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