Le nombre d’exploitations diminue en Paca. Mais cette baisse touche essentiellement les micro-exploitations, des structures aux très faibles superficies qui sont souvent le fait d’exploitants à temps partiel ou de retraités (© C. Zambujo).
Le recensement agricole est une opération décennale commune à l’ensemble de l’Europe permettant de comparer, avec le même pas de temps d’observation, les données statistiques et économiques du secteur. Il a été mené en France par le service de la statistique du ministère de l’Agriculture et par les services des directions régionales entre le 1er octobre 2020 et le 15 mai 2021. À la suite des résultats nationaux communiqués par le ministre il y a quelques jours1, la Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (Draaf Paca) a livré les premiers grands chiffres pour la région. Au cours des mois à venir, des données plus détaillées continueront d’être diffusées, jusqu’en avril 2022.
Recenser les données du secteur agricole est une entreprise de grande ampleur à laquelle ont participé, en région, 60 enquêteurs, afin de donner une photographie la plus complète. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle donne à réfléchir sur l’image de l’agriculture provençale actuelle...
Maintien de l’emploi
Le premier constat est que l’on se démarque des autres régions sur l’emploi agricole, qui se stabilise ici, alors qu’il diminue au niveau national. Le volume de travail se tasse de 1 %, alors qu’il recule de 11 % en France métropolitaine. L’agriculture en Paca fournit une activité à 86 000 personnes. Un volume de 38 000 Équivalents temps plein (ETP) est ainsi impliqué dans l’activité agricole de la région, dont les trois quarts sont permanents. Les dirigeants d’exploitation et leur famille représentent la moitié de l’emploi. La part des chefs d’exploitations de plus de 60 ans est stable (32 %), et le taux de féminisation de la conduite d’exploitation progresse légèrement (30 % après 29 %).
Comme au niveau national, le nombre d’exploitations diminue en Paca, mais cette baisse touche essentiellement les micro-exploitations, des structures aux très faibles superficies, qui sont souvent le fait d’exploitants à temps partiel ou de retraités. Une baisse que l’on retrouve notamment en arboriculture, puisqu’à la suite d’un changement de réglementation, les oléiculteurs occasionnels ont disparu des statistiques.
Mais, globalement, on observe un ralentissement du recul tendanciel du nombre d’exploitations et une poursuite de la concentration des structures. Malgré tout, 4 000 entreprises ont disparu en dix ans (après 7 000 lors du précédent recensement), portant le nombre d’exploitations de Paca à 18 000, et la surface moyenne à 35 hectares (28 ha en 2010). Cette baisse est moins forte qu’en France métropolitaine (-20 %). Le recul du nombre d’exploitations est plus prononcé dans les spécialisations végétales (-21 %) que dans les exploitations orientées élevage (-12 %), du fait notamment d’un fort mouvement de concentration dans l’arboriculture, domaine clef de la région. La viticulture, première spécialisation régionale, résiste bien (-5 %) dans un contexte baissier (-16 % au national), et représente en 2020 plus du tiers des exploitations de Paca.
Des éléments qui font dire à Patrice de Laurens que “l’agriculture régionale n’est plus en déclin. C’est une agriculture qui a su s’adapter en se tournant vers la qualité et vers des modes de production plus respectueux de l’environnement“, commentait le directeur régional de l’Agriculture. On notera que l’agriculture régionale est sur ce point, la plus bio de France, avec une Surface agricole utile (SAU) qui atteint 30 %. Les conversions à l’agriculture biologique se sont largement développées, avec 21 % en 2020 après 7 % en 2010, à comparer au taux de 11 % au national.
Par ailleurs, 14 % de l’agriculture est en Haute valeur environnementale (HVE) dans la région, et les chiffres de progression d’année en année sont à deux chiffres.
Une agriculture rationnelle
Autre constat marquant d’après le directeur : l’agriculture régionale est aussi rationnelle, et elle s’efforce d’optimiser ses qualités. “On voit se développer, encore plus qu’au niveau national, les ventes en circuits courts. Les agriculteurs se rapprochent indéniablement des consommateurs et font l’effort de développer des productions qui leur soient adaptées. Ce n’est donc plus une agriculture en déclin que l’on a pu décrire il y a dix ans : l’agriculture régionale est confiante dans ses possibilités.“ Au cours de la période écoulée, la part des circuits courts a effectivement fortement progressé, en passant de 30 % en 2010 à 42 % en 2020.
Sur les productions d’une manière générale, on retiendra que la viticulture et les Plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) font partie de celles qui sont parvenues le mieux à se développer ces dernières années. “Alors qu’au niveau national, la période est morose, avec une baisse de la consommation du vin rouge, la viticulture continue à se développer dans notre région : elle vend de mieux en mieux son vin, et elle est de plus en plus présente dans l’œnotourisme. Sur les plantes à parfum, on constate une véritable explosion des surfaces. Pas uniquement sur lavande et lavandin, mais sur l’ensemble du prisme des PPAM. On voit en effet réapparaître des exploitations dans ce secteur autour de Grasse, et un peu dans tous les départements. Des productions qui étaient il y a dix ans encore très concentrées autour du plateau de Valensole et du plateau d’Albion.“
La région conforte également sa place de première région productrice de PPAM et enregistre une hausse 11 000 ha en dix ans, avec 26 000 ha en 2020. Cette tendance se traduit aussi par une hausse de 700 exploitations en plus en dix ans, avec 1 600 exploitations en 2020.
“Nous n’avons pas encore tiré toutes les conclusions de cette étude, mais on peut d’ores et déjà dire que l’on est dans une agriculture en plein devenir, en pleine expansion et que l’agriculture régionale a, au cours de la décennie passée, su saisir ses opportunités pour se développer dans l’avenir“, concluait Patrice de Laurens.
Emmanuel Delarue
(1) Lire notre édition de la semaine dernière, page 2.
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