Julien Tranier (JA Occitanie), Fabien Mariscal (co-président JA Aude), Émilie Sagnes (animatrice), Laura Marty-Maniago (co-présidente) et Léo Gasc (secrétaire général). © Ph. Douteau
Reprise des débats pour les JA. Après deux ans peu propices aux réunions et aux échanges en public, la nouvelle équipe du syndicat des Jeunes agriculteurs de l'Aude a profité de la tenue de son assemblée générale, le 10 février, à Carcassonne, pour égrener les nombreux sujets accumulés au fil des mois. "Il est important de parler de nos revendications et de nos acquis syndicaux", a introduit Laura Marty-Maniago. La nouvelle co-présidente, en binôme avec Fabien Mariscal, a présenté à l'assemblée les dossiers à porter sur le territoire marqué par les dégâts du gel l'an dernier. Mais les jeunes agriculteurs s'engagent sur tous les fronts. Entre la future réforme de l'assurance récolte, la problématique des zones défavorisées ou encore le nécessaire renouvellement des générations, les JA reviennent dans l'arène, "prêts à construire l'agriculture de demain", a assuré la co-présidente.
Encourager les installations
En 2021, 53 dossiers aidés sur les 736 enregistrés en Occitanie au titre de la DJA (Dotation jeunes agriculteurs), ont redonné un coup de fouet aux installations, après une année moins faste (29 dossiers). "Sujet majeur" pour le syndicat, le renouvellement des générations est au cœur des préoccupations, a insisté Léo Gasc, secrétaire général. Via le PAI (Point accueil installation), les JA de l'Aude mettent un point d'honneur à orienter et à promouvoir les métiers de l'agriculture dans le département. "Porte d'entrée pour tout porteur de projet", le PAI a effectué 318 rendez-vous l'an dernier, dont 255 hors cadre familial, et 69 à la recherche de foncier, a indiqué Fanny Canet, animatrice.
D'un montant moyen de 34 000 € par dossier, les installations aidées représentent 1,8 million d’euros (M€) (7 % du total régional). "Les paiements en cours seront soldés en 2022", a assuré Vanessa Fouratier, directrice de la DDTM de l'Aude, annonçant la fin de l'instruction des DJA par la DDTM. "Avec la Pac 2023, les aides seront reprises en gestion propre par le Conseil régional." Le nouveau mode de paiement, via la nouvelle Pac, se fera sous forme de forfait d'un montant de 3 400 € par an, sur cinq ans.
Outre les opérations de promotion auprès des écoles, dont des classes 'découvertes', les JA seront présents lors du festival Barques en scène en août, à la Feria de Carcassonne ou à la Fête du Cassoulet. Une visibilité bienvenue après les reports et annulations dus à la crise sanitaire et une campagne éprouvée par le gel, entre les vignes et les cultures céréalières. "Personne n'a été épargné", a rappelé Léo Gasc.
Assurance récolte : dans l'attente de la réforme
Sur les 850 contrats passés, 90 % étaient concernés par l'épisode de gel. Alors que les aléas climatiques sont récurrents et plus intenses, le système des contrats multirisques climatiques (MRC) est "déficitaire tous les ans, tous assureurs confondus", note Philippe Vidal, de Groupama Méditerranée. Sur 17 M€ d'encaissement, le groupe mutualiste a dû débourser "85 M€ de sinistres". En raison de niveaux d'assurance hétérogènes, et malgré un taux satisfaisant dans l'Aude (28 % en grandes cultures, 34 % en viticulture et 2 % des surfaces arboricoles), "il faut une maîtrise des cotisations", plaide-t-il. La réforme de l'assurance récolte en cours d'élaboration devrait maintenir le système entaché par des aléas "de plus en plus volatiles". Les mesures du rapport du député Frédéric Descrozaille devraient redéfinir le cadre du contrat multirisque, pour une gestion commune des dossiers, sans obligation de s'assurer. D'un taux de subvention actuel de 45 à 65 %, selon le niveau de franchise, le dispositif prévu pour 2023 serait doté d'un fonds de 600 M€, dont 300 M€ pour les calamités agricoles. Selon trois niveaux prévus (de 0 à 20 %, de 20 à 55 ou 60 %, et au-delà), entre la part supportable par l'exploitant, un niveau de subvention renforcé, et une aide publique en cas de pertes majeures, le système se veut incitatif, en abaissant le seuil de franchise à 20 %, et en augmentant la part subventionnée à 70 %.
"L'État veut que les exploitants s'assurent. Sans le soutien d'aides publiques après de tels aléas, le système est mort", même si les délais de la réforme seront "difficiles à tenir en raison du calendrier législatif".
Loup y es-tu ?
Parmi les sujets épineux, les attaques de loup dans l'ouest audois ne faiblissent pas, constatent les référents 'grands prédateurs'. Échappé du parc animalier Écozonia en janvier 2021, un "spécimen loup" a attaqué des ovins à Orsans, dans le Razès, en août 2021. Entre la présence d'un loup dans le secteur de la Malepère et d'un éventuel autre dans la Montagne noire, le flou demeure quant au nombre exact de bêtes. "Selon un technicien de l'OFB (Office français de la biodiversité), on ne sait pas s'il y en a un ou trois", rapporte Pierre Palop, éleveur. Relevant "déjà deux attaques dans la Piège lors de ma première année d'installation", Sarah Maniago fait état de 24 attaques en 2020 sur une trentaine de brebis et béliers, de 31 en 2021, et de trois nouvelles depuis le début de l'année. "On ne va pas enfermer nos bêtes !", refuse l'éleveuse.
Réfutant le prétendu retour à l'état sauvage d'un loup après un an et un jour, Pierre Palop insiste sur les dangers encourus de relâcher le prédateur dans la nature. Pour le député Alain Péréa (LREM), président du groupe 'chasse' à l'Assemblée nationale, "l'OFB estime à 500 le nombre de loups sur le territoire français, dont on peut abattre 19 % d'individus, mais on ne sait pas bien les compter !" Le groupe a obtenu la révision du mode de comptage des individus. Sur les conseils du député, les JA ont annoncé vouloir porter plainte contre les responsables de la fuite du spécimen.
Après deux ans "très compliqués", confrontés au gel, à la prédation du loup et autres problématiques conjoncturelles, les JA de l'Aude vont "en ressortir plus forts", a déclaré Fabien Mariscal en clôture d'assemblée. Et d'annoncer la relance de la commission viticole, céréales et élevage, toujours plus combatifs face à un agribashing "politique et médiatique".
Philippe Douteau
HÉRAULT
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