Hérault
Cette année, c'est le département de l'Hérault qui accueillait les Jeunes agriculteurs pour trois jours d'échanges autour des enjeux de la montagne. Les représentants de tous les massifs français se sont déplacés du 7 au 9 novembre, à Ceilhes-et-Rocozels.
La session montagne des JA est un évènement qui permet au syndicat de se retrouver et d'évoquer des solutions concrètes pour maintenir l'agriculture dans les zones de montagne.
© Crédit photo : Mylaine Brescoli
C'est l'occasion parfaite pour échanger sur les défis que rencontre l'agriculture en région montagneuse. Durant ces trois jours, le syndicat des Jeunes agriculteurs n'a pas chômé : interventions d'élus, conférences de spécialistes du monde agricole autour des questions climatiques et réglementaires, visite d'une exploitation laitière... Cette mise en commun est force de proposition, dans un milieu où il n'est pas toujours facile d'être à l'équilibre. Le ministère de l'Agriculture a récemment levé le voile sur les mesures relatives au Plan national d'action loup 2024-2029, qui doit être adopté d'ici la fin de l'année. Mais pour Théo Covelli, trésorier du syndicat des JA des Hauts Cantons de l'Hérault, une chose est certaine, "aujourd'hui, tous les départements de montagne sont concernés par la prédation, et nous devons absolument trouver des solutions".
La présence du loup, et plus récemment la présence de l'ours dans les Pyrénées, n'est plus une surprise, mais une véritable problématique que rencontrent les éleveurs. Le nouveau Plan national était au cœur des discussions de cette première après-midi, et auront permis d'entrevoir les nouvelles résolutions du gouvernement qui entreront en vigueur d'ici 2024.
Parmi les avancées, on peut tout d'abord citer le droit pour l'éleveur d'utiliser une lunette thermique à vision nocturne. "Jusqu'ici, seuls les photographes et les naturalistes y avaient droit, mais pas les éleveurs", note ce dernier. "Cela permettra de pouvoir visualiser les prédateurs près des troupeaux et intervenir plus rapidement. Cependant, celle-ci n'est pas autorisée à être montée sur l'arme", précise-t-il. Sujet annexe, la simplification des conditions de tirs satisfait également la filière. En effet, là où initialement, un seul tireur par troupeau était autorisé, il est désormais possible d'être en binôme sans relever des services des louvetiers. "Cela ne paraît pas énorme, mais cela va dans le bon sens."
Autre enjeu de taille, le syndicat a pu obtenir l'allègement des responsabilités de l'éleveur vis-à-vis des accidents entre les chiens de protection et les pratiquants de la nature. "Il y a un peu de mieux. On avance à tâtons, mais cela reste toujours insuffisant au vu des problèmes", explique l'éleveur.
Pour clôturer la journée, une visite a été organisée dans une exploitation laitière, au Mas de Grèze, à Roqueredonde. Dans cette exploitation en Gaec, comptabilisant 370 hectares, Benoît Reverbel vend sa production de lait à la société Roquefort. Malgré de bons niveaux de production, la structure connaît actuellement une légère variation des revenus auprès de la marque commerciale. "Vu que le marché du Roquefort est légèrement baissier, ce dernier fait de la diversification et le prix de vente sur ce secteur est plus faible que sur la production de Roquefort", explique l'éleveur, tout en assurant "trouver un équilibre malgré le contexte".
En revanche, l'inquiétude bat son plein en ce qui concerne l'impact de la maladie hémorragique épizootique (MHE) sur la commercialisation de veau en Europe. Même si l'exploitation ne rencontre actuellement pas de problématiques majeures, elle n'exclut pas les difficultés sanitaires à venir. "Nous réalisons la vaccination pour la FCO, comme d'habitude, mais il va falloir bientôt réaliser des tests PCR sur les veaux avant de les commercialiser. Résultat : les animaux vont souffrir, et nous, nous allons devoir payer, alors j'espère que sur ce sujet, il y aura une reconnaissance." Même histoire en ce qui concerne le manque d'harmonisation des réglementations européennes. "L'Italie demande un test PCR et pas l'Espagne. Donc s'il se révèle positif, l'Italie ne les prendra pas, et si l'Espagne sait qu'ils sont contaminés, ils ne les voudront pas non plus", remarque-t-il, tout en réfléchissant à "vendre directement en Espagne, malgré un prix plus faible".
Sur le plan climatique, même si l'exploitation a vu tomber des quantités d'eau que le littoral ne connaît plus (950 mm depuis le 15 septembre), le Gaec doit tout de même s'adapter face aux chaleurs estivales. "L'année dernière, au 14 juillet, les brebis étaient à l'intérieur et ce, jusqu'à mi-septembre. Cette année, nous avons réussi à les maintenir à l'extérieur jusqu'à début août", précise Benoît Reverbel. Dans un contexte difficile, le collectif et l'innovation jouent immanquablement un rôle majeur. La création du Collectif pour l'adaptation par l'agroécologie et les sols (GIEE Clapas) a été créé en 2022, et rassemble aujourd'hui plus de 18 exploitations. De nouvelles méthodes culturales, notamment le non-labour, ainsi que l'introduction de nouvelles cultures, comme la chicorée, sont actuellement à l'œuvre et présentent de nombreux avantages. "La chicorée reste en place durant plusieurs années et peut être pâturée fréquemment par le bétail. À l'inverse, il est parfois difficile de s'en défaire une fois bien implantée", précise l'éleveur. Les premiers essais sont réalisés sur 2 ha et augmenteront en fonction de la pertinence de ce choix.
Le programme s'en est suivi par un exposé de Serge Zaka, consultant en agroclimatologie, sur l'évolution des conditions climatiques en zone de montagne : mise en place d'infrastructures pour retenir l'eau, adaptation des cultures au contexte climatique et réorganisation des systèmes de cultures, avec une prospective sur la mise en place de l'arboriculture et le maraîchage en zone de montagne ont rythmés les échanges.
De son côté, Jean-Christophe Petit, chef du pôle élevage à la Chambre d'agriculture de l'Hérault, a fait l'état des lieux de l'entrée en vigueur de la nouvelle Pac 2023-2027. "La réforme concernant l'admissibilité des surfaces prévoit un chargement maximum de 0,2 UGB/ha sur les surfaces pastorales ligneuses (SPL). Au-delà, l'éleveur perd de la surface admissible", explique-t-il. L'écorégime, quant à lui, vise à accompagner la transition agroécologique et représente 25 % des aides du 1er pilier. Ce dernier souhaite accentuer ses actions sur la préservation environnementale, et notamment sur la partie du maintien des surfaces en prairies permanentes. "Il faudra maintenir un certain taux de prairie non labourée ou de prairie permanente, tout en prenant en considération les prairies sensibles au sein des sites Natura 2000", souligne Jean-Christophe Petit. Aide fondamentale pour le maintien de l'activité agricole en zone défavorisée (montagne, piémont et zone défavorisée simple), l'ICHN a été reconduite quasiment à l'identique au sein de la nouvelle Pac 2023-2027, permettant ainsi de conserver l'équilibre entre les territoires et les types d'exploitation. Seul le seuil d'accès à l'ICHN animale a été relevé de 3 à 5 UGB.
Au milieu de toutes ces règles et évolutions, Théo Covelli partage le même avis que tous les autres acteurs du syndicat. "Partout sur le territoire, les zones de montage rencontrent les même problématiques, et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire de se retrouver pour se soutenir les uns les autres", conclut-il.
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Le futur Plan national d'action (PNA) prendra appui sur la recherche scientifique, afin d'établir un seuil démographique et génétique pour confirmer la bonne préservation de l'espèce. Un fonds de 2,5 millions d'euros sera alloué à l'étude des mesures de protection des troupeaux, notamment pour gérer les défis liés aux nouvelles zones sujettes à la prédation. En ce qui concerne la classification du loup, le plan acte le projet d'une révision de sa catégorie, passant de "strictement protégée" à "protégée" au niveau international et européen, afin de passer d'une stratégie défensive à une stratégie préventive. La France aura un rôle de leader et sera proactive, afin d'adapter le statut du loup à sa véritable situation de conservation, en soutien avec les propositions de la Commission européenne.
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