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ARTERRIS

Soutenir la production de l'arc méditerranéen

Dans un contexte difficile, la coopérative Arterris veut développer son pôle de production. Le point avec son président, Jean-François Naudi, et son directeur général, Christian Reclus.

De 2010 à 2020, ce sont 110 000 hectares de surfaces de céréales et oléoprotéagineux qui ont ont été transformés en prairies en Occitanie et 70 000 ha dans la région Sud.

© Crédit photo : PhD

Si le groupe Arterris a connu en 2022 "la meilleure année qui soit avec la campagne 2021-2022", dixit son directeur général, Christian Reclus, avec un chiffre d'affaires qui a continué à progresser, 2023 devrait être "la plus mauvaise année pour notre entreprise, et même pour le territoire", redoute-t-il. En cause : les mauvaises récoltes de céréales et de semences l'été dernier du fait des conditions climatiques, mais aussi des difficultés rencontrées par la filière élevage, avec, entre autres, la grippe aviaire et l'abattage de nombreux animaux qui a suivi. La baisse du chiffre d'affaires du pôle agricole, la locomotive du groupe, est donc à attendre.

Et d'autant que la déprise agricole se poursuit. "En dix ans, soit de 2010 à 2020, nous avons perdu en Occitanie 110 000 hectares de céréales, soit l'équivalent de la superficie du Tarn, et 70 000 ha dans la région Sud. Toutes ces surfaces ont été transformées en prairies, et sont devenues improductives. On a donc un territoire qui s'appauvrit en termes de production, et l'on est, de surcroît, en manque de rentabilité sur les exploitations. De ce fait, nos adhérents ont de grandes difficultés à envisager l'avenir. Il va donc falloir les aider, car il ne peut pas y avoir de filière s'il n'y a pas de production", déroule de son côté le président du groupe, Jean-François Naudi.

Conséquence : si l'on veut être à même de relever le défi de la souveraineté alimentaire, celui d'une alimentation de qualité et celui d'une production locale, il n'y a qu'une seule option : soutenir la production agricole de l'arc méditerranéen en aidant les agriculteurs. Pour ce faire, le groupe Arterris envisage plusieurs leviers, tout en voulant relever les défis en lien avec les enjeux climatiques, sociétaux, l'eau, ou encore les coûts de l'énergie qui pèseront lourdement sur les trésoreries des exploitations, comme sur la coopérative avec la flambée des prix depuis la guerre en Ukraine.

Organiser la production autrement

Afin de développer son pôle de production, le groupe Arterris envisage d'organiser la production autrement et de reconstruire la relation producteur - fournisseur - consommateur. Pour ce faire, il compte beaucoup sur la mise en place, "quand cela est possible", de contrats tripartites, qui engagent le producteur, le client et l'industriel pour sécuriser les débouchés et revenus du premier.

Organiser la production autrement passera aussi par la consolidation des filières existantes, en premier lieu, la filière blé dur. Cette dernière, qui a été longtemps le support du revenu de l'agriculteur, a vu disparaître 96 000 ha de surfaces en dix ans, soit une perte de 400 000 à 500 000 tonnes de blé dur. Pour la remettre sur les rails et la soutenir, le groupe Arterris, premier collecteur de blé dur en France, et son partenaire historique, Panzani, ont fait le choix de s'engager depuis 2016 dans la démarche Blé responsable français (BRF). "10 % de nos producteurs sont engagés dans cette démarche, ce qui représente 214 adhérents, et 15 % des volumes de blé dur collectés par notre coopérative. Le cahier des charges de cette démarche permet d'aller vers la transition agricole, la biodiversité et l'agroécologie", détaille Christian Reclus.

C'est une même logique qui est suivie pour la production de blé tendre en filière CRC (culture raisonnée contrôlée), une filière 100 % locale, avec un cahier des charges qui raisonne les apports d'eau, la fertilisation, les traitements, les choix des parcelles et des variétés. "Que ce soit pour le blé dur ou le blé tendre, on espère pouvoir capitaliser sur ces démarches et remettre des surfaces en production. Toutefois, avec l'accélération du dérèglement climatique et le cortège des aléas qui en découlent, il va falloir être en capacité d'avoir des cultures moins gourmandes en eau en été, et disposer de réserves pour l'hiver", poursuit-il.

Les cultures d'avenir face au changement climatique

Dans cette optique, la coopérative mise sur le sorgho et accélère ses programmes de recherche avec Semences de Provence. 527 coopérateurs sont d'ores et déjà engagés dans cette production, et produisent un total de 27 000 tonnes, dont un tiers est destiné aux usines d'alimentation animale d'Arterris. "Ce sera le sens de l'histoire avec cette plante adaptée à nos climats et économe en eau. C'est une culture d'avenir au même titre que les légumineuses. On peut doubler les surfaces mais, pour cela, il faut atteindre un équilibre économique rationnel, en construisant des contrats de filière qui régulent les prix", indique le directeur général.

L'autre culture essentielle à développer est le riz de Camargue. Un partenariat historique lie, depuis 2005, Arterris à la société Vivien Paille, spécialiste de la transformation et du conditionnement des riz. L'objectif est de mobiliser les producteurs autour de cette culture, dans le cadre d'une demande forte en IGP destinée à l'étuvage. "Il nous faut trouver des solutions alternatives pour augmenter les surfaces et imposer le riz de Camargue chez les consommateurs", indique-t-il. Là encore, la mise en place de contrats tripartites permettra de valoriser la production locale.

C'est une même démarche que souhaite entreprendre la coopérative pour développer la filière légumes frais. "Il y a dix ans, notre chiffre d'affaires était de 0 €. Aujourd'hui, nous sommes à 41 M€ avec des légumes essentiellement produits en zone provençale," dit-il. Pour continuer sur cette lancée, le groupe Arterris souhaite monter en puissance pour que soient produites 8 000 ton- nes de carottes (soit + 2 000 t), 1 000 t de navets (soit + 350 t) et 400 t d'asperges (soit + 200 t). Pour ce faire, il est à la recherche d'une quinzaine de producteurs dans l'Hérault et jusqu'aux Bouches-du-Rhône pour les légumes racines, et d'une dizaine dans l'Aude pour la culture des asperges. Mais les ambitions du groupe ne s'arrêtent pas aux filières végétales.

Productions animales

Dans un territoire où les productions animales ont diminué (600 000 ovins et 300 000 bovins en moins en dix ans, soit une baisse totale du cheptel d'environ 20 %), la coopérative souhaite réinstaller des productions pour répondre aux besoins du marché local. "Certes, la consommation de viande baisse, mais on arrive cette année à un point de rupture pour les entreprises de transformation, car il manque du sourcing. On se dit donc qu'il y a un marché à prendre. Il nous faut augmenter notre production de bovins gras afin de cibler des marchés haut de gamme", détaille Christian Reclus.

Concernant les ovins, la coopérative envisage de recruter des producteurs en agneaux sous la mère pour consolider son OP et répondre aux attentes des consommateurs avec des viandes de qualité, comme cela a été fait pour le bœuf à travers la marque premium Occitalia et Pyreneus pour le porc. Et de vouloir, enfin, relancer la production de canards gras IGP dès que des solutions techniques seront en place pour lutter contre la grippe aviaire. "Arterris est particulièrement bien positionné avec un territoire à faible densité permettant de relocaliser des productions. L'ambition est d'augmenter la production de 30 %", complète-t-il. Relocaliser et diversifier seront donc les piliers d'Arterris pour développer son pôle agricole. 

Florence Guilhem •

Les CHIFFRES clés

15 000 adhérents actifs

350 000 ha de productions dans l'arc méditerranéen

1,2 milliard d'euros : chiffre d'affaires d'Arterris en 2022 contre 1 milliard en 2021

740 M€ : chiffre d'affaires du pôle agricole contre 676 M€ en 2021, dont 261,9 M€ générés par les filières céréalières, 41,8 M€ par la filière légumes frais, 101,4 M€ par les filières de production animale...

409 M€ : chiffre d'affaires du pôle agroalimentaire contre 367 M€ en 2021

56 M€ : chiffre d'affaires du pôle distribution contre 60 M€ en 2021

203,4 M€ : fonds propres de la coopérative

65,5 M€ : son niveau d'endettement

Florence Guilhem •

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