Soutenir la ruralité, c'est bel et bien la préoccupation du petit village de Castans où a été lancée une initiative originale : un atelier de transformation végétale, cogéré par 'L'Atelier des saveurs en Montagne noire' et la mairie. Dix longues années et des sommes non négligeables ont été nécessaires pour faire naître cette ambitieuse idée. L'initiative a été proposée par les castanéiculteurs de la région, qui souhaitaient se rassembler afin de pouvoir développer leur filière. Si l'emblème du paysage agricole local, c'est la châtaigne, l'atelier ne souhaite pas s'en tenir qu'à la transformation de cette culture.

L'association souhaite en effet attirer une grande diversité de producteurs, car l'espace est entièrement équipé avec du matériel professionnel qui permet de transformer une large gamme de produits végétaux : châtaignes, compotes, confitures, champignons déshydratés, truffes, plantes aromatiques et médicinales. La mairie, de son côté, a porté le projet à bout de bras et a permis d'obtenir les financements nécessaires afin de transformer cet ancien presbytère en un haut lieu d'autonomie.

Tous réunis le 13 septembre sur le site, la maire de Castans, Yolande Piton rappelait que "notre objectif est que cet outil de valorisation des productions locales, sous gestion communale, avec l'appui de l'association des producteurs, puisse évoluer en structure d'économie sociale et solidaire type SCIC* ou Scop**, et où la gouvernance partagée permettra un essor et une potentielle création d'emplois".

Une démarche collective  

"Au départ, nous étions un tout petit groupe, pas plus de 4 ou 5 volontaires", confie Jacques Buffière, membre fondateur de l'association et trufficulteur à Villeneuve-Minervois, qui s'est engagé dans cette aventure depuis sa création en 2017. Depuis, il transforme sa production et la valorise dans divers marchés et salons de la région. "Avant, je partais jusqu'en Lozère pour la transformation de mes produits, alors autant dire que la proximité de ce lieu est très intéressante pour nous", souligne-t-il.

C'est également l'avis de Hugo Ruech, trésorier de l'association et castanéiculteur dans le Tarn, proche de Brassac. "Ce type d'initiative est une véritable aubaine pour les petits et moyens producteurs, car il y a très peu d'ateliers de transformation qui permettent de garder la main sur tout le cycle de production avec des coûts de location très bas. Ici, on maîtrise le taux de sucre, l'onctuosité, etc., chose impossible dans des structures plus industrielles."

Si cet outil est également intéressant pour les producteurs, c'est parce que l'activité de transformation est de courte durée. Et pour cause. Elle est avant tout conditionnée aux récoltes. "En tant que castanéiculteur, j'utilise le laboratoire une à deux semaines par an, entre octobre et novembre. Aussi investir des sommes importantes pour transformer les produits sur une durée aussi courte n'a pas de sens pour nous. L'atelier répond donc parfaitement à nos besoins et nos capacités financières", relève le castanéiculteur.

Du séchoir à l'empoteuse, en passant par l'autoclave ou encore la décortiqueuse à châtaigne, tout le matériel nécessaire est disponible et en très bon état. La vision du groupe écarte également toute distinction. "Ici, ce qui compte, c'est de donner les outils aux petits producteurs pour qu'ils puissent travailler et faire vivre la campagne, qu'ils soient en culture biologique ou non", précise Emma Lapeyre, secrétaire de mairie et gestionnaire administrative du lieu.

L'initiative a, dans tous les cas, suscité l'engouement des producteurs, car le nombre d'adhésions est en constante progression depuis sa création. Aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 30 producteurs venant de l'Aude, mais aussi du Tarn et de l'Hérault, qui se rencontrent et transforment au gré des saisons leurs précieuses récoltes. 

Un lieu singulier et accueillant  

Le lieu propose également un gîte, en face de l'atelier, ouvert à tous avec des tarifs préférentiels pour les producteurs qui viennent des régions limitrophes. "Pour ma part, j'ai 1 h 30 de route depuis Brassac. Alors, après une journée au labo, c'est génial d'avoir un gîte à deux pas de l'atelier", souligne Hugo Ruech. Des journées de formation sont également organisées par les adhérents pour accompagner les nouveaux utilisateurs, promouvoir le lieu et impulser des démarches collectives.

À cette occasion, le village organise, le 23 octobre prochain, la foire de la châtaigne, un événement majeur pour découvrir le village et ses alentours, mais également ces hommes et ces femmes qui habitent les lieux et œuvrent pour la relocalisation alimentaire et l'autonomie des agriculteurs.