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Tomate industrie

Une campagne très bousculée dans le Sud-Est

Les fortes températures qui ont balayé le Sud-Est dès le mois de juin ont contrarié les cultures tout au long de la saison. Les pluies de mi-août se sont chargées de la suite. Les objectifs de production n'ont pas été atteints, en conventionnel surtout.

Dans le Sud-Est, les organisations de producteurs (OP) ne sont pas toutes parvenues à produire les volumes escomptés. Il s'est ramassé 98 380 tonnes (dont 20 % de bio), un volume qui correspond à près de 69 % de la production nationale.

© Crédit photo : ED

En dépit d'une interrogation certaine sur la capacité de la production à fournir les usines par rapport aux hectares finalement emblavés, cette campagne s'annonçait plutôt bien avec, à la fois, une demande forte exprimée par les acheteurs et des prix corrects. Mais c'était sans compter sur la suite de la saison.

En tomate de transformation, les saisons démarrent habituellement par la contractualisation des volumes que les Organisations de producteurs (OP) s'engagent à livrer aux industriels. Et, sur le marché mondial, la demande est toujours aussi forte. La consommation moyenne se situe autour de 39 millions de tonnes (Mt), et ces deux dernières années, il a manqué environ 1 à 2 Mt pour la satisfaire.

Cette année, les prévisionnels pour la France ont été établis juste avant le début de la guerre en Ukraine, dans un contexte économique très tendu pour l'amont de la filière. Les coûts de production avaient déjà connu des hausses très importantes au cours des mois précédents. Pour l'établissement des contrats, avec les prémices de la mise en place de la loi Egalim 2, elles ont bien été prises en compte, comme celles sur le prix de la tomate.

"Quand le prix de matière fraîche de tomate payée aux producteurs était de 85-90 euros la tonne dans le Sud-Est en 2021, il est passé à 105 euros la tonne cette année", explique Robert Giovinazzo, directeur de la Sonito.

Malgré la guerre en Ukraine, les prix ont été maintenus, pour un volume contractualisé de 163 000 tonnes de tomates fraîches.

Dessèchement des cultures

Finalement, 2 116 hectares ont été mis en culture, dont 422 ha en agriculture biologique (AB) au niveau national sur la campagne 2022. L'an passé, 2 521 ha, dont 558 ha en AB, avaient été plantés, permettant de produire 164 700 tonnes de tomates.

Contrairement à 2021, les conditions de mise en culture se sont plutôt bien déroulées sur le printemps. Mais, très rapidement, les températures - élevées pour la saison - se sont mises à jouer des tours aux producteurs.

Pour les plantations de pleine saison à tardives, les plants ont connu des problématiques de dessèchement puis, par la suite, un stress conséquent - à la fois hydrique et thermique - a perturbé les cultures.

À la floraison, la gestion de l'irrigation est devenue complexe. Les niveaux d'évapotranspiration ont grimpé à des hauteurs inhabituelles, en raison du vent notamment. D'autre part, la transpiration était telle qu'elle a entraîné des problèmes de coulure des fleurs, et donc de nouaison. "Pour la première fois dans un tel contexte, les producteurs du Sud-Est ont touché du doigt les limites d'une gestion de l'eau au goutte-à-goutte. Dans la Drôme ou le Sud-Ouest par exemple, avec des conduites culturales sous aspersion notamment, les producteurs n'ont pas rencontré, ou beaucoup moins, ces problèmes sur la végétation", rapporte Robert Giovinazzo.

Ravageurs précoces et pluies fatales

Dans le Sud-Est, ces fortes transpirations ont aussi favorisé le développement de conditions idéales pour des ravageurs que l'on ne retrouve habituellement dans les champs qu'à la mi-juillet. Noctuelles et acariens sont arrivés plus tôt en saison, et les producteurs ont eu du mal à les contrer.

La Camargue et le Vaucluse ont été les secteurs les plus impactés par ces phénomènes, alors que l'année dernière les producteurs avaient, dans ces territoires, obtenu de très bons rendements. A contrario, dans la Drôme où les producteurs ont subi en 2021 des orages très importants et impactant les cultures pendant l'été, générant ensuite des problèmes phytosanitaires, les rendements ont été bons cette année.

Dans le Sud-Est, en raison des chaleurs importantes, la campagne a globalement été perturbée de juin à mi-août. La climatologie a brusquement changé ensuite, avec des orages occasionnant d'importants dégâts, notamment sur la Camargue.

Une petite centaine d'hectares en conventionnel n'a pas pu être récoltée à cause de la forte pluviométrie et des inondations du 17 août.

Campagne précoce et courte

À l'arrivée, 141 910 t de tomates fraîches seulement ont pu être livrées aux usines sur le plan national. Un total qui représente 87 % du contrat établi entre acheteurs et OP. Sur ces volumes, 116 738 t ont été produites en conventionnel et 25 172 t en AB.

Finalement, ce sont les cultures produites en conventionnel qui ont le plus souffert du contexte climatique estival. En effet, les tomates bio ont profité d'une meilleure fenêtre du calendrier de planification pour être livrées aux usines, juste avant les pluies. Les livraisons de tomates bio ont réalisé 116 % du contrat prévu, alors qu'elles n'ont atteint que 83 % des prévisions en conventionnel.

Le rendement moyen pour le conventionnel se situe à 70 t/ha sur le plan national, alors que celui en bio est en augmentation et a atteint près de 60 t/ha.

Autre particularité de cette campagne 2022 : sa précocité et sa contraction. Jamais une campagne n'avait été aussi précoce d'après l'interprofession française. Les entrées hebdomadaires ont été décalées par rapport au calendrier habituel. Les cycles culturaux ont été plus réduits que d'habitude et les producteurs ont ramassé leurs tomates autour de la mi-juillet. "En moyenne, les cycles sont de 100-105 jours pour les plus précoces, et montent à 120 jours pour les plus tardives. Or, cette année, ils ont été autour de 90-95 jours pour les plus précoces. Pour les plus tardives ayant pâti de la pluviométrie, le cycle était proche de la normale", rapporte Robert Giovinazzo.

La campagne s'est également bouclée plus rapidement, finissant fin septembre dans le Sud-Est.

Meilleurs résultats dans le Sud-Ouest

Ce sont finalement les producteurs du Sud-Ouest qui tirent leur épingle du jeu cette année. Après avoir connu deux campagnes très perturbées, les volumes prévus en bio comme en conventionnel ont été atteints dans la région. Dans le Sud-Est, les OP ne sont pas toutes parvenues à produire les volumes escomptés qui ont donc manqué aux industriels. Il s'est ramassé 98 380 t (dont 20 % de bio), un volume qui correspond à près de 69 % du national.

Pour l'heure, 2023 approche. Sur l'augmentation des coûts des engrais, leur disponibilité et bien sûr ceux de l'énergie, les calculs vont bon train. Les négociations avec les industriels devraient vraisemblablement en tenir compte. En tout cas, les producteurs l'espèrent. En revanche, il n'y a aura pas de baisse sur le prix de la matière première payée aux producteurs. Mais encore faut-il que, sur le terrain, les intentions de mise en culture soient au rendez-vous. Au niveau industriel en tout cas, les capacités des usines de la première transformation sont en mesure de traiter près de 200 000 t. Mais les usines ne parviennent pas à atteindre leur capacité depuis plusieurs années. La production française plafonne toujours à 10 % de sa propre consommation en équivalent de tomates fraîches. 

Emmanuel Delarue •

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