Le besoin en main-d'œuvre qualifiée est criant en viticulture, comme dans la plupart des filières agricoles. Pour y répondre, la Chambre d'agriculture du Var, en partenariat avec la FDSEA 83, syndicat agricole référent en matière d'emploi, les agences locales de Pôle emploi et Ocapiat - opérateur de compétences (OPCO) pour l'agriculture - organise, depuis 2020, des sessions de formation, suivies de job dating, pour satisfaire la demande récurrente de la viticulture sur les territoires varois.

Une formation pratique et polyvalente

La dernière session a permis à 12 stagiaires d'être préparés au métier d'ouvrier viticole polyvalent, option 'tractoriste'. Entre décembre 2022 et mars 2023, ils ont été formés à l'entretien de la vigne, à la conduite du tracteur et à la réalisation des principaux travaux mécanisés, par des conseillers de la Chambre d'agriculture et des vignerons qui les accueillent sur leurs exploitations. Au cours de cette formation courte de 392 heures, axée sur la pratique, ils ont également obtenu leur Certiphyto, de sorte à être prêts à intégrer une des nombreuses caves du département, en recherche de personnel compétent. "Il est toujours intéressant de pouvoir recruter des salariés agricoles formés, car même les travaux de base demandent un minimum de formation, et les besoins de la profession viticole en la matière sont importants. Et puis, il y a des gens, en reconversion professionnelle, attirés par l'agriculture et très motivés, et il est aussi important de leur permettre de se former", note Yves Julien, viticulteur de Cotignacet, élu à la Chambre d'agriculture et potentiel employeur.

Pour les stagiaires, âgés de 19 à 49 ans, la formation est une opportunité sur des parcours divers de reconversion. À 19 ans, un CAP mécanique en poche, Tristan Fleurence s'est rapidement aperçu qu'il ne souhaitait pas poursuivre dans sa branche, préférant alors changer de voie. "La mécanique, ce n'était pas fait pour moi. J'avais envie de bosser au grand air. Je cherchais à travailler dans le paysagisme, et ma conseillère de la mission locale m'a orienté sur cette formation", raconte le jeune homme. La formation a pleinement répondu à ses attentes. "J'étais complètement étranger à l'agriculture, mais ça me convient bien. On a eu des formateurs hyper cool et hyper compétents, c'était très bien organisé. J'ai beaucoup appris, et puis on a pu passer le Certiphyto, ce qui est un vrai plus pour les entreprises", apprécie-t-il. Il cherche maintenant en CDI d'ouvrier agricole tractoriste.

Un job dating pour favoriser les recrutements

Pour faciliter la rencontre entre les entreprises et les candidats à l'emploi, chaque session de formation s'achève sur un job dating. Ce 8 mars, au foyer rural du Cannet-des-Maures, 15 entreprises viticoles avaient répondu présentes. L'occasion de rencontrer les 12 stagiaires fraîchement sortis de leur formation, ainsi que des demandeurs d'emploi informés de l'initiative par l'agence Pôle emploi du Cannet-des-Maures.

Parmi les employeurs présents, Olivier Chauvet, de Château Rosan à Pignans, a déjà embauché un salarié issu de la formation proposée par la Chambre d'agriculture, l'an dernier. "C'est quelqu'un qui avait fait un stage chez nous, et qui a émis le souhait de poursuivre en tant que saisonnier. Il a intégré l'équipe pour faire de la taille, de l'ébourgeonnage, les vendanges et, ponctuellement, conduire le tracteur. Il a une préférence pour les travaux manuels. On a continué à l'accompagner, pour compléter les bases acquises pendant sa formation. Cette première approche lui a permis de confirmer son intérêt pour le métier. C'est le premier atout de cette formation. Un autre avantage, c'est sa polyvalence. C'est important pour un domaine familial comme le nôtre, où les travaux varient selon le calendrier de production et les besoins de l'exploitation. Il faut savoir tout faire", témoigne le vigneron.

Du côté des stagiaires, l'expérience est aussi appréciée. Ancienne assistante dentaire, Aline Gilardo n'avait jamais eu à démarcher d'employeur. À 49 ans, la voilà à l'aube d'une toute nouvelle carrière professionnelle. "J'ai été licenciée quand la praticienne pour laquelle je travaillais est partie à la retraite, car il n'y avait pas de repreneur. Je me suis retrouvée au chômage pour la première fois de ma vie. La période de Covid avait été difficile, et j'avais besoin d'air. Mes parents ont des vignes et j'y ai travaillé dès mon plus jeune âge. Mais la formation m'a permis de me mettre à jour sur les nouvelles méthodes de travail, et d'apprendre à conduire un tracteur, ce que je n'avais jamais fait. Je ne me prétends pas encore tractoriste, mais j'ai les bases. Il me faut maintenant de l'expérience", explique-t-elle. Si elle appréhendait un peu les entretiens du job dating, elle y a rencontré plusieurs entreprises qui l'intéressent, et doit en recontacter certaines.

Répondre aux besoins de l'agriculture varoise

Depuis 2020, la Chambre d'agriculture du Var et ses partenaires ont mis en place trois sessions de formation d'ouvriers viticoles polyvalents option 'tractoriste', et deux formations d'ouvriers polyvalents en maraîchage, dont une est actuellement en cours sur Fréjus et rassemble huit stagiaires. L'an dernier une session de formation de secrétaire viti-vinicole a également pu être organisée. À l'issue de chacune d'entre elle, un job dating vient soutenir le retour à l'emploi des stagiaires et le développement des entreprises agricoles qui recrutent.

En fin d'année, une nouvelle session de formation, dédiée à l'horticulture, devrait être programmée dans le Golfe de Saint-Tropez, afin de répondre à la demande des pépiniéristes, producteurs de plantes en pots et professionnels des espaces verts du secteur. 

'Défi emploi' est un dispositif de formation interne qui vise à favoriser ou maintenir l'emploi, en aidant financièrement les entreprises de moins de 11 salariés. Il peut intervenir lors de l'embauche d'un ou plusieurs salariés en CDI ou CDD de plus six mois ; dans le cas d'un ou plusieurs salariés en CDI présents depuis plus d'un mois dans l'entreprise ; ou pour pérenniser un ou plusieurs CDI d'entreprises ayant subi des aléas climatiques. Sur la base d'un plan de formation interne réalisé avec un prestataire référencé, Ocapiat reverse 1 850 euros par salarié à l'entreprise.

Contact : Julie Combier, animatrice de la FDSEA 83, 06 82 54 93 02,

fdsea.contact@gmail.com